Consumérisme politique

On a beaucoup daubé sur les porte-flingues et les boutefeux qui entourent l’actuel ministre de l’Intérieur, le président de l’UMP a semble-t-il recours à des spin doctors beaucoup moins inspirés que ceux de ses mentors d’Outre-Manche ou d’Outre-Atlantique.
Ceux-ci ont-ils outrepassé leurs attributions, ou ont-ils agi sur ordre ? On doit à l’excellente Estelle Dumout d’avoir “sorti” dans les colonnes de ZDNet France l’utilisation de liens sponsorisés pour drainer les internautes vers le site de l’UMP et une pétition de soutien à Nicolas Sarkozy, à partir des mots-clé “banlieue”, “violence”, “émeutes”, “voitures brûlées” et même “racaille”…

Contacté par la journaliste, le parti de la majorité a justifié sa demarche par la volonté de canaliser les réactions de soutien des élus et militants, et la demande faite en ce sens à son prestataire technique, L’enchanteur des médias. Qui faut-il croire ? celui-ci ne nie pas mais botte en touche en plaidant une simple “expérimentation”, et niant même que le mot “racaille” ait été utilisé à dessein, ce que réfute la contre-enquête effectuée par la journaliste. Ce nouvel épisode qui mêle nouvelles technologies, marketing polique et mauvaise foi intervient à peine plus d’un mois après l’affaire de l’envoi massif de “spams” politiques, qui concernait déjà l’UMP et Nicolas Sarkozy. Malgré les dénégations de Maximiles et Impactnet, les “prestataires” concernés cette fois-là, de nombreuses voix d’internautes s’étaient élevées pour protester contre la pollution de boîtes aux lettres electroniques jusque là soigneusement tenues à l’écart du spam.

Peut-être serait-il temps de considérer que la justesse d’une cause se mesure aussi -avant tout ?- à l’aune des moyens que l’on utilise pour la défendre, a fortiori lorsqu’il est question d’assumer les devoirs de la vie politique dans une démocratie représentative. Le Bien Public est-il devenu à ce point un gros mot?

– L’affaire des (gros) mots-clé
– L’affaire du spam sur ZDNet