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Prospective

Que nous réserve 2008…

Il y a quelque chose dans l’air“…

Il sera certes question d’Airport, mais également d’un je-ne-sais-quoi de printanier en ce début d’année à San Francisco. Petite revue de pronostics.

Boro

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Le début de l’année est une période propice aux pronostics de toutes natures, a fortiori sur le secteur technologique et plus encore lorsqu’il s’agit d’Apple : l’aura d’innovation technologique de la marque et le traditionnel rendez-vous de janvier au Moscone Center West favorisent une fois l’an les prurits divinatoires. Pour autant, point ne suffit de recopier sa lettre au Père Noël en l’adressant cette fois à Steve Jobs, ou même de jeter en l’air une poignée de rumeurs glanées ici ou là l’année précédente sur le Web ou l’office américain des brevets, en attendant de voir ce qui reste collé au plafond : encore faut-il examiner la façon dont cela fait sens sur le marché, et à un moment donné dans la stratégie du californien.

Or le commencement et la fin de 2007 ont vu deux événements dans le paysage de Cupertino : la diversification d’Apple en tant que constructeur grand-public (voir l’édito du 11 janvier 2007), avec le positionnement de Mac OS X en tant que véritable plate-forme multi-supports (voir la chronique du 7 février), concrétisé par le lancement de Leopard le 25 octobre d’une part, et d’autre part l’établissement d’une évolution dans le paradigme de l’interface utilisateur – souris – Interface Graphique – qui prévalait depuis 25 ans dans l’informatique. C’est d’ailleurs Apple qui est à l’origine de sa popularisation avec Lisa et surtout Macintosh : en présentant l’iPhone en janvier, suivi de sa commercialisation fin juin, puis l’iPod touch le 5 septembre Apple a donné naissance à un véritable nouveau taxon dans l’évolution de l’électronique, par croisement entre l’informatique et l’électronique grand-public.

Mais par contamination, celui-ci va également infléchir l’évolution de l’informatique elle-même et la forme des ordinateurs que nous connaissons, au moins pour les 10 prochaines années, et probablement à partir de cette année 2008. Allons-nous en voir les conséquences dans les mois qui viennent, et dès la Keynote de mardi ? Très certainement. Comment ? Il faut d’abord pour cela s’intéresser à la dernière,évolution de Mac OS X qui, pour prendre une autre image empruntée aux sciences de la vie, est en quelque sorte le porte-greffe pour les différentes variétés mises au point dans les pépinières de Cupertino.—–

Leopard, la plate-forme ou le porte-greffe

Officiellement Leopard est donc sorti le 25 octobre dans le monde entier, après avoir été repoussé et présenté Urbi — à San Francisco — et Orbi — tant il est vrai que le monde entier est désormais plus ou moins suspendu aux apparitions de Steve Jobs sur le bord du plateau du Moscone — dans sa version définitive le 11 juin. C’est pourtant de Leopards au pluriel dont il serait plus correct de parler, tant il est vrai que les différents appareils tour à tour mis sur le marché par La Pomme ont abrité des brouillons successif du félin chaleureusement couvé au 1, Infinite Loop, Cupertino, ce qui n’a pas été sans conséquences sur son développement définitif.

• Leopard Client

Initialement annoncée pour la WorldWide Developer Conference, la sortie de Leopard aura donc été repoussée dès avril au mois d’octobre, du fait de l’adaptation de l’OS aux contraintes et au processeur de l’iPhone. C’est la partie la plus visible de l’iceberg, avec parmi 300 nouveautés plus ou moins conséquentes un nouveau bureau, (en principe) débarrassé des téléchargements grâce aux piles qui les regroupent désormais et donnent plus généralement accès aux contenus des dossiers placés dans le dock ; un nouveau Finder et une nouvelle façon de visualiser les fichier, sans avoir à ouvrir l’application concernée ; la faculté d’effectuer des sauvegardes et surtout des restaurations en un jeu d’enfant ; la possibilité d’avoir accès partout à ses contenus sur son réseau où que ceux-ci soient stockés, ou bien de piloter son Mac à distance ou même celui de son correspondant iChat, grâce à l’incorporation d’Apple Remote Desktop. On imagine d’ici les applications en eLearning, ou bien l’usage potentiel pour la maintenance à distance de type AppleCare, comme Dell en fait déjà usage.

