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Prospective

La 3G : 3 fois plus de « gadgets » ?

Le réseau de téléphonie mobile haut débit 3G est en service chez SFR et Orange. Connaissez-vous cette nouvelle norme de connexion et ses attributs ?

MacGregor

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Vous ne pouvez pas avoir échappé au lancement en fanfare de la nouvelle norme du monde de la téléphonie mobile, baptisée 3G (ou UMTS). Elle permet d’offrir aux abonnés des vitesses de transfert revues à la hausse pour leurs fichiers (photos, vidéos, etc.). Mais la 3G apporte aussi la technologie de la visioconférence sur son téléphone mobile chez SFR et Orange. Révolution nous a-t’on dit ?

3G : les bases

Le 10 novembre 2004, l’opérateur SFR ouvrait le bal en lançant le premier son réseau de téléphonie haut débit. Quelques jours plus tard, le 6 décembre, c’était au tour d’Orange de faire de même. Quant au troisième opérateur français, Bouygues Telecom, il préférait différer la mise en place d’un tel réseau ; et allait choisir une solution intermédiaire en attendant baptisée Edge, « simple » évolution du réseau actuel GSM-GPRS.

Les opérateurs précités ont dû acheter une licence 3G leur permettant de mettre en place un nouveau réseau, de nouvelles antennes sur les toits. Cette licence a coûté quelques millions d’euros (619 chacun à ce jour, sur les 4,9 milliards qu’ils se sont engagé à verser), auxquels il faut rajouter 3 milliards d’euros pour la mise en place d’un réseau 100 % compatible sur la totalité du territoire à la norme 3G. Autant dire que le succès financier n’est pas assuré (dans l’immédiat en tout cas), car il va falloir multiplier les nouveaux abonnements pour rentabiliser ces dépenses pharaoniques. C’est sur ce point que s’est appuyé Bouygues Telecom pour expliquer qu’il différait la mise en fonctionnement d’un tel réseau haut débit. Effectivement, l’aventure peut paraître risquée… SFR et Orange sont en train de la tenter pourtant.

3G ? c’est le nom de code commercial du réseau haut débit mobile, on parle aussi d’UMTS. Pour faire court, c’est une nouvelle évolution des normes de connexion actuelles des téléphones mobiles. Cette migration technologique est comparable en tout point avec le passage des connexions Internet en mode « bas débit » (ou RTC 56 Kbps/sec) à la technologie ADSL d’aujourd’hui. On va se connecter plus vite et de nouveaux services vont être disponibles, comme la visioconférence par exemple.
Aujourd’hui, les téléphones portables se basent sur un réseau appelé GSM travaillant de façon invisible avec deux bandes de fréquences 900 MHz (SFR et Orange) et 1800 MHz (Bouygues Telecom). C’est ce que l’on appelle le réseau GSM, déployé (et amorti) depuis longtemps. Une petite évolution était entre-temps arrivée, la norme GPRS qui se base sur les connexions GSM mais permet de s’envoyer des fichiers à 56 Kbps/sec au lieu de 9600 Kbps/sec. En résumé, aujourd’hui votre mobile peut dialoguer, se connecter à Internet ou recevoir des MMS (déclinaison multimédia des SMS pur) à cette vitesse. Mais le réseau principal est toujours le bon « vieux GSM ».

Avec l’arrivée de la 3G, c’est la raison même du GSM-GPRS qui est remise en cause, comme à chaque évolution technologique majeure. Il s’agit pour les opérateurs SFR et Orange, de vous faire aimer le haut débit pour que vous souscriviez à leurs services propres. La visioconférence, des vidéos à la demande (informations, émissions de TV compressées spécialement pour le portail de l’opérateur, etc.) et prochainement la possibilité d’acheter de la musique en ligne.

