Droit de réponse

Proteron a enfin répondu à Cuk.ch, à la suite des articles sur leur indélicate façon de rapatrier des données confidentielles de l’ordinateur de ceux qui auraient eu le malheur de tenter d’enregistrer leur logiciel MaxMenus avec un numéro de série “trouvé”. À vous de voir si cette réponse vous paraît satisfaisante, vous en trouverez de larges extraits sur le site en question. La volonté de transparence que Proteron affiche est certes à son honneur, mais le principe “Palladiumesque” de la méthode à laquelle ils ont (eu ?) recours ne permet en rien de s’affranchir des questions qu’il pose à juste titre.

Pour avoir eu l’occasion de discuter avec des “petits” développeurs lors de l’Apple expo, je puis vous dire que pour eux, vos quelques Euros comptent pour leur survie, ou au moins leur permettre de continuer ce travail que nous apprécions en en utilisant les fruits. Je vais encore dire quelque chose qui ne va pas plaire à tout le monde, mais ils sont un peu dans la position des musiciens des rues, qui jouent de toute façon, mais dont la rémunération dépend du bon vouloir de ceux qui les écoutent. Si la “mode”, ou l’usage commun est de leur rendre quelques pièces, tout va bien, si c’est le contraire, ils risquent de disparaître. C’est évidemment très différent du cas de ceux qui ont des albums dans les bacs, que je laisse défendre leur propre cause, quitte à l’exiger des maisons de disques avec qui ils signent des contrats.

Bravo à ceux, et il y en a, n’en doutons pas, qui payent leurs partagiciels [[Le mot n’est pas très beau, mais l’idée qu’il implique, celle du partage, l’est, elle…]], et merci, car grâce à eux, certains osent encore se lancer dans le développement de petits programmes utiles qui ne tenteraient pas les gros éditeurs. En ce sens, ils soutiennent une alternative qui, si elle disparaissait, laisserait cette fois les requins faire les règles du jeu. C’est pourtant ce que ces derniers tentent de faire, et plus encore que jamais, profitant de complicités politiques et d’une situation sur laquelle je ne reviendrai pas. Il importe donc, si l’on est pas d’accord avec cette façon de faire, de s’efforcer de renforcer la viabilité de cette autre voie, qui assoit, pour peu que l’on y accorde l’importance qu’elle mérite, la crédibilité de nos critiques envers cette “pensée unique” qui définit un peu abruptement le camp des Bons et celui des Méchants, dont nous serons toujours si nous ne sommes pas d’accord. En montrant fermement notre attachement à ce type d’échange certes commercial, mais plus “éthique”, nous luttons bien plus efficacement que par les mots et les (même légitimes) colères. Et nous montrons qu’un monde meilleur est possible, au prix de quelques efforts, mais tellement nous sont déjà demandés, qui n’améliorent pas grand chose de nos conditions de vie.

Il serait vain, et probablement hypocrite, de demander à chacun de payer tous les éventuels sharewares installés sur ses disques durs, d’autant, et c’est une chose à ne pas négliger, que nous n’en sommes pas tous capables. Toutefois, en payer quelques-uns, ne serait-ce qu’un seul, apparaîtrait comme un acte profondément symbolique, non seulement en terme de reconnaissance des développeurs (eh oui, il n’y a pas que l’argent qui compte dans la vie, le respect de l’autre aussi est important), mais surtout, et nous prendrons la précaution de donner à cette initiative collective l’écho qu’elle mérite, un message sans équivoque à tous ces loups qui nous accusent de la rage pour noyer ce qui contrecarre leurs appétits. Parlez-nous comme à des personnes responsables et non comme à des pauvres inconscients méprisables, et nous nous conduirons en tant que telles [[Il n’est toutefois pas sûr que cela les arrange…]]. C’est le pari que je suis prêt à tenter auprès de vous, chers lecteurs qui, je le crois, méritez cette confiance. Et que sont quelques Dollars au regard de ce pied de nez, fût-il modeste, à ceux qui sont en train de tenter de faire virer notre monde numérique à l’univers carcéral. Un dernier mot, avant d’aller lire avec intérêt vos réactions : quel est votre sentiment face à la décision d’Apple de ne pas protéger de la copie son OS, mais de laisser la possibilité d’installer légalement jusqu’à cinq copies, pour moins cher que le prix de deux acquises isolément ?
– “Les réponses de Proteron”