Shure E5C : le (gros) test
E5C, de Shure
– Fiche technique ici
– Prix moyen : 550€
Test de Michel Bellais
Je ne suis pas spécialement audiophile, mais je voulais avoir de vrais bons écouteurs, pour chez moi, le boulot et les trajets. Voici quelques impressions et reflexions sur les écouteurs intra-auriculaires E5C de chez Shure.
On bataille un peu la première fois pour enfiler ces fichus manchons, le câble orienté vers le haut et derrière la tête n’aidant pas.
Attente de 30 secondes, histoire d’être sur d’être bien bouché, réduire le volume à zéro avant d’enfoncer la fiche, je flippe un peu pour les tympans.
Et démarrage en finesse avec Flamenco Sketches de Kind of Blue (Miles Davis et ses potes), un morceau très doux, très calme, presque une berceuse.
Et là, quelque chose se passe, un truc qui s’impose de lui-même. Sortie du silence, on “voit” littéralement la contre-basse, rien qu’à l’entendre. Juste deux notes et on la sent faite de bois, grosse, volumineuse avec sa caisse de résonance. À peine le temps de réaliser qu’à cette écoute-ci quelque chose est différent, que le piano se place doucement à sa gauche, chaque note incroyablement présente, cristalline. Finalement, la trompette apparaît d’un coup, à vif, vibrante, presque douloureuse.
C’est saisissant. Cela laisse incrédule. Je vais peut-être me faire traiter de pauvre gars sorti de sa campagne, mais l’impression de présence, de réalité est exceptionnelle, on peut se laisser flotter d’un instrument à l’autre si on veut, il n’y a aucun flou. Peut-être que cela vient du silence qui immerge, des détails, de la précision de chaque son. Comme si le cerveau acceptait enfin de dire: “Ce coup-ci je te le fais passer pour vrai…”.
C’est une expérience inoubliable. Je comprends un peu mieux ce que les passionnés de hi-fi recherchent. J’ai passé la nuit à ré-écouter mes morceaux préférés.
Avec le recul, je me suis rendu compte que j’avais fait la bonne pioche en choisissant de la musique acoustique. C’est le domaine ou ces écouteurs excellent. De même pour tous les chants : les voix ressortent bien plus détaillée.
Après quelques heures d’écoute tranquille, je suis passé à quelque chose de plus musclé pour voir comment les Shure allaient s’en sortir: Rage Against The machines, Bomfunk MC, Ramstein, Beastie Boys, The Warp Brothers. Avec les basses augmentées à l’égaliseur. J’avais aussi sous la main des Koss The plugs et une paire de Sony EX71 pour voir.
Les Shures ont la réputation d’avoir des basses correctes mais sans plus. Pour les e5c, un circuit et un haut-parleur dédiés aux graves a été developpées. Il y a pas de pétard, les basses fournies par les e5c sont excellentes, elles tiennent la comparaison avec les Koss sans problèmes. À l’écoute de “Putting shame in your game” (Beastie Boys, Hello Nasty), on croit que le papier peint va se décoller. À condition de booster les graves, car les Shure sont neutres, et surtout, surtout, d’insérer correctement les écouteurs. Je m’en suis rendu compte en appuyant verticalement sur mes oreilles. Les basses, qui étaient déjà bien présentes se sont d’un coup développées et ont pris une toute autre dimension.
Je pense sincèrement que ceux qui écrivent que les e5c manquent de basses avaient les écouteurs mal plaçés (c’est pas facile de s’en rendre compte, on est quand même bien isolé avec les écouteurs mal placés et la musique rend bien) ou alors il est temps pour eux d’aller voir un otorhino.
Les Koss descendent néamoins un peu poil plus bas, dans les basses styles logo THX à se déchausser les dents. Le son des basses est aussi différent, les Shure ayant des graves plus agressives, plus dures qui enveloppent moins que celles des Koss. Un exemple typique est le boom-boom d’entrée de “Take the power back” de Rage Against The Machine. En mode u-bass sur un iRiver H340, ll est plus violent, plus sec sur les Shure. Maintenant, savoir lequel est le mieux, c’est plus une affaire de goût. Cette impression est aussi due aux autres fréquences qui ne sont pas affectées par les basses, surtout les mediums. Leur dynamique est conservée et on retrouve la clarté des voix, des sons “technos” aiguës.
Il y a quand même des problèmes avec ces écouteurs…
Ils sont vraiment exclusifs. J’ai un Muvo TX et le son est complètement bridé par le lecteur, ce qui fait que les Shure sont sous-exploités. C’est assez rageant, surtout quand on pense au prix, mais pas si grave : le Muvo est fait pour se balader en ville et avoir sur les oreilles des écouteurs qui isolent presque parfaitement me semble un peu dangereux.
Le câble des Shure a un circuit imprimé qui parfois se coince dans les vêtements, ce qui tire sur la tête, les écouteurs tenant particulierement bien aux oreilles. Par contre il ne fait pas de bruit avec les vêtements comme les Sony (ce qui est leur plus gros problème à mon avis).
