Un fournisseur d’Apple accusé d’esclavage
Les critiques nombreuses et documentées sur les conditions de travail très difficiles que subissent la plupart des salariés des grands fournisseurs asiatiques ont poussé Apple et quelques autres entreprises soucieuses de leur image à poser des règles claires à ne pas franchir.
Si Apple a été ainsi la première entreprise de technologie à travailler avec un organisme de contrôle indépendant, la FLA, bien souvent, les cadences infernales suites au lancement de nouveaux produits conduisent certains fournisseurs à tenter de contourner des directives parfois très contraignantes.
Mais dans d’autres cas, les abus constatés sont tels qu’il est particulièrement malaisé d’en incriminer la responsabilité, même indirecte, au donneur d’ordre, et c’est sans doute ce qui vient de se produire au sujet de Flextronics, l’un des fournisseurs malaysien d’Apple qui est accusé d’avoir employé certains ouvriers pendant des mois sans leur verser le moindre centime. Cette forme d’esclavagisme moderne s’est doublée de la confiscation dans certains cas du passeport de salariés d’origine étrangères, une chantage qui serait plus commun que les quelques cas particuliers qui ont osé s’exprimer sur le sujet. Pire, les salariés déjà privés de payes n’auraient même pas reçu de nourriture pendant des semaines.
Ce n’est pourtant pas le niveau du salaire qui pouvait poser problèmes : un ouvrier de chez Flextronics peut ainsi espérer toucher 90 euros par mois au maximum, soit environ 4 à 6 fois moins qu’un salarié de Foxconn. Face à cette situation tragique, Apple aurait déjà réagit puisque Chris Gaither, un porte parole de l’entreprise, a indiqué que tout était mis en oeuvre pour que les payes soient versées sans tarder.
Il est bien sûr tentant de faire porter le chapeau de ces faits consternants à Apple, en utilisant l’argument bien rodé de la pression des coûts. Mais ce qui cloche, c’est bien ici qu’Apple avait signé un contrat avec Flextronics incluant bien sûr le niveau des salaires, ce qui fait que l’esclavagisme pratiqué ensuite par le fournisseur est largement de sa responsabilité, afin peut-on le penser d’augmenter une marge jugée trop faible. Ces révélations jettent néanmoins une lumière crue sur le manque de règles qui prévalent dans certains pays où les notions de code du travail, même à un stade embryonaire, ne semblent pas avoir fait leur chemin.