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Technologies

Le deuxième effet « kiss cool »

On dit souvent que l’histoire est un éternel recommencement. Cet axiome ne sera pas démenti, une seconde fois, dans le domaine de la piraterie numérique. Mêmes causes, mêmes effets ?

MacGregor

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Après l’offensive des maisons de disques contre le téléchargement illégal ces deux dernières années (Pascal NEGRE si tu nous écoutes :), ayant débouché sur certaines actions judiciaires plus spectaculaires qu’efficaces, voici le second effet « kiss cool » touchant cette fois-ci le monde de la vidéo et du cinéma par ricochet immédiat. Nous avons une impression de « déjà-vu », et visiblement les ficelles sont identiques… la solution aussi ?

Piratage via Internet et offensive des Majors

Ce phénomène n’est pas nouveau bien évidemment. Car le procédé est identique, nous commençons d’ailleurs à voir poindre des similitudes entre la lutte contre la flibusterie dans le domaine de la vidéo qui se met en place et celle de sa grande sœur musicale qui commence toutefois à faiblir.
Depuis deux ans environ ce phénomène de téléchargement illégal de films (au format DivX majoritairement) est devenu massif lui aussi. Aujourd’hui les débits importants et le développement à grande échelle des connexions haut débit le permettent très aisément.

Selon le Centre National de la Cinématographie (CNC), 3 millions (au moins) d’internautes français auraient rapatrié illégalement des films via les réseaux P2P pour le courant de l’année 2004. Et tous les moyens sont bons pour diffuser l’oeuvre sur le réseau : caméscope dans une salle de projection, complicité interne pour récupérer un « master » sur la chaîne de production, copie de DVD promotionnel qui arrive dans les rédactions de la presse spécialisée, bref il y a toujours une fuite juste avant la sortie officielle ! Et cette fuite se retrouve en un rien de temps sur un lien BitTorrent. La suite, vous la connaissez…
C’est le protocole préféré des pirates expérimentés car il permet des échanges rapides : quelques heures (voir quelques minutes si la connexion suit) suffisent pour récupérer la galette vidéo sans avoir de surprises (films pornographiques, leurres, fichiers vides).

Alors c’est un fait, certains internautes pillent des œuvres audio, vidéo, picturales pour leur bon plaisir sous couvert d’une morale élitiste démocratique se basant sur l’échange des connaissances induit par le réseau Internet et ses possibilités. D’autres sont moins « prétentieux » et le font pour le fun ou par manque de moyens financiers. C’est une auberge espagnole mais en version numérique ! Vouloir éradiquer ces comportements relève d’une chimère, même si la lutte s’organise.

Les ventes baissent, c’est la faute au P2P !

Donc, comme je vous l’indiquais, les premières similitudes sont en train d’émerger avec la future offensive légaliste du monde de la vidéo (et des studios hollywoodiens principalement) qui se prépare. On commence tout d’abord à préparer, voir formater les esprits, en expliquant que les ventes de DVD vidéos viennent de chuter de façon inexpliquée l’année dernière. Récemment, le Syndicat de l’édition vidéo (SEV) et l’Association de lutte contre le piratage audiovisuel (ALPA) estiment, que cette baisse serait due justement aux pratiques de téléchargement illégal ! Le refrain est connu, il est en train de réapparaître dans le monde de l’image après avoir écumé le monde de la musique.
Cependant, certains membres de ces associations (SEV et ALPA principalement) ont l’honnêteté de dire aussi qu’aucune étude chiffrée et objective ne permet pour le moment d’imputer la baisse de ventes de DVD au seul phénomène de piratage via les réseaux P2P. Le même problème a touché les études concernant la baisse des ventes de CD audio… Mais le « méchant pirate » est tout de même pointé du doigt, et la machine va se mettre en place de toute façon.—–

De l’autre côté, les flibustiers arguent que les places de cinéma sont chères (environ 5,50 à 7,10 € pour une moyenne nationale des prix pratiqués en salles) en France. Ou bien que le téléchargement est un moyen de faire le tri avant d’acheter entre les bons et les mauvais films… Ce sont exactement les mêmes arguments qui étaient développés pour justifier la pratique de téléchargement illégal dans le domaine de la musique. Comme quoi, la pratique du réseau Internet et son développement massif est bel et bien par contre la cause de l’émergence d’une pratique bien ancrée (celle de ses débuts) : échanger des connaissances, des données entre personnes d’une même communauté (les scientifiques furent les pionniers) sans aucune notion pécuniaire ou de rentabilité.

Le « monde est une bibliothèque gratuite et accessible 24h/24 » est un concept qui a la vie dure et qui ne disparaîtra pas, lui non plus, car il est né avec le réseau. À moins de détruire ce dernier, on ne peut pas faire grand chose…

Au final, ce débat entre « majors et pirates » ne s’est atténué qu’avec l’arrivée de iTunes Music Store et ses différents clones (Sony connect, la FNAC, etc.) qui ont permis de faire passer ce « débat judiciaire » en arrière-plan. Même si des poursuites continuent en coulisse contre les internautes coupables. Même si M. NEGRE n’a pas encore délaissé son bâton de pèlerin sur les routes numériques pavées de fichiers MP3 illégaux.

Apple, LE sauveur ?

Apple pourrait une seconde fois proposer une solution « clé en main » concernant la vente de vidéos dématérialisées.
Un portail de vente à l’identique de celui que nous connaissons pour la musique pourrait poindre le bout de son nez et faire chuter les pratiques illégales, du moins les endiguer dans une certaine mesure, comme cela se voit pour la musique. Car une offre « bon marché », facile d’emploi, rapide et transparente favorisera certainement ce type de distribution et attirera en masse des clients qui ne parlent pas couramment le « langage BitTorrent ».
Quoi qu’il en soit, le phénomène du piratage ne sera jamais, jamais éradiqué comme le rêvent certains responsables de majors. Même les prochains radars numériques, qui pourraient être installés en septembre prochain (si accord de la CNIL), pour intercepter les pirates sur les réseaux P2P, ne seront qu’une goutte d’eau à résonance médiatique. La flibusterie numérique se poursuivra. Apple pourrait avoir une nouvelle fois le rôle du défricheur des marais pour construire un pont, entre cette industrie et le client final. Anticiper une nouvelle fois sur un procédé qui est adopté en masse au vu de son succès.

Mêmes causes, mêmes effets… ?