Jobs défend la position d’Apple
Le ton est monté entre Gawker Media (l’éditeur de Gizmodo) et Apple, enfin, surtout entre Ryan Tate, un des journalistes de Gawker, et Steve Jobs. Le premier, sans doute un rien alcoolisé, a eu une conversation houleuse par e-mail avec le patron d’Apple.
Tate prend bille en tête Steve Jobs à partie à propos de l’utilisation du terme «révolution», entendu dans la pub pour l’iPad : «La révolution a tout à voir avec la liberté» (sous-entendu : l’iPad n’a pas grand chose à voir avec la liberté, lire «C’est quoi l’iPad ?»).
Steve Jobs : «Ouaip, la liberté par-rapport aux logiciels qui volent vos données privées. La liberté des programmes qui pompent votre batterie. La liberté par-rapport au porno. Ouaip. La liberté. Les temps changent, et certains traditionnalistes du PC sentent que leur monde est en train de s’envoler. C’est le cas».
Le journaliste reprend la balle au bond à propos du porno («Et vous savez quoi ? Je ne veux pas être “libre du porno”. Le porno, c’est très bien»), et parle cette fois du cas de Wired, qui a dû abandonner son système de publication d’applications pour iPad pour un développement plus en phase avec l’article 3.3.1 (lire «Adobe revoit l’application Wired»).
Ce à quoi le patron d’Apple répond que «Wired développe une application Cocoa native. Et c’est ainsi pour presque tous les éditeurs. Et vous vous inquiéterez du porno quand vous aurez des enfants…»
La conversation rebondit ensuite sur les efforts supplémentaires qu’ont à fournir les éditeurs de presse pour leurs applications sur iPad. Steve Jobs : «Bien sûr qu’ils ne sont pas obligés de le faire. Ils n’ont pas besoin de publier sur iPad s’ils ne le veulent pas. Personne ne les force. Mais il semble qu’ils le veulent. Il y a pratiquement 200 000 applications dans l’AppStore, c’est donc que quelque chose doit être correcte. Les applications de magazines s’amélioreront au final si elles sont développées en natif. On a déjà vu ce film. Bon dieu, pourquoi êtes-vous si amer à propos d’un problème technique comme ça ? Il n’est pas question de liberté, il est question qu’Apple essaie de faire les choses bonnes pour ses utilisateurs. Les utilisateurs, les développeurs et les éditeurs peuvent faire comme ils le veulent – ils n’ont pas à acheter ou développer ou éditer sur iPad s’ils ne le veulent pas. J’ai l’impression que c’est votre problème, pas le leur».
Ryan Tate évoque ensuite la volonté de Microsoft qui a voulu un temps imposer aux développeurs de programmer sur l’API Win32 et les «chien-chiens» d’Apple qui ont défoncé la porte d’un de ses collègues (lire «Affaire iPhone 4 : la police saisit»).
Steve Jobs, un peu agacé, lui répond ainsi : «Vous êtes tellement mal informé. Personne n’a défoncé de portes. Vous croyez trop les rapports erronés de bloggueurs. Microsoft avait (a) tous les droits pour mettre en place les règles qu’il souhaite pour leur plate-forme. Si les gens n’aiment pas ça, ils peuvent développer pour une autre plate-forme, ce que certains ont fait. Ou ils peuvent acheter une autre plate-forme, ce que certains ont fait aussi. En ce qui nous concerne, nous faisons ce que nous pouvons pour essayer et préserver notre expérience utilisateur. Au fait, qu’avez-vous fait de si génial ? Avez-vous créé quelque chose, ou est-ce que vous ne faites que critiquer le travail des autres et dénigrer leurs motivations ?»
La conversation s’est arrêtée là. Le bloggueur donne crédit à Steve Jobs de défendre vigoureusement son opinion en public… et à 2 heures du matin.