—Une transition pas si facile —
Le 7 août dernier et 10 ans tout juste après la Macworld de 1997, Apple a présenté une nouvelle interprétation de l’ordinateur personnel tout-en-un, fut-ce sans un quatrième changement de design radical. Entre-temps, Jobs et les siens ont mené tambour battant davantage de transitions que le trio Sculley-Spindler-Amelio au cours des 10 années précédentes. Avec les résultats que l’on sait. La dernière en date, qui a vu Apple adopter la plate-forme Intel au grand dam des plus ultras de ses aficionados, n’est pourtant pas formellement achevée comme se plaît à le répéter le discours officiel de Cupertino ; le jeu en valait néanmoins largement la chandelle.
Des trois grands applicatifs professionnels qui ont construit son bastion dans un monde de l’entreprise dominé par Microsoft, seul Office édité par ce dernier manque pour l’instant à la transition vers ce qu’il est convenu d’appeler le Binaire Universel ; que ce soient Quark et Adobe qui aient les premiers négocié ce virage ne surprendra personne. Pourtant, un an après la livraison de la dernière machine bouclant la transition matérielle vers Intel, Microsoft a annoncé qu’il repoussait de 6 mois la version Mac de sa suite Office, dont l’utilisation est pourtant essentielle à la présence d’Apple dans bon nombre d’entreprises. On aurait tort d’y voir là une machination ourdie à Redmond : les deux premiers tirent tout simplement de la plate-forme Mac une part nettement plus substantielle de leurs revenus que Microsoft avec la version OS X d’Office, jadis – en 1998 – essentielle à la survie-même d’Apple. La nouvelle en est pourtant passée pratiquement inaperçue.
Les livraisons de Mac augmentent en effet depuis près d’un an 2 à 3 fois plus vite que celles de l’ensemble de l’industrie et surtout, le regard que l’on pose sur la Pomme et ses drôles de machines a changé. Grâce à l’iPod ? pas seulement. Le switch vers Intel a donné à Apple des perspectives d’évolution assez inespérées : Santa Clara met actuellement la dernière main à une nouvelle famille de puces dual et quadri-core gravées en 45 nm, cadencées entre 2,5 et 3,15 GHz. Une manne que Motorola et même IBM auraient été bien en peine de lui proposer.