Le GSM-GPRS n’est donc pas encore enterré, mais sa fin est déjà programmée. Cependant, la difficulté réside dans le fait que le réseau 3G nécessite ses propres installations, sa propre zone de couverture et actuellement la phase initiale n’est pas encore terminée. Il n’y a que 40% de la population française (essentiellement des zones urbaines) qui a accès au réseau UMTS. Les deux opérateurs SFR et Orange tablent sur au moins 60% de la population couverte en fin d’année par leur réseau 3G. Fin d’année 2006 le déploiement devrait presque terminé.—–

EDGE (Enhanced Data rate for GSM Evolution) « 2,5G

C’est une technologie intermédiaire choisie par Bouygues Telecom et par Orange également, même si la filiale de France Telecom s’est investie dans la 3G. Il s’agit d’une énième évolution du réseau actuel GSM-GPRS ne nécessitant pas de lourds investissements comparé à la mise en place du réseau 3G. Faire évoluer le réseau actuel vers la norme Edge, « ne coûte » que 250 millions d’euros à comparer aux 3 milliards requis pour la 3G…
SFR s’est clairement positionné contre cette technologie « bâtarde » qui n’est pas de la 3G mais plus tout à fait du GPRS classique. Orange vient de faire évoluer son réseau GSM vers la norme Edge afin de compléter son offre et permettre de déployer son réseau 3G en attirant toujours de nouveaux clients plus rapidement que prévu. Cela devrait permettre à l’opérateur Orange de couvrir 85% de la population à la fin de l’année 2005 avec son offre mixte Edge-3G, une façon déguisée de mettre de côté l’objectif couverture pure 3G de 58%. Cependant, vous ne pourrez pas bénéficier des services 3G bien évidemment puisque le réseau de base de la norme Edge reste le même que celui qui est utilisé par la norme GPRS qu’elle remplace.
Bouygues Telecom, opérateur souvent qualifié d’alternatif, a joué cette carte du réseau mis à jour à la norme Edge depuis le 26 mai pour les entreprises et à partir d’octobre pour le grand public.

En résumé, car il n’est pas évident de jongler avec toutes ces normes et toutes ces offres de téléphonie mobile, je vous synthétise l’ensemble des informations actuelles :

SFR et Orange ont ouvert un réseau 3G (UMTS) depuis la fin de l’année dernière, ce réseau permet principalement de pratique la visioconférence grâce aux connexions plus rapides de cette norme (environ 300 Kbits/sec). Chacun des deux opérateurs propose différents services (vidéo à la demande, photographies plus lourdes à s’échanger, etc.) pour un abonnement à la base plus élevé bien évidemment. Comptez en moyenne dépenser 48 €/mensuels pour un abonnement 3G.Quant à Bouygues, il n’a pas encore de réseau 3G et n’en aura pas. Cet opérateur préfère attendre 2007 pour investir dans le 3,5G, mais en attendant pour ne pas trop perdre du terrain face aux deux grands, il met en place une évolution de la norme actuelle GSM-GPRS baptisée Edge. Le débit proposé est de 140 Kbits/sec environ, mais ne permet pas de pratiquer la visioconférence… Orange enfin, utilise aujourd’hui les deux réseaux, Edge et 3G pour accroître plus rapidement sa base clientèle.

Débit réel 3G : entre 250 et 280 Kbits/sec (visio possible)
Débit réel Edge : entre 120 et 140 Kbits/sec (pas de visio)
Débit réel GSM-GPRS : au maximum 45 Kbits/sec

HSDPA ou 3,5G

Voici que se précise, déjà, le futur de la norme 3G. Cette évolution baptisée HSDPA (High Speed Downlink Packet Acces) ou 3,5G permettra de se connecter via un réseau présentant un taux de transfert de 2 Mbits maximum. C’est sur cette norme que compte Bouygues Telecom pour réellement se lancer dans l’aventure du haut débit pour téléphones mobiles en 2007 bien que son arrivée soit prévue à l’horizon de l’année 2006, sans plus de précision. Il semble acquis en tout cas que vous devrez peut-être changer de terminal car le passage de la 3G à 3,5G ne sera pas qu’une simple évolution du réseau déjà existant. Mais peu d’informations sont encore réellement disponibles pour savoir que quel pied nous danserons. Selon Bouygues Telecom, le vrai décollage de la téléphonie haut débit ne sera effectif qu’à partir de 2 Mbits/sec. Nous lui laissons la responsabilité de cette prophétie commerciale !—–

