La Net’economie enfin prête ?
Allez, explorons cette sphère économique liée à l’explosion d’Internet et des nouvelles technologies en général…
Retour en arrière…
Rappellez-vous, il n’y a pas si longtemps, l’euphorie et la rapidité étaient les maîtres mots de cette nouvelle économie importée des USA. Ces dernières ont été érigées en dogme économique et constituaient les principales armes de combat des investisseurs sur le réseau. Premier arrivé, premier servi !
Et nous vîmes arriver le cortège de start-ups suivi de ces nouveaux employés prêt à ne pas être rémunérés en travaillant 24 / 24, visant l’objectif unique et suprême : l’introduction en bourse, les stocks-options, vivre de ses rentes. Un peu simplifié, mais pas loin de la réalité…
Commence alors à se profiler le problème qui fera cruellement défaut pour nombre de ces jeunes entreprises, le manque d’argent frais en attendant la reconnaissance et les bénéfices. Nous avons vu se profiler une race d’investisseurs, les capital-risqueurs. Le principe est simple : on se présente à ces grands argentiers, on leur montre son business plan et en fonction de tous ces paramètres ces Messieurs décident d’investir ou non dans votre projet. Ils prennent part dans l’entreprise, et en possède une partie. D’où une prise de contrôle relative, qui laisse tout de même le jeune (ou moins jeune) PDG travailler à sa façon. De cette manière vous pourrez alors commencer à travailler sur les quelques millions (ou milliards) investis dans l’attente des rentrées que l’on qualifient de bénéfices. Donc, de viabilité.
Mais voici un paramètre qui a été trop longtemps oublié visiblement, celui de la rentabilité. Les récents soubresauts du NASDAQ (indice boursier de la nouvelle économie) le prouvent jour après jour. Des actions sont surévaluées. Par exemple Yahoo! est une entreprise qui pèse plus en terme de milliards de dollars (relativement virtuel) que Boeing qui fabrique des avions et possède une antériroité économique autre que celle des jeunes pousses qui viennent à peine d’éclore. De plus Boeing fait des profits "visibles" et encaisse de l’argent sonnant et trébuchant. Hallucinant comme constat, vous ne trouvez pas?
C’est sûr, Internet (et tout ce qui s’y rapporte) incarne une révolution puissante qui va modifier profondément notre façon de vivre, de communiquer, bref d’appréhender le monde d’aujourd’hui et de demain. A l’image du chemin de fer ou de l’électricité, c’est un cap franchi qui modifie irréversiblement nos sociétés médiatisées. Cela, personne ne le conteste, même en France… Seulement, il ne faut pas se leurrer. Le Web est un nouvel outil fabuleux qui doit prendre ses marques et se faire une place légitime. Mais ce n’est pas une raison pour le tordre dans tous les sens et en faire n’importe quoi sous prétexte de gagner à tous prix de l’argent rapidement. Beaucoup de capital-risqueurs ou de patrons de start-up l’ont cru, trop longtemps. Ils nous ont déréglés un système qui venait de naître à cause de leur avidité, et on paie les pots cassés, nous les utilisateurs lambda de l’Internet. Car beaucoup d’entre eux ne connaissaient rien (et ne connaissent rien encore) à Internet. On leur a dit, "tiens voilà un Eldorado à conquérir ", et voilà que tout le monde s’engouffre, créant de fabuleux embouteillages qui gênent la progression du média Internet en tant que tel. Ces gens là paient leur avidité et leur manque de professionnalisme par la chute de leurs titres, tant mieux. Ainsi, cela explique la hausse vertigineuse de l’ensemble du NASDAQ doublée immédiatement de chutes spectaculaires.
