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Greenwashing ou solution miracle ? Ce que cache vraiment l’engagement écologique d’Apple

Apple verdit ses chiffres pendant que ses usines tournent à plein régime. Classique.

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© Pexels / David Riaño Cortés

L’annonce a été faite en grande pompe : d’ici 2030, Apple entend éliminer l’empreinte carbone de l’ensemble de ses activités, produits inclus. Le groupe, déjà neutre en émissions à l’échelle de ses bureaux et centres de données, veut étendre cette neutralité à chaque étape de sa chaîne de production. Vous le voyez venir le paradoxe ? Produire plus chaque année, tout en prétendant polluer moins. La gymnastique écolo-intellectuelle préférée des géants de la tech.

Des arbres, une promesse, peu de garanties

Pour compenser les émissions qu’elle ne parvient pas à réduire, Apple finance des projets dits de « captation » du CO₂. En tête de liste : des plantations industrielles d’eucalyptus au Brésil. Le projet serait donc de planter à tout-va des arbres à croissance rapide pour absorber le dioxyde de carbone. Pourquoi pas, mais creusons un peu la question.

Ces forêts artificielles, installées sur des zones anciennement déboisées, servent avant tout à produire une équivalence carbone chiffrable, présentée comme une alternative aux crédits traditionnels, dont l’efficacité est de plus en plus contestée.

Le discours est bien rodé, comme nous en avons l’habitude : ces arbres stockeraient rapidement le CO₂, et permettraient à Apple de présenter un bilan carbone allégé, sans modifier en profondeur ses activités. Une vitrine environnementale bien proprette qui lui évite de s’attaquer à la racine du problème : la fabrication massive d’appareils électroniques.

Apple externalise donc la gestion du problème à des monocultures situées à des milliers de kilomètres : un transfert de responsabilités maquillé en engagement écologique. Qui, de plus, ne repose sur aucune garantie quant à la durabilité ou à l’efficacité réelle du stockage carbone.

Parlons un peu de l’eucalyptus. Espèce végétale importée d’Australie, il modifie l’équilibre des sols et consomme des quantités énormes d’eau. Recourir à une seule variété d’arbre, planté à grande échelle, c’est courir droit à la catastrophe : réduction de la biodiversité, vulnérabilité aux maladies végétales, destruction du paysage… Malgré tout, il reste l’arbre préféré des multinationales en quête de rédemption climatique express.

Giselda Durigan, écologue à l’Environmental Research Institute of the State of Sao Paulo connaît le problème mieux qu’Apple. « Ils utilisent l’argument carbone pour présenter leur business sous un jour favorable et se réjouissent d’être perçus comme des acteurs responsables, comme ceux qui font les choses bien ».

Une écologie d’apparence

Apple continue de faire évoluer ses pratiques internes. Les matériaux recyclés se généralisent dans certains composants, l’énergie renouvelable alimente ses infrastructures, et les emballages sont allégés. Des efforts aussi efficaces qu’un pansement sur une jambe de bois.

Ces ajustements de surface pèsent peu, très peu ace à un modèle qui repose sur le renouvellement rapide des produits, parfois annuellement, et sur une course à la puissance, aujourd’hui relancée par l’intelligence artificielle. Sur ce dernier point, même Apple s’inquiète d’avoir été peut-être trop optimiste pour son Plan Apple 2030.

Ne nous leurrons pas, ce verdissement n’est que superficiel et s’apparente à une opération cosmétique, pensée pour rassurer le consommateur plutôt que pour limiter l’impact environnemental réel. Apple ne souhaite pas changer de trajectoire ou de modèle industriel : elle soigne son apparence, et tant que ce simulacre suffit à entretenir sa réputation, le reste importe peu.

  • Apple promet de devenir neutre en carbone, mais continue de produire à grande échelle sans remettre en cause son modèle économique.
  • Pour compenser ses émissions, elle finance des plantations d’eucalyptus au Brésil, une solution contestée sur le plan écologique et peu transparente.
  • Derrière les discours environnementaux bien rodés, l’entreprise semble privilégier l’image au changement structurel.
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