Les écouteurs sont aussi plus compliqués a mettre, quoiqu’on prenne vite le coup, et nécessitent plus d’attention pour des questions d’hygiène. Une bonne nouvelle est qu’on peut prendre n’importe quel bouchon d’oreille en mousse, le couper et le percer avec un poincon pour se faire un manchon, le tube des oreillettes étant en plastique dur, il est facile d’y enfiler un manchon (pas comme les Koss).
Les bouchons en silicone à triple ailettes sont biens aussi et confortables une fois raccourcis mais nécessitent d’être lavés et rentrent plus profond dans les oreilles et ramassent plus de cerumen. Ils garantissent aussi que l’écouteur est bien place.
Le gros problème est la sensibilité au souffle. J’ai un iRiver H340 et il y a un souffle très présent quand on y connecte les Shure. Ce souffle s’entend d’autant mieux qu’on est isolé des sons parasites extérieurs. Sans chipoter, le souffle vient gêner tous les petits détails que l’on peut entendre avec ses écouteurs et la qualité d’écoute en est diminuée. Avec les écouteurs Sennheiser livrées avec l’iRiver, ce souffle est quaisment inaudible, on le perçoit avec les Sony. Pourtant l’iRiver est souvent loué pour sa qualité sonore.
De même au travail, la sortie son sur les hauts-parleurs du PC provoque un souffle apréciable. Je vais voir si je peux les connecter directement sur la carte son.
Après avoir fait une recherche sur le net, j’ai trouvé des élements de réponses pour le problème du souffle.
Les casques audio ont comme caractéristiques, entre-autres:
– leur efficiacité, c’est à dire le volume sonore qu’ils peuvent produire pour une puissance électrique donnée.
– leur impédance.
Les casques à faible impédance demande du courant et peu de tension, tandis que ceux à haute impédance demandent plus de tension et peu de courant.
L’impédance d’un casque peut dépendre aussi de la fréquence des sons produits. C’est pour cela qu’elle est souvent donnée a 1kHz.
La majorité des casques légers pour baladeurs ont une faible impédance (10 Ohm) et une bonne efficacité (faut économiser la batterie), tandis que les gros casques hi-fi sont géneralement a 100 Ohm et une efficacité bien plus basse.
Les amplis inclus dans les baladeurs MP3 sont prévus pour des casques légers et délivrent peu de courant. Les connecter à un casque hi-fi les fant travailler dans des plages ou ils ne sont pas prévus et cela provoque des distorsions et du souffle.
Les personnes qui ont des casques hi-fi utilisent un amplificateur spécial pour casques (l’ampli n’est pas énorme, ce n’est pas un ampli pour enceintes, il y a des tout petits amplis à pile pour baladeurs), placé entre la sortie du baladeur et le casque.
Certains baladeurs, comme l’iRiver H340, ont même une sortie line out non amplifize, prévue pour alimenter un ampli (pour casque ou chaine hi-fi).
Maintenant les Shures e5c ont une impédance de 100 ohms (comme un casque hi-fi), qui varie en fonction de la fréquence et peut chuter a 30 ohms, avec une grande efficacité et une grande sensibilité dans les aiguës, ce qu’il fait qu’ils captent et reproduisent très, très bien le souffle quand on les connectent à un baladeur, d’aussi bonne qualité soit-il.
J’ai fait le test chez moi : aucun souffle quand les écouteurs sont sur la sortie casque de la télécommande de mes enceintes Creative Megaworks. À l’évidence, la sortie est prévue pour des casques hi-fi. Quand je connecte la sortie line-out du H340 sur l’entrée des Megaworks, et que les Shure sont sur la sortie casques de la télécommande de Megaworks, absolument aucun souffle n’est perceptible et la qualité du son est excellente. Donc l’iRiver n’est pas en cause. Et les Shure apparaissent donc comme des écouteurs hi-fi et non pas écouteurs de baladeurs, malgré leur taille.
Les Shures e2c ont une impédance beaucoup plus faible que les e5c et il ne devrait pas il y a voir de problème.
Certains forumeurs audiophiles recommandent pour les utilisateurs nomades les Ultimate Ears-10 pros (1000$ pour le nirvana musical) ou des shure e3c ou des etymotic er-4 pros qui ont tous une impédance faible.
Au final, le son de ces écouteurs est fantastique et une nouvelle expérience pour moi, mais je me demande s’ils sont vraiment une bonne idée (en fait c’est complètement déraisonnable) pour un usage nomade malgré leurs petites tailles, surtout si les meilleurs lecteurs MP3 ne sont pas au niveau point de vue sortie sons (j’ai pas tout testé non plus). Les Sony me semblent un bon compromis. Si on réserve l’usage au travail et à la maison, peut-être vaut-il mieux prendre des gros casques d’écoute. Il parait que les Shure rivalisent avec les meilleurs modèles au niveau des médiums et aiguës mais qu’ils sont moins bons pour les graves. Les bons casques hi-fi sont loins d’être donnés aussi.
L’un des gros plus des Shure : pouvoir écouter de la musique dans des conditions optimales vautré dans son lit, la tête dans l’oreiller, les écouteurs étant très ergonomiques et ne dépassant pas des oreilles.
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