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Prospective

Le « contrat » chinois, Palladium et les radars

La Chine est un pays en pleine expansion économique. Depuis quelques années, l’Empire du Milieu a réussi à concilier idéologie marxiste et bienfaits du capitalisme pour connaître une croissance à faire pâlir de jalousie les pays européens.

MacGregor

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Tout va donc très vite en Chine et le domaine des nouvelles technologies n’est pas épargné. Toutefois, Internet version « mandarin » n’est pas tout à fait le même Internet que nous connaissons en Europe et aux USA.
En effet, ce réseau par nature expansionniste et incontrôlable fait l’objet par le régime politique autoritaire en place, d’une censure zélée qui a pour effet immédiat de couper les ailes de la liberté d’expression. Vous me direz, chacun fait ce qui veut chez soi et les donneurs de leçons feraient bien de balayer devant leurs portes. Certes, mais lorsque des entreprises occidentales (même si elles sont principalement de nationalité américaine pour le moment) comme Microsoft, Yahoo !, Google, etc., bavent devant les futurs bénéfices qu’elles pourraient retirer d’une implantation chinoise, nous sommes autorisés à commenter. Et à critiquer une attitude mercantile qui broie la liberté sans états d’âme. Bref rappel.
La Chine c’est tout de même environ 103 millions d’internautes pour le moment (juin 2005) avec un potentiel énorme ! Par exemple, l’e-commerce devrait connaître une croissance de 87 % chaque année jusqu’en 2007. Les entreprises américaines d’Internet investissent à grands frais en ce moment. Par exemple, Yahoo ! a acquis le 11 août dernier 40 % du site de commerce électronique chinois Alibaba, moyennant 1 milliard de dollars… Cette course aux rachats est d’autant plus importante que la langue chinoise ne se maîtrise pas en quelques mois, donc autant s’enraciner dans la terre que l’on cherche à faire fructifier le plus rapidement possible. Et puis le chinois, enfin le mandarin, est une langue assez complexe à maîtriser.

Mais là où le bât blesse, c’est que ces sociétés appartenant à des régimes démocratiquement élus, qui se veulent exemplaires, ont toutes signé le « contrat chinois » qui se résume à ceci : vous voulez vous implanter pour gagner de l’argent chez nous, pas de problèmes, mais il faut que vous acceptiez nos règles officielles et officieuses. Ces dernières sont établies par le pouvoir en place pour imposer une censure totale. Tous les moteurs de recherche (et portails) doivent appliquer des filtres pour interdire la prise en compte de mots clés tels que « liberté », « Tian’anmen », « Droits de l’homme », etc. Il faut ensuite signer un accord avec l’Association chinoise de l’Internet pour s’engager à ne pas nuire à la stabilité sociale du régime et à sa sécurité nationale. Enfin, les sites de commerce en ligne ne doivent pas vendre des produits subversifs : des poupées gonflables aux écrits de dissidents chinois en passant par toutes sortes d’objets pouvant détourner l’internaute de sa patrie. Bref, vous l’aurez compris, les concessions que les entreprises américaines ont accepté de faire (et que feront les autres pays…) dans ce domaine des libertés individuelles sont scandaleuses. Car ce sont ces mêmes entreprises qui s’évertuent sur d’autres continents à parler d’éthique dans les affaires, et qui de surcroît vendent les outils technologiques aux chinois pour filtrer les sites ! Comme quoi…

Le commerce n’est pas un monde idéal, bien évidemment. Mais il existe des limites que l’on ne devrait pas s’autoriser à franchir aussi rapidement, le domaine des libertés est un domaine sensible à mon sens.

Pour finir sur une note plus légère, septembre devrait être aussi le mois de la mise en place de nouveaux radars numériques pour contrôler et dépister les utilisateurs malveillants des réseaux P2P, la Commission Nationale des Libertés (CNIL) devant donner normalement son accord à cette pratique. Les cyberpirates seront “flashés” à leur insu et des procédures seront montées contre ceux qui ne répondront pas aux messages d’avertissement. Car la répression n’a pas faibli, même si la publicité qui en est faite devient moins tapageuse.

Quant à la Grande-Bretagne, elle devrait elle aussi, au vu des derniers événements dramatiques, durcir sa législation et restreindre une part des libertés individuelles au profit de la sécurité. En introduisant la carte nationale d’identité électronique qui fait débat dans l’hexagone, alors qu’elle n’a jamais existé auparavant en Grande-Bretagne.
Bref, nous devrions connaître une période de restrictions en tout genre qui pourrait avoir des conséquences sur le monde de la micro-informatique et nos ordinateurs de demain. Car les DRM patientent dans l’ombre avant de nous envahir sous couvert de sécurité ou de respect des droits d’auteur. Et nous attendons tous de voir quelle sera l’attitude d’Apple avec sa future gamme à base de microprocesseurs Intel : la gestion des DRM intégrée ?, le projet « Palladium » intégré au futur cerveau de silicium peut-être ?, ou bien l’identification obligatoire auprès d’Apple (comme le fait Microsoft) avant de formater son disque dur pour réinstaller Mac OS X ? Autant de questions qui font peur à tout utilisateur numérique de solutions made in Cupertino, car elles sont pour le moment sans réponse. Et le récent mariage entre Apple et Intel (justement !) n’est pas fait pour nous rassurer actuellement.

Bonne rentrée à tous et bonne Expo, quand même…