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Prospective

Interview de Christophe Massiot

La semaine dernière, Free annonçait le lancement d’un nouveau service permettant d’accéder à du contenu son, photo et vidéo stocké sur son ordinateur, directement depuis une télévision raccordée à un boîtier Freebox.

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Ce service utilise VLC, disponible sur plates-formes Mac, PC et Linux. Le choix de VLC qui ne sert qu’à lire des vidéos chez la plupart des utilisateurs n’est pas anodin. A l’origine existait en effet, VideoLAN Client (devenu VLC media player) et VideoLAN Server qui ont été mis au point pour diffuser de la vidéo à travers l’Ecole Centrale de Paris. Pour résumer, les capacités de diffusion de VLC ne sont pas nouvelles et expliquent son choix.
Christophe Massiot, ingénieur développement chez Freebox SA et ancien développeur chez VideoLAN, a été intérrogé par Éric l’un des comparses de MacPlus.

Quelle a été votre participation sur ce projet ?

Assez mineure, j’ai juste ajouté trois fonctions qui nous manquaient
dans VLC :
– la possibilité de restreindre l’accès au serveur HTTP à partir de certaines IP (pour éviter que n’importe qui sur le net puisse accéder
aux pages de nos utilisateurs)
– une option –no-playlist-autostart pour éviter qu’au lancement de VLC il commence à envoyer le premier fichier
– une option –open pour contourner un bug de Mac OS X

Le gros du travail a été côté Freebox où il a fallu faire des règles de routage pour autoriser le flux à venir du réseau local, sur le look-and-feel et l’utilisabilité des pages HTML que nous fournissons par défaut, et sur l’application fbx-playlist.

Depuis quand travaillez-vous sur VLC ?

Depuis la fondation du projet VLC en septembre 1998.

Comment s’est fait le rapprochement entre Free et VLC : la solution VLC a-t-elle été immédiatement identifiée et retenue ?

Immédiatement, VLC disposait déjà des deux fonctions dont nous avions besoin, à savoir l’interface HTTP et le streaming UDP. De plus nous disposons déjà en interne d’une forte expérience avec VLC.

Combien de temps ont duré les développements ?

Pour ma part, trois jours, mais pour mes collègues un ou deux mois car cela imposait une grosse refonte du fonctionnement interne de la Freebox.

Quelles ont été les éventuelles difficultés rencontrées ?

Le fait qu’on ne puisse pas automatiquement assigner à un type de fichier une chaine de transcodage nous a obligé à créer une application fbx-playlist pour constituer des listes de lecture “bidouillées” pour passer, pour chaque fichier, dans les bonnes chaînes de filtres VLC.

La Freebox doit être mise à jour pour pouvoir profiter du service… des éléments VLC y ont-ils été intégré ?

Non, des éléments sur le routage des flux vidéo.

Il semble qu’il y ait des incertitudes autour de la licence de VLC en raison de certaines briques utilisées : Free ne prend-il pas un risque en choisissant VLC ?

Ce que Free supporte, c’est le fait que la Freebox se connecte sur un serveur HTTP sur le port 8080 et attende des paquets UDP sur le port 1234. VLC n’est aucunement obligatoire, c’est actuellement la solution la plus pratique, mais déjà certains utilisateurs sont passés à Apache avec des CGI. Notre (modeste) travail sur VLC est open source et le but est de fournir suffisamment d’éléments pour que notre communauté d’utilisateurs prenne le relais.

Sur le fond, VLC en lui-même n’a pas d'”incertitudes”, les parties controversées sont libdvdcss qui contrevient au DMCA américain et ffmpeg qui pourrait enfreindre certains brevets si les brevets logiciels venaient à être approuvés. Il est parfaitement possible de compiler VLC sans ces éléments.

D’autres solutions, telles que Orb, vont plus loin, en proposant un accès distant. Cet accès en mobilité depuis un mobile ou un PDA est-il envisageable ou à l’étude ?

Nous maintenons juste la partie Freebox, le reste est du ressort de l’équipe VLC ou des contributeurs open source.

La non-gestion des DRM est-elle selon vous un manque important, à l’heure où l’accent est mis sur les contenus légalement acquis ? Les DRM seront-ils gérés dans une version future ?

Je ne suis pas informé des projets de Free. Le Freeplayer a pour but de permettre aux gens de visualiser les contenus qu’ils possèdent sur leur téléviseur. Pour distribuer des contenus payants de façon sûre nous avons déjà notre propre solution, elle s’appelle Freebox TV et comporte déjà plus de 200 chaînes de télévision. De nouveaux services sont en prévision de ce côté.

Comment voyez-vous le futur du home-LAN ? Le PC y garderait-il une place dominante, ou la home gateway prendrait-elle le relais ? On sent un réel problème d’interconnexion entre ses appareils… une norme pour les mettre en relation serait-elle envisageable ?

Chacun voit midi à sa porte, tous les industriels voudraient que l’appareil qu’ils vendent (respectivement téléviseur, console de jeux, PC, “home gateway” ou autre) devienne le centre névralgique du foyer. Vraisemblablement au final c’est le client qui choisira.

Merci à Christophe Massiot d’avoir répondu à nos questions.