Connecter un ordinateur au réseau 3G

C’est donc aujourd’hui possible et convivial avec le réseau 3G, que ce soit chez Orange ou SFR, la solution matérielle existe. Il s’agit de connecter une carte PMCIA dans l’emplacement du PowerBook (iBook et modèles PowerBook 12 pouces exclus) et de souscrire un abonnement chez l’opérateur. Mais cela est très cher. Par exemple, chez Orange un abonnement mensuel de 24€ vous fera bénéficier de 3 heures de connexions. Cependant c’est possible, pour Mac et PC, il faudra attendre une démocratisation de cette technologie mobile pour fusionner sûrement les divers abonnements dans un futur pas si lointain que cela…

SFR propose la Vodafone Mobile Connect Card 3G/GPRS/WiFi à partir de 20 euros HT avec un engagement de 12 mois pour seulement 2 heures de connexion (Mac et PC). Orange propose quant à elle la Mobile PC à 24 €/mois pour trois heures de connexion, avec une obligation de s’abonner 12 mois minimum (Mac et PC)

Cela vient en sus de votre abonnement 3G, bien évidemment et vous voilà avec une facture de près de 100 euros tous les mois si vous prenez cette solution mobile en plus de votre abonnement téléphonique nouvelle génération. Il va vraiment falloir attendre une démocratisation de la 3G dans les mois à venir…

Réelle révolution technologique ?

Il est évident que de pouvoir se téléphoner en mode visioconférence est une réelle avancée par rapport à la téléphonie classique, qu’elle soit analogique, numérique ou mobile. Pour le reste, l’intérêt demeure limité.
L’utilité d’un téléphone portable est d’effectuer des appels et de pouvoir en recevoir n’importe où que l’on se trouve sur la zone de couverture. On peut aussi s’envoyer des textos (ou SMS) lorsque la zone de couverture est indisponible, des photos et du son via les MMS (évolution multimédia du SMS) pour le côté ludique. Pour celà, est-ce bien indispensable de basculer vers la 3G aujourd’hui et d’investir dans un terminal compatible? Ce dernier sera plus massif, moins autonome, plus cher ! Comparé aux mobiles actuels GSM-GPRS on peut dire que c’est une belle régression tout de même. Et cerise sur le gâteau, le mobile peut chauffer rapidement lorsque l’on pratique la visioconférence ou bien que l’on s’en serve pour prendre des photos. Ce n’est pas agréable d’avoir un mini-radiateur dans la main… Enfin, pour en terminer avec les aspects négatifs, le réseau 3G fait souvent l’objet de coupures quand on jongle avec le réseau haut débit et l’ancien GSM-GPRS toujours accessible en zone 3G non couverte. La 3G passe mal les murs en béton et refuse de trouver un réseau dans les parkings souterrains.
En revanche, si vous vous déplacez beaucoup et devez fréquemment envoyer ou recevoir des données de bonnes taille depuis votre ordinateur portable, la 3G peut être la solution. N’espérez cependant pas télécharger des films depuis le plateau du Larzac ou une crique bretonne : la couverture 3G, on l’a dit, est essentiellement urbaine.

Est-ce le moment de basculer ?

Le temps sera une nouvelle fois la meilleure arme des opérateurs. Nous trouverons bientôt « normal » de nous téléphoner en mode visioconférence. C’est souvent le cas lorsque la technologie arrive avant que les besoins des clients ne soient mûrs ou clairement définis : la possibilité crée le besoin. Mais pour le moment l’offre est trop anémique, même « creuse » pour nous donner envie de souscrire à la 3G. Vous risquez de surcroît de vous retrouver tout seul parmi votre cercle d’amis à posséder un téléphone doté de l’option visioconférence. Or si personne n’a d’appareil compatible, avec qui allez-vous dialoguer ?

…vous ne pouvez pas savoir comme je me sens un peu isolé avec mon Samsung Z107 depuis que j’ai souscrit à un abonnement 3G le mois dernier ! 😉