Suivez-nous

Prospective

De la Pomme et du brevet dans la souris ?

On savait déjà qu’il y avait souvent du génie dans les produits conçus chez Apple, il se pourrait également qu’il y ait un peu de Pomme dans certains produits de l’industrie informatique…

Boro

Publié le

 

Par

brevet-2.jpg

Genius-T355L.jpgOn savait déjà qu’il y avait souvent du génie dans les produits conçus chez Apple, il se pourrait également qu’il y ait un peu de Pomme dans le génie, sinon dans tous du moins dans certains produits de l’industrie informatique, jusqu’ici a priori pas forcément destinés à la plate-forme Macintosh, en l’occurrence la souris TRAVELER 355 LASER du Taïwanais Genius.

brevet-2.jpgAlors que le brevet Apple se porte tendance, ces derniers mois, et que chacun sur le web répercute en cascade des paraphrases et des copier-coller tirés de l’Office Américain des Marques et des Brevets, le principe de fonctionnement de la Genius Traveler 355 Laser ne sera pas sans rappeler quelque chose aux lecteurs de MacPlus, en particulier ceux de la chronique du 11 mars 2004, où il était question d’une souris à TouchPad optique, pour remplacer la molette de défilement.

La technologie derrière ce que le fabricant appelle touche de défilement 4D – puisque que celle-ci remplit la fonction de la bille multi-directionnelle de la Mighty Mouse – fait-elle appel au fameux brevet, et donc à la technologie Apple ? Tout pousse à le croire, même si le service de presse du constructeur que nous avons contacté en début de semaine dernière n’est pas en mesure de le confirmer et attend toujours des élément en provenance de Taïwan à ce sujet. Un autre élément à verser au dossier est la toute récente compatibilité avec le Mac affichée par les derniers modèles de souris, comme la Traveler 515 Laser ou même la Navigator 335 Carbon. De là à penser à un accord entre les 2 sociétés…

La politique d’Apple en matière de brevets en questions

On trouverait-là une pratique sinon tout à fait nouvelle – l’accord de 1998 renouvelé en 2005 entre Apple et Microsoft ouvrait déjà très largement à Redmond le portefeuille de brevets de La Pomme – du moins très largement inédite, a fortiori de la part d’une société connue pour être à cheval sur sa propriété intellectuelle… Si tel était le cas, il pourrait s’agir d’un autre manière de valoriser financièrement celle-ci… à moins qu’il ne s’agît d’une nouvelle manière plus discrète de tester les réactions vis à vis d’une technologie émergente…

Ceci posé, l’examen de la politique de Cupertino en matière de brevets en tant qu’élément de réflexion sur les orientations stratégiques d’Apple – c’est à dire sur son actualité de demain – peut donc se faire sérieusement, sans pour autant se prendre au sérieux, comme c’est le cas de l’ensemble de l’actualité traitée sur MacPlus depuis maintenant bientôt 10 ans. Ils semble que le titre de la dépêche du 11 mai ait pu être pris au pied de la lettre : comment imaginer sérieusement que la société que l’on décrit depuis plusieurs mois comme toute entière tournée vers le principe d’efficacité et l’optimisation maximale de ses ressources puisse gaspiller celles-ci à déposer des brevets entièrement factices, a fortiori des chercheurs de la trempe du Professeur Elias, dont Apple a racheté la société?

Apple se sait depuis un petit moment surveillée comme le lait sur le feu, dans une séquence où les entreprises communiquent et sont évaluées à l’aune du nombre de brevets déposés, comme les universitaires le sont désormais au nombre de leurs publications ; elle n’a d’autre choix que de “masquer” un certain nombre de ses idées, a fortiori lorsqu’elle marquent une disruption dans le champ de l’interface utilisateur, dont l’urgence du renouvellement est rendue de plus en plus critique par la convergence des utilisations.

Effet pervers de la brevetabilité du logiciel adoptée aux États-Unis? A côté de la traditionnelle protection d’un concept –ou d’une partie de celle-ci – et de son amélioration, on trouve désormais de plus en plus souvent des demandes de brevet dont la finalité est de couvrir l’ensemble du champ d’application plus ou moins réel de l’idée initiale, non plus pour protéger une application industrielle ultérieure mais pour dissuader la concurrence soit de vous banaliser en adoptant une démarche voisine, soit de se risquer directement à une intimidation judiciaire à seules fins de vous contraindre à verser des compensations financières ou à un accord de coopération industrielle, soit indirectement en dissuadant vos clients par la menace de les poursuivre eux-mêmes pour violation de propriété intellectuelle.

Nous l’avons évoqué à plusieurs reprises, dans ces conditions Apple et les autres n’ont d’autre choix que de jouer au chat et à la souris [[Désolé :-)]] avec les ingénieurs chargés d’une veille concurrentielle sur les brevets aussi vieille que le concept de brevet lui-même, tâche désormais compliquée pour La Pomme par la multiplication des regards de tous ceux qui se sont donné pour mission d’expliquer et de prédire son comportement par les mânes de sa propriété intellectuelle [[Il ne s’agit nullement de s’esquiver par la petite porte, mais bien de souligner l’existence ici d’un “effet observateur” que tous les chercheurs en science de la vie connaissent bien]]. Au chapitre de ce brouillard de guerre, on trouvera ainsi la dilution du concept central ainsi que son fractionnement sur d’autres demandes de brevet, assortis d’un certain nombre de fausses pistes plus ou moins intentionnelles destinées au moins autant à masquer le véritable concept industriel tel qu’il a émergé qu’à égarer les concurrents sur des impasses éventuelles.

Apple a, dans ces toutes dernières années, procédé à un aggiornamento radical en passant d’une culture d’entreprise basée sur la technologie-maison à l’utilisation systématique des standards du marché, malgré les hululements de la frange ultra-macoïde de son aficiòn qui a vu là autant de renoncements. Dans le cas présent, la licence – qui reste encore à confirmer – d’une technologie de pointe à un constructeur tiers augure-t-elle d’une volonté d’établir à nouveau un véritable écosystème autour de la plate-forme Macintosh, cette fois avec certaines des méthodes mises à profit avec tant de succès par Redmond ? Si tel devait être le cas, la grande offensive de reconquête des parts de marchés attendue depuis des lustres par les aficionados ne devrait plus trop tarder…

[MàJ] Selon le service de communication de Genius contacté par MacPlus, il s’agirait d’un “brevet-maison”… Si tel est le cas, nous ne devrions pas tarder à assister à une contestation…]

La fameuse souris, chez Genius
Un touchpad optique chez Apple?, chez MacPlus