Plainte iBooks : Macmillan s’explique
Peu de temps après l’annonce officielle de la plainte du département de la justice américaine à l’encontre d’Apple et de deux éditeurs, les réactions des incriminés commencent à faire surface, offrant un autre point de vue sur cette affaire.
Avant de porter une plainte publique, le DoJ a en effet proposé un accord à l’amiable, qui a été refusé par Apple, Macmillan et Penguin, ce qui d’ailleurs explique la plainte qui s’en est suivie. Le gouvernement US n’a donc pas attaqué parce qu’il était persuadé de détenir les preuves des infractions (ce qui est peut-être le cas du reste), mais parce que, sur le fond, aucun accord n’a été possible avec certains acteurs de l’affaire.
Le refus de conciliation d’Apple et des deux éditeurs montre aussi qu’ils considèrent que la partie n’est pas gagnée pour le DoJ, étant donné qu’ils savaient ce qu’un tel geste impliquait.
Macmillan, l’un des protagonistes à avoir opposé un “non” formel au gouvernement américain, donne donc ses raisons suite au dépôt de plainte de l’Etat, par la voix de son directeur général, John Sargent. Celui-ci recense quelques points clefs justifiant la position de l’éditeur :
– L’accord proposé par le DoJ est considéré comme “trop onéreux“, c’est à dire qu’Amazon aurait de grandes chances de retrouver après l’accord une situation de complet monopole sur le livre numérique.
– Le modèle d’agence d’Apple a permis de réintroduire une concurrence sur le prix, en permettant de lutter contre la course aux tarifs trop faibles qui pèsent sur la marge des gros éditeurs, mais surtout empêchent les indépendants de vivre de leur plume.
– Le CEO de Macmillan réaffirme qu’il est venu de son plein chef au modèle d’agence d’Apple et qu’il n’y a pas eu d’accord tacite sur les prix entre les deux entreprises. Sa certitude que sa bonne foi sera reconnue justifie à ses yeux d’aller jusqu’à un procès, sans arrangement préalable.
John Sargent termine son explication par une citation, celle du président de la Guilde des auteurs, déclarant au sujet de cette affaire : “L’ironie de tout cela nous revient en force : notre gouvernement est sur le point de tuer toute réelle concurrence pour sauver les apparences de la concurrence“.
On attendra le point de vue détaillé du Département de la Justice, et les premiers éléments factuels alimentant la plainte, pour savoir si oui ou non cette position est une affirmation de façade ou bien au contraire le préambule à une défense solide de l’éditeur.