Samsung : des subventions vitales pour le fabricant
Alors qu’en Europe Apple est soupçonné de faire pratiquer des niveaux de subventions opérateurs au delà des limites d’une saine concurrence, c’est bien Samsung qui admet, tout au moins sur le marché américain, être très fortement dépendant du système des subventions, jusqu’à en faire reposer la survie même de sa branche mobile.
ABI Research a ainsi établit que le taux de subvention des mobiles Samsung aux US serait de 84% contre 74% pour Apple, ce qui laisse en effet songeur quand on sait que le prix moyen des smarpthones du coréen est bien moins élevé que celui de son principal compétiteur aux US (Apple), un compétiteur qui tient tout de même 40 % du marché américain avec ses tarifs pourtant “premium”.
Mais il y a pire pour Samsung, dont les ventes semblent en effet plus tirées par ces niveaux très élevés de subvention que par l’attractivité intrinsèque de ses produits. L’entreprise se bat en effet en ce moment même contre un projet de réforme du système des subventions en Corée du Sud, afin d’établir des règles de la concurrence plus équilibrées entre tous les acteurs du secteur. La Korea Communications Commission, chargée de récupérer auprès des fabricants toutes les informations pouvant permettre de faire avancer le projet de loi, s’est vue opposer une fin de non-recevoir par un Samsung visiblement gêné aux entournures par ce qui aurait pû être publié à son sujet.
Ce refus de coopérer avec des autorités administratives est une première en Corée, et pourrait signifier que Samsung pratique des niveaux de subvention très (trop) élevés, ce qui expliquerait là encore le succès de produits vendus seulement avec l’abonnement, une façon de favoriser les Galaxy et autres appareils de la marque sur une concurrence moins acharnée.
Le Directeur Financier de Samsung , un certain Lee Sang-hoon ne s’est d’ailleurs pas embarrassé d’arguments pour justifier ainsi la “discrétion” de son entreprise : “Samsung ne peut pas publier de données internes comme le montant des subventions accordées aux opérateurs, le prix en sortie d’usine de chaque appareil Samsung ou les chiffres de ventes. Même si une nouvelle loi prend effet, nous ne pouvons dévoiler ces données internes clefs. Samsung pense que le gouvernement nous protègera. Si de telles données capitales fuitaient, alors cela pourrait faire de sérieux dégâts sur l’ensemble de notre business“.
En une phrase hallucinante de franchise, Lee Sang-hoon confirme donc tous les souçons portant sur le numéro un mobile : ceux sur le niveau réel des ventes, ceux sur un niveau de subventions au delà des cadres légaux de la concurrence, et même la petite phrase laissant entendre une étrange collusion finale entre Samsung et le gouvernement sud-coréen afin de ne pas pénaliser in fine le fer de lance économique du pays.
Et l’observateur critique de se poser la seule question qui vaille après une telle sortie : que serait vraiment Samsung sans la subvention, et avec l’obligation de publier ses chiffres de ventes réels ?
La réponse serait sans doute proche de celle-ci : une entreprise encore très puissante, sûrement, mais sans doute beaucoup moins que celle que nombre d’analystes aiment dépeindre.
