Apple-Balda : pilule difficile à avaler
Balda le principal fournisseur mondial d’écrans tactiles capacitifs serait actuellement sous le feu d’un certain nombre de critiques, émanant principalement des cercles financiers : il faut dire que le sujet est porteur puisque c’est précisément ce type d’écran qu’utilisent l’iPhone et l’iPod touch… écrans qui feront cruellement défaut sur le marché pendant encore 6 mois, si ce n’est encore un petit moment !
Dans ces conditions, la réunion des actionnaires de l’allemand qui s’est tenue le 31 octobre dernier à Bad Oeynhausenn a été l’occasion de quelques surprises : Balda a en effet annoncé des bénéfices de 3 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 114 millions, contre une perte de 20 millions l’année précédente… même si le bilan aurait du en fin de compte être déficitaire de 30 millions de dollars, du fait de pertes exceptionnelles causées par des marchés interrompus que la direction s’est refusée à détailler.
Autre motif de fâcheries, le fait que Balda ait vendu ce trimestre pour 50 millions de dollars de “ droits de participation au bénéfices convertibles ” à des investisseurs institutionnels inconnus, en toute opacité…
Il n’est guère difficile d’identifier les fameuses pertes de 30 millions de dollars. Balda a en effet du faire face à un défaut de conception de ses écrans sur les premiers iPhone commercialisés, qui provoquait un dysfonctionnement en cas d’utilisation intensive. Apple a dû fort logiquement se retourner vers son fournisseur, sans toutefois lui mettre la tête sous l’eau puisque les approvisionnements en écrans tactiles sont particulièrement tendus… et que c’est même Balda qui permet à Cupertino de faire la course en tête sur un segment très “ touchy ” ; de plus, la société est fragile…
Dès lors, quelle est l’identité de ce mystérieux chevalier blanc qui a posé 50 millions de dollars sur la table sans apparaître au capital de la société, et qui lui a entre autres permis de publier ce trimestre un bilan présentable, malgré son accident de parcours ? Beaucoup de monde aurait intérêt à courtiser l’allemand – ou plutôt le sino-germanique puisque les écrans sont fabriqués en Chine par un joint-venture avec le singapourien TPK Holding,–, le finlandais Nokia au premier chef qui piaffe d’impatience en attendant de pouvoir lui aussi s’approvisionner correctement en écrans tactiles de dernière génératioon…
On se souviendra néanmoins qu’en 2005, Apple avait généreusement mis la main à la poche pour sécuriser ses approvisionnements en mémoire Nand, d’abord auprès de Samsung, puis auprès des 4 autres principaux fabricants de mémoire flash Nand – au moment où celle-ci était cruciale pour le succès de la première génération d’iPod nano – tout en leur permettant d’investir dans de nouvelles lignes de production (voir l’édito du 21 novembre 2005). Ce faisant, elle avait littéralement coupé le robinet des approvisionnements à ses concurrents.
Or c’est précisément ce type de manœuvre d’assèchement de la ressource qu’Apple a mis en place pour les écrans tactiles, en sortant coup sur coup l’iPhone, tout en permettant à Apple de passer de grosses commandes en asphyxiant ses concurrents.
Le californien a-t-il procédé de même cette-fois-ci avec Balda, en échangeant une créance contre une participation sinon en sortant son carnet de chèques, pour assurer ses arrières vis-à-vis de son fournisseur et tout en continuant à diversifier ses approvisionnements ? La question mérite très sérieusement d’être examinée. On comprendrait mieux dès lors les glapissements qui ont accompagné la publication des résultats de Balda : un certain nombre d’analystes on en effet ostensiblement tordu le nez, en dépit des perspectives
ouvertes par le segment des écrans tactiles capacitifs où l’allemand possède toujours une bonne longueur d’avance sur la plupart de ses compétiteurs.
A l’évidence, on en est encore aux balbutiements en matière d’interface utilisant ce type d’écran, et Apple devrait assez rapidement proposer d’autres choses s’appuyant sur l’interface de l’iPone et de l’iPod touch actuels : encore faudrait-il que le californien puisse disposer en quantité d’écrans tactiles d’une surface supérieure. Ce devrait-être sans doute le cas au 1er trimestre 2008 :
la pilule pourrait se révéler fort amère pour l’ensemble de la concurrence, que ce soit sur le secteur de la téléphonie ou bien celle de l’électronique grand-public ou de l’informatique.
