Mighty Mouse : Retour aux fondamentaux
De nombreuses voix s’élevaient depuis des lustres pour réclamer à cors et à cris une souris multi-boutons. Celle-ci sera (presque) mono- bouton, tout en autorisant plusieurs fonctions.
Le débat est presque aussi vieux que le périphérique, et laisse les protagonistes de la controverse aussi irréconciliables que tenants de la sauce mousseline avec l’asperge, vis-à-vis des amateurs de vinaigrette : la souris du Macintosh 1 ou 2 boutons?
Les inconditionnels de la version à 2 boutons mettaient en avant la complexification de l’expérience utilisateur depuis la ré-invention de la souris en 1984 [[La première souris du PARC inventée à Palo Alto ne comprenait pas moins de 3 boutons…]], la prééminence de Windows ayant imposé de fait le menu contextuel et le clic droit, quand le web nécessite de plus en l’utilisation d’une molette de défilement.
Les aficionados de la souris originelle faisaient valoir quand à eux qu’au mieux, 80% des utilisateurs de PC n’utilisent pas le bouton droit de leur souris, et qu’au pire celui-ci vient compliquer l’apprentissage du périphérique de pointage et l’expérience de l’utilisateur de base. Et de conclure en objectant définitivement que depuis Mac OS X, l’ensemble des périphériques de pointage du monde PC est reconnu sans aucun problème par le système, et que donc ceux qui ont besoin de fonctionnalités supplémentaires peuvent sans problème se fournir chez le fabriquant de leur choix, sans pour autant renchérir des configurations standard qui n’ont pas toujours été très bon marché…
Si l’arrière-pensée des “monocliqueurs” était la crainte de la perte de la dernière singularité une peu apparente du Mac, ils peuvent être rassérénés : la Mighty Mouse n’est même pas mono bouton puisque c’est sa coque qui est sensible à la pression, sans surface mobile apparente, un peu à la manière de la souris Apple Design apparue en 2000 avec le G4 Cube. Les 2 moitiés droite et gauche de la partie avant sont sensibles indépendamment l’une de l’autre, pour donner ainsi accès à la fameuse fonction de clic droit, et de clic gauche différenciés.
Les flancs de la Mighty Mouse présentent enfin 2 boutons supplémentaires, là où le pouce et le majeur trouvaient déja naturellement leur place, dans une utilisation habituelle. ils ont ainsi accès à deux boutons supplémentaires, paramètrables par exemple pour un accès immédiat à Dashboard ou à Exposé. Les boutons sont d’ailleurs personnalisables dans leur ensemble… pourvu que l’on utilise Tiger…—–
Il est toujours facile de gloser et de jouer l’arbitre des élégances informatiques, a fortiori à propos d’un produit que l’on a pas eu en main et dont l’évaluation nécessite à l’évidence au minimum une paire de dizaines d’heures d’utilisation pour pouvoir en faire le bilan. On peut néanmoins faire quelques remarques :
la technologie utilisée, avec l’USB et la boule de défilement sont assez en retrait par rapport au leadership technologique auquel Apple a habitué ses clients, comme l’ensemble de l’industrie. En particulier, le recours à une pièce mécanique mobile de si petite taille n’est pas sans soulever quelques questions en ce qui concerne l’encrassement… et l’entretien.
[Même le design de la coque qui était déja celui du modèle sans-fil évoque encore davantage la dernière souris ADB d’Apple, avec sa Pomme en estampage sur la partie postérieure. Cela augure-t-il d’un “durcissement” dans la tendance “revival”? … :langue]
L’ensemble des capteurs supplémentaires intégrés au nouveau périphérique était-il si difficile à intégrer, ou s’agit-il d’un essai pour évaluer la réponse de la clientèle?
Le tarif n’est pourtant pas des plus modiques pour une souris USB, et on ne peut s’empêcher de remarquer qu’Apple pousse ses clients friands de nouveauté à faire le passage vers Tiger… pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait… [C’est sans doute d’ailleurs dans ce sens qu’il faut lire la compatibilité avec Windows 2000 ou Xp… sauf en ce qui concerne la programmation des boutons.]
Il reste à voir quel accueil sera réservé à la nouvelle souris de Cupertino. Les ingénieurs y ont un don particulier pour trouver des solutions originales à des problèmes que l’on pensait rebattus. Mais de véritables tremblements de terre en petites touches, une chose est sûre : Apple continue d’évoluer. Vite. La rentrée qui s’annonce réussira-t-elle à surprendre les habitués cette fois encore?