Pour autant, Leopard client est à l’évidence tout sauf optimisé après une première mise-à-jour, par exemple la gestion du réseau Airport peut se montrer totalement erratique, et Apple va devoir sérieusement se pencher sur le problème si elle veut s’appuyer de façon crédible sur les réseaux sans-fil. Il est ainsi toujours positivement impossible d’utiliser Time Machine ou un disque réseau à partir d’une borne Airport.

• Leopard server

La version serveur d’OS X a, comme à l’ordinaire, été pas mal éclipsée par la version client. Celle-ci n’en présente pourtant pas moins d’intérêt que sa petite sœur en portion individuelle : outre la simplicité d’administration d’un serveur sans égale qu’elle donne à des très petits groupes sans expérience particulière, avec notamment ses serveurs Mail et iCal, elle permet de déployer des solutions beaucoup plus spécifiques à Apple comme Spotlight Server, ou d’autres potentiellement taillées pour le marché de l’éducation comme Podcast Producer – développé par l’un des “sous-marins” d’Apple sur le territoire français et testé l’an passé en toute discrétion sur l’Université de Nice Sophia Antipolis – ou le Wiki Server.

• Leopard pour iPhone et iPod touch

La presse magazine s’en est fait l’écho avec gourmandise durant l’été : le jeu du chat et de la souris entre Apple et la communauté des développeurs a été serré. Il s’agissait de déterminer si oui ou non ces derniers parviendraient à briser l’exclusivité de l’iPhone avec l’opérateur choisi par Apple d’une part, et à y installer de véritables programmes de leur cru d’autre part, en lieu et place des applications web, en attendant la mise à disposition d’un véritable kit de développement pour l’iPhone.

• Leopard pour l’Apple TV ?

Exceptionnellement dévoilée pour la bonne bouche en septembre 2006 à l’état de prototype sous le nom de code d’iTV, l’Apple TV a été présentée en même temps que l’iPhone lors de la Keynote du 9 janvier 2007. Effectivement livrée à partir du 21 mars, l’Apple TV a reçu en avant-première un quelques éléments en préparation pour Leopard même si elle fonctionne toujours semble-t-il sous Tiger : au minimum certaines icônes et la version 2.0 de Front Row, mais la faculté de l’Apple TV de fonctionner avec à peu-près n’importe quel type de téléviseur pourvu qu’il soit doté d’un connecteur had hoc n’est pas sans rappeler l’affichage indépendant de la résolution annoncée officiellement avec Leopard…

• Safari 3.0

Même si c’est en réalité iTunes, et plus encore QuickTime, qui est le véritable point commun entre ces pièces encore éparses sur l’échiquier de Cupertino, on ne saurait terminer ce bref panorama sans mentionner également Safari comme un élément transversal dans la stratégie de plate-forme du californien, poutre d’autant plus maîtresse de celle-ci qu’elle se prolonge désormais jusque dans le monde PC avec sa propre version pour Windows.

Connecting the dots…

Tout ceci posé, il ne reste plus qu’à “relier les points” selon l’expression de Steve Jobs qui a désormais fait florès, et le lecteur avisé de MacPlus aura de lui-même fait plus de la moitié du chemin. Qu’il nous soit néanmoins permis de poursuivre ici la réflexion.

