Facebook, un meta-virus pour Internet ?
Et si Facebook était en train de réussir la privatisation d’Internet ? Ceux que le temps passant on va bien finir par appeler «les Grands Anciens» d’ Internet s’en souviennent : il n’est pas si loin le temps où Microsoft avait tenté de réorienter en douceur les standards en vigueur sur le web autour de ses solutions propriétaires, tentative avortée grâce à la bronca menée par les défenseurs d’un réseau ouvert et interopérable, soit une bonne partie des professionnels de l’époque.
Facebook est-il en train de réussir là où Microsoft a échoué, en siphonnant vers ses pages de plus en plus de contenus et d’informations mis à disposition par les professionnels et les utilisateurs ? Le propos n’est pas nouveau, et il a même été transversalement présent lors de la Conférence Mondiale du Web qui s’est tenue à Lyon au printemps dernier. Le papier publié par Libé sous la «plume» de l’un des responsables techniques a le mérite de poser le questionnement en termes clairement intelligibles, hors du seul cénacle des professionnels et des utilisateurs experts.
Au passage, on relèvera qu’il n’est pas seulement question de Facebook, mais également de Google et d’Apple à travers l’adoption exponentielle des usages de «l’Internet des apps», consécutif au succès des smartphones et de l’iPad : en filigrane, la bataille menée par la presse pour conserver l’exclusivité du fichier de ses abonnés, c’est-à-dire, en définitive, le pouvoir d’envoyer (et de monétiser) les relances et les «offres de partenaires».
Rappelons – et Libération a eu un rôle pionnier dans le modus vivendi trouvé avec Apple – que l’accord désormais généralisé prévoit le partage de ces précieuses données comme des revenus de l’abonnement, en fonction de l’endroit où il aura été souscrit : à partir de l’application ou par les propres moyens de l’éditeur, y compris avec des offres multi-support (papier, site, application).