Actuellement…
Aujourd’hui, il semble qu’enfin la logique économique "classique" soit sortie de sa léthargie volontaire et se remette à imposer ses bornes de régulation salvatrice. Les capital-risqueurs laissent place aux Business Angels (BA) et autres "incubateurs" qui, en plus de vous apporter des fonds, prennent part aux décisions de la jeune pousse. Ils ont toujours existé, mais sont remis au goût du jour suite aux déconvenues des start-up. Leur rôle devient à nouveau prépondérant et ils s’imposent en premier plan aujourd’hui. Conseils, mis à disposition de services comptables pour aiguiller les jeunes créateurs qui ne possèdent pas tous l’expérience et le recul nécessaire à la gestion d’une entreprise. Les incubateurs, qui fournissent également bureaux et matériel, vont donc encore plus loin que les capital-risqueurs dans la prise de position de l’entreprise qu’ils soutiennent, ainsi que dans son contrôle. Les anges de l’investissement pour leur part prennent le contrôle (en partie) de votre entreprise et donc imposent aussi leurs choix… tout court ! Ils n’ont d’Ange que le nom, mais ils vous permettent d’optimiser votre entreprise si vous ne maîtrisez pas les données comptables ou les choix stratégiques à prendre. Quand on est PDG à 23 ans, il est humainement logique de ne pas tout maîtriser. A vous de voir…
Nous voyons en parallèle arriver un cortège de Start-down qui sont en train de gonfler les cimetières de la Net économie, par le biais de leurs échecs flagrants. Une bonne idée, c’est bien. Mais de nos jours, dans cette nouvelle phase d’expansion, cela ne suffit plus. Les capital-risqueurs l’ont appris à leurs dépends, car aveuglés par l’appât du gain facile. Et puis trop de monde avait de bonnes idées… 🙂
Mais le véritable enjeu de la Net économie acte II, réside dans la capacité des acteurs de ce marché à proposer de solutions fiables et sécurisées. Cela rassurera le cyberconsommateur, et devrait accentuer le développement du paiement en ligne qui a vraiment beaucoup de mal à décoller. Car nous sommes beaucoup à être frileux, et parallèlement, le e-business n’a peut-être pas encore défini totalement son rôle. Acheter un camembert par le biais d’un site Web à ne me tente pas des masses. Ça ne m’intéresse pas du tout même…:-)
Cependant, des transactions financières s’effectuent tous les jours sur le réseau. C’est tout de même la preuve qu’une demande existe et trouve des solutions en réponse. Reste que taper sur le pavé numérique son numéro de CB, ce n’est pas encore devenu naturel. Les rumeurs, les failles de sécurité, les pirates, bref tout ce qui refroidit les internautes à user et abuser du e-commerce. Les acteurs de ce marché l’ont enfin compris : pas de développement du commerce sur Internet, si des solutions de sécurité ne sont pas implantées massivement.
Commerce NTI, CyberBill, BillMax, iSparks (solutions Linux pour Sun) ou encore Oracle (maintenant viable sous MacOS), proposent des solutions complètes de gestion / de sécurité / traitement stable des flux. Toutes ces dispositions devraient préfigurer d’un réseau plus sain et plus rassurant pour les internautes qui désirent se servir du Web lors de transactions financières.
Le m-business…
Concernant le monde de la téléphonie mobile et du commerce qui s’y rattache (le m-business), là aussi le monde de la réalité a pris le dessus sur les folles prospections de profits. Pour preuve, le Wap est un flop, quoi qu’on en dise.
Voici un domaine pour le moins incompréhensible. Des "gentils" acteurs économiques veulent à tout prix nous imposer des besoins (en l’occurence dans la téléphonie) que nous ne comprenons pas très bien. Et pour cause, c’est inutile. Qui va s’émerveiller devant un écran monochrome de quatre lignes (celui du mobile wap) sous prétexte qu’il est relié à la planète par le biais d’internet ? Aujourd’hui la norme standard dans le monde de l’informatique est incarnée par les écrans 17 pouces procurant le confort minimal pour travailler, surfer et utiliser les palettes envahissantes de certains logiciels existants. Et on nous fait croire que le top du top c’est l’écran d’un téléphone portable pour surfer ! ! !
Comment trouver logique les constructeurs de téléphones mobiles, qui en 1999 / mi-2000, ont axé leur politique commerciale sur des produits de plus en plus miniaturisés (cf le 8210 de Nokia ou le T28s d’Ericsson); et qui veulent aujourd’hui nous imposer des modèles de plus en plus gros à nouveau ? Super le retour en arrière, c’est comme si on vous disait aujourd’hui qu’il faut acheter un écran 14 pouces pour bien utiliser Photoshop 5 et ses palettes…:-) C’est incompréhensible forcément, et c’est pour cela que le marché ne réagit pas positivement : car le marché c’est nous ! Regardez les campagnes de publicité très actives et nombreuses en ce moment pour favoriser le développement du wap, ils veulent réellement nous imposer des besoins et des habitudes que nous n’avons pas, et donc ils tablent toute leur logique de profit sur cette éventualité virtuelle. Le GSPR (2001) ne devrait pas révolutionner grand chose. Quant à l’ UMTS (2002), qui incarnait encore le salut des communications haut-débit sur son appareil téléphonique, il devrait être retardé à cause d’une sous-évaluation des investissements matériels à mettre en oeuvre. De plus, le problème de la lisibilité reste entier, à moins que l’on ne vous offre un écran LCD de 15 pouces à trimbaler