On l’a vu, les différentes versions de Leopard – que celles-ci soient destinées à l’ordinateur tel qu’on le connaît ou à la nouvelle génération de devices ultra-ambulatoires que préfigurent l’iPhone et l’iPod touch – sont loin d’être finalisées. La course au “désimlockage” et au “jailbreaking” de l’iPhone n’a pu avoir lieu que parce que la version d’OS X destinée à l’iPhone et à l’iPod touch ressemblait par bien des côtés à une ébauche lors de la sortie du terminal (voir l’édito du 5 septembre), et n’a été à peu près stabilisée qu’à partir de la version 1.1.2. Il est d’ailleurs difficile de parler de plate-forme logicielle pour ces derniers en l’absence d’un véritable support de développement : ce sera en principe chose faite en février avec la mise à disposition d’un SDK. Coïncidence ? c’est au tout début février que la version 2.2 stabilisée de Low Level Virtual Machine sera publiée, LLVM qui supporte aussi bien les processeurs RISC, qu’ARM ou x86 et qu’Apple a très largement pris à son compte (voir la chronique du 8 juin 2007) et a d’ores et déjà intégré dans l’affichage d’Open GL par Leopard.

Si l’on considère la quasi certitude d’un service de video à la demande, la tendance de plus en plus lourde que représente désormais le jeu et la montée en puissance des puces ultra-mobiles proposées par Intel pour une consommation désormais dérisoire, on commence à avoir une idée assez précise de ce qu’Apple peut proposer dans les 12 prochains mois, en commençant dès mardi, en s’appuyant sur l’ossature invisible du réseau Airport désormais étayé sur la norme 802.11n comme en son temps sur le port FireWire.—–

Alors, quelles prévisions ?

Tout d’abord, ce que la rumeur tient pour certain :

• L’Ultra Mobile PC :

C’est la tarte à la crème de l’année 2006, et disons-le tout de suite, s’il devait être présenté mardi ce serait le moins intéressant de ce qu’Apple pourrait proposer cette année, au regard de ce que la société a initié l’année dernière en matière d’interface utilisateur… Si celui-ci devait se borner à intégrer un disque dur SSD dans la carcasse d’un Powerbook 12” réduit à un demi-centimètre d’épaisseur, le “MacBook thin” n’aurait au total d’intérêt pour Apple que de se positionner sur un marché de niche qui représentait à peine 300 000 unités l’an passé, en banalisant l’offre de ses concurrents et en y ponctionnant un peu de valeur. Si les photos qui ont “fuité” ces dernières semaines se révèlent exactes, le trackpad très élargi pourrait être ici aussi l’occasion pour La Pomme de valider un certain nombre de solutions, comme en son temps le Mac mini. A moins qu’il ne vienne se nicher dans un nouveau modèle d’iMac ?

Dans le cas contraire, pour ce qui est des utilisateurs, outre les fashionistas de la marque toujours prêtes à se jeter sur toutes ses nouveautés avant de les vouer aux gémonies au bout de 6 mois, il ne présenterait d’intérêt au final que pour les véritables travailleurs nomades et les étudiants du supérieur pour qui 8 à 10 heures d’autonomie complète représentent une véritable valeur ajoutée. Quoi qu’il en soit, le concept – s’il n’apportait pas davantage d’innovation – n’en représenterait pas moins une solution d’attente en même temps qu’un “cul-de-sac” de l’évolution.

• La montée en puissance de l’iPhone

La frange la plus déraisonnable des aficionados de Cupertino a eu beau lui imputer des défauts pour un tiers dus à la jeunesse du concept et largement accessibles à une mise-à-jour du logiciel interne [[que reste-t-il des critiques dont on a abreuvé en leur temps les Mac 128 ou 512 ?]] et pour un autre tiers imputables à l’opérateur téléphonique , il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre de limitations comme l’absence de copier/coller ou la possibilité de lire le format swf sont difficilement justifiables, 6 mois après son lancement. S’agira-t-il d’une version 1.1.3 ou d’un saut plus quantitatif numéroté 1.2? Il est peu probable en tous cas qu’un nouveau modèle intégrant la 3G fasse son apparition si tôt avant le lancement sur le marché asiatique.

• La location vidéo sur iTunes Store

Intégrée dans QuickTime depuis le lancement de Tiger, son lancement mardi a pratiquement été avalisé par BusinessWeek qui a annoncé l’imminence d’un accord entre le constructeur et la quasi-totalité des Majors. Reste à savoir combien de temps les européens vont une nouvelle fois rester à l’écart du service.

