Qu’attendre de la radio numérique?
Augmentation de l’offre de programmes, meilleur confort d’écoute, fonctions interactives, voilà ce qui devrait arriver prochainement sur nos postes… et nos macs?
Le mardi 13 mars, le ministre français délégué à l’industrie, François Loos, a présenté les normes retenues pour le tant attendu passage au numérique de la radio… Evidemment, nous y étions.
La radio numérique, un vieux serpent de mer…
Si les premiers essais en France ont débuté courant 1998 au format DAB (Digital Audio Broadcasting, un format européen désormais mondial), la taille du parc installé de postes analogiques et le prix élevé des tuners DAB ont participé au peu d’intérêt que suscitait un passage au numérique ; d’ailleurs, les pays qui ont franchi le cap (principalement le Royaume-Uni et les états scandinaves), ont observé un démarrage très lent du public. Néanmoins,le succès de la Télévision Numérique Terrestre (marketing groupé des industriels et des producteurs de contenu, public désormais sensible aux avantages du numérique, prix modiques des récepteurs… ) a changé la donne et laisse penser qu’une stratégie identique pourrait réussir à la radio. C’est dans cette optique que le gouvernement français a pris une série de mesures fixant les modalités de diffusion numérique du plus vieux média électronique…
T-DMB et DRM
Si le DAB s’est imposé mondialement, il n’empêche qu’il est rapidement devenu obsolète pour ce qui est de la compression utilisée (le MPEG1 Layer 2). De plus, la convergence et la télévision mobile personnelle étant à la mode, il est apparu qu’il serait logique qu’il puisse véhiculer de la vidéo. C’est ainsi qu’est apparu le DMB (Digital Multimédia Broadcasting) intégrant le MPEG 4 AVC pour la vidéo, l’AAC+[[Le codec AAC+ -aussi appelé HE-AAC- est une amélioration du “Advanced Audio Coding” qui utilise la technique de réplication de bande spectrale permettant un débit moindre pour une même qualité d’écoute.
Contrairement à ce qui est souvent entendu, l’AAC n’est pas un format conçu par Apple mais un format standardisé par le MPEG (Moving Pictures Expert Group) et intégré aux spécifications du MPEG-2 et MPEG-4.
–Plus d’infos sur le AAC+
]] pour l’audio et la gestion du 5.1, de meilleurs systèmes de correction d’erreur et le BIFS pour les données associés.
C’est ce format qui a donc été retenu pour la majeure partie de la radio numérique qui émettra sur les bandes III et L, un peu l’équivalent de la FM actuelle qui n’est d’ailleurs pas amenée à disparaître prochainement[[Le DMB a déjà été choisi comme standard par la Corée du Sud, la Chine et des essais sont menés en Allemagne]].
D’autres normes ont été retenues comme le DRM (Digital Radio Mondiale) pour la numérisation de la bande AM. Là aussi, c’est le codec AAC+ qui véhiculera le son.
Et tout ça pour quoi?
La nouveauté qui frappe d’emblée sur un poste DMB, c’est son écran ! En effet, le contenu sonore est enrichie d’images fixe associées, pochette du disque, photo de l’animateur, carte lors de la météo, photos d’actualités, bref le meilleur comme le pire. Des liens sont ensuite présents pour consulter quelques mini-pages comme les dernières dépêches, un guide des programmes, etc…
Évidemment, on note une qualité audio accrue et surtout un confort d’écoute jamais encore rencontré avec l’analogique (plus de souffle ou de grésillements en cas de perturbations). Pour l’utilisateur, aucune fréquence à retenir : le tuner s’occupera de détecter les stations disponibles…
Du côté audio, et c’est sûrement là qu’est la révolution, apparaissent la mise en pause du direct ou “Time shifting”, la possibilité de reprendre l’écoute d’une émission alors qu’on l’a prise en cours, et la possibilité d’exporter l’émission en cours en podcast sur un support informatique (dans le cas de la démonstration une carte SD, mais espérons un jour un iPod !), le tuner s’occupant de la conversion AAC+ vers MP3 ou autre format audio…
En sachant qu’un récepteur DMB entier tient dans une puce conçue pour être intégrée dans un téléphone portable, on peut s’attendre à trouver des tuners sous de nombreuses formes comme par exemple des clés USB à l’image des clés TNT.
Associée à un Mac ou à un iPod et son support natif du MPEG4, les possibilités semblent larges… facilité d’importation des podcasts, enregistrement des données visuelles, etc… Et pourquoi pas un iPhone compatible DMB? Avec ses fonctions de lecteur multimédia déjà intégrées, nous pourrions avoir un terminal vraiment intéressant donnant accès à une multitude de contenus…
À l’instar de la Corée du sud et de ses millions de terminaux vendus, espérons un succès rapide au DMB en France, la diversité et la qualité du paysage radiophonique français mérite amplement de telles innovations…