Careless Love
Il est des des rencontres magiques, hors du temps, où celui ou celle que vous croisez vous laisse dès le premier instant une foule d’émotions mêlées, et notamment à la fois une impression de divine surprise, en même temps que de familiarité absolue : le sentiment de l’avoir toujours connue. Importante au point qu’on éprouve pourtant aux débuts le besoin de n’en point parler. Et si cela arrive peut-être 2 ou 3 fois dans une existence, heureusement un peu plus souvent au détour d’une platine ou dans une salle obscure, ce n’est pourtant pas si fréquent.
Madeleine Peyroux fait partie de celles-là. Un vibrato léger, entre fausse nonchalance et sourire doux-amer, on a à l’écouter l’intuition d’une fêlure qui fait la marque des grandes interprètes, elle a cette façon de prendre davantage appui sur le temps qui n’est pas sans rappeler Billie Holliday, comme à la rampe des escaliers ceux que la vie n’a pas ménagés.
“Careless Love” son dernier album en date, est sorti en septembre 2004, et présenté sur le Music Store début janvier. Avec davantage de ‘swing’ et d’unité que ‘Dreamland’ le précédent, il n’est pas sans rappeler le meilleur de Nina Simone avec ‘Don’t Cry Baby’ et bien sûr ‘Careless Love’, ou Joséphine Baker, cette autre expatriée en France avec la reprise de ‘J’ai Deux Amours’. Elle est soutenue, portée, par des musiciens de grand talent, en particulier Larry Goldings au piano et à l’orgue hammond. Elle est une synthèse vivante plus qu’un héritage. Ne la manquez pas.