• L’évolution de l’Apple TV

Le lancement d’un véritable service de location de films, avec un catalogue digne de ce nom, pose immanquablement la question du device qui va permettre à l’utilisateur d’en tirer parti dans des conditions de confort optimales. L’Apple TV va-t-elle évoluer a minima en augmentant sa capacité de disque, en recevant un lecteur optique ou lire ceux des ordinateurs distants pour rassurer les Majors sur la rente du DVD ? Va-t-elle au final disparaître derrière un nouvel iMac ou même un téléviseur signé Apple (voir la chronique du 20 mars 2007), et prendre sa part dans la bataille du salon ? Qu’en sera-t-il de la question récurrente du jeu ?

• L’iPod XL, puis la Tablette Mac

Donnée pour retardée par Apple Insider, celle-ci n’en représente pas moins une candidate des plus sérieuses pour la consultation des contenus loués sur l’iTunes Store. Portée par la tendance naissante des Mobile Internet Devices, elle est rendue possible par la famille de puces à faible consommation baptisée Menlow, promise par Intel pour le 1er semestre 2008 et qui comprend un processeur et un chipset graphique à 45 microns. Apple peut-elle se lancer d’ores et déjà avec un processeur ARM ? Le device est en effet dans la continuité de l’interface de gestes naturels, et le marché est sensiblement plus vaste que celui de l’UMPC. Le monde de l’éducation, pour lequel Steve Jobs a implicitement tracé les contours du concept associé au Wiki Server (voir la chronique du 19 février 2007), n’a pas moins que les autres été alléché par les perspectives offertes par l’iPhone. Un certain nombre de brevets déposés par Apple autorisent sa mise en charge et sa connexion à un lecteur DVD par simple contact avec son support, sans qu’il soit nécessaire de l’enficher sur un dock. De quoi surfer encore plus confortablement sans-fil, mais également regarder un film loué sur iTunes Store ou lire un bon bouquin au format numérique… ou réinventer pour le format numérique l’ardoise des salles de classe du siècle dernier.

L’iMac du 4e type

Il a beaucoup fait parler de lui après la publication d’une demande de brevet au début du mois. On l’a dit parfois dans les forums, il est le support rêvé pour accueillir une tablette, mais également l’adaptation au clavier si chère à Itoo du concept de geste naturel et d’écran tactile, sur lequel Fingerworks avait déjà travaillé. Les paris sont ouverts pour savoir si le retour de sensation à la frappe de fera par piezzo-électricité ou grâce à des picots…

C’est fin, c’est très fin, ça se mange sans faim…

On le voit, tous ces éléments s’appuient très largement à la permanence des réseaux – la pervasivité – à l’intérieur et à l’extérieur de la maison.… ou de la classe, Chacun des éléments évoqués plus haut représente en en réalité une pièce du puzzle, l’un des briques d’un ensemble préparé depuis le tournant des années 2000, pensé autour de l’usage et de l’utilisateur, et non plus seulement en termes de device. C’est à ce prix qu’Apple est en passe de mener à bien une nouvelle révolution de l’interface utilisateur… en faisant littéralement s’effacer les appareil tout en réveillant l’intérêt des utilisateurs.

Quel avenir pour Mac OS X ?

Condition nécessaire à la survie du Mac, puis à la renaissance qui est désormais manifeste pour la plupart des observateurs, Mac OS X a fait à de nombreuses reprises la preuve de ses facultés d’adaptation.

Quand Apple va-t-elle abattre l’atout qui lui reste dans la manche? Peut-être pas en 2008, mais la Pomme va forcément pousser son avantage en intégrant dans OS X les API de Windows. De quoi restreindre encore l’intérêt de faire l’achat d’un PC d’un constructeur concurrent, tout en soulignant la supériorité de l’expérience utilisateur sur le Mac. Une fois les parts de marché redevenues réellement compétitives avec celles de ses compétiteurs à l’échelon global, rien n’empêchera plus La Pomme de leur proposer sous licence une version d’OS X pour PC. Encore 10 ans de plus pour voir vraiment l’enfer geler ? :langue