DADVSI/Apple : scénarios d’une sortie de crise
Maintenant que la loi est passée, qu’elle est partie se faire dorer la pilule au Sénat avant de revenir au Conseil Constitutionnel, que va t-il se passer ? Et que va faire Apple, dont le Music Store domine le marché ?
Maintenant que la loi est passée, qu’elle est partie se faire dorer la pilule au Sénat avant de revenir au Conseil Constitutionnel, que va t-il se passer ? Le point qui achoppe le plus, dans cette loi inapplicable et bête, reste cette histoire d’interopérabilité, qui oblige les boutiquiers de musique en ligne à ouvrir leurs DRM afin de rendre compatibles les fichiers audio avec tous les baladeurs MP3. Ainsi, l’on pourra acheter un titre sur FnacMusic, et le lire sur son iPod, chose impossible auparavant (à moins de bidouiller le fichier). Cet amendement vise particulièrement Apple, son Music Store dominant le marché. On connaît depuis sa réaction (lire l’actu), il n’est pour l’instant pas question de déménager le Music Store français (ouf). Quelles sont les possibilités de sortie de la crise ?
– La France est le phare du monde, et les pays du monde entier reprennent sa législation. Solution vendue par Donnedieu de Vabres, qui semble croire que notre pays a le pouvoir d’imposer ses vues au moins en Europe. Auquel cas, l’UE obligerait Apple (et les autres) à ouvrir leurs DRM, dans le meilleur des mondes capitalistes. Hypothèse sans doute séduisante, mais il ne faut pas rêver : la France, dans ce domaine, a autant de pouvoir qu’un nain rachitique. Et après la bataille que le gouvernement a menée pour imposer DADVSI en France, il y a peu de chances pour qu’il la mène en Europe.
– Apple reste en France, et continue d’y vendre de la musique mais dans un format FairPlay spécifique. C’est, sans doute, la solution la moins risquée pour Cupertino, qui pourrait adapter ses DRM à notre pays. L’obligation de les ouvrir à la concurrence n’en rendrait pas caduque pour autant son modèle économique : seuls les baladeurs de toutes marques vendus en France serait compatibles avec le Music Store. Ainsi, un baladeur Creative ne pourrait lire des fichiers issus d’iTunes qu’en France. Après tout, la France n’est qu’un petit marché à l’échelle de la musique en ligne.
– Sur un coup de tête, Steve Jobs décide finalement de se retirer du marché français. On sait le bonhomme capable de coups de menton intransigeants. Auquel cas, la porte est ouverte à d’autres boutiques de musique, qui y verrait là un marché soudain disponible (mais elles seraient elles aussi obligées d’ouvrir leurs DRM). C’est sans doute cette solution qui doit traîner dans la tête de Steve, lassé par les lois, restrictions et autres taxes qui handicapent ses parts de marché. Ce serait également un camouflet pour le gouvernement, dont la loi DADVSI devait faire émerger des offres légales… Mais on n’est plus à ça près. Seul souci, de taille, les Mac users seraient totalement privés de musique en ligne, puisque seul le Music Store est compatible avec les machines à la pomme.
Bref, on le voit, dans l’état actuel des choses, la loi DADVSI n’est qu’emmerdes et billevesées, aussi bien du côté des internautes, qu’elle criminalise, que du côté des industriels, qui doivent se demander ce qui est passé par la tête du gouvernement pour plomber ainsi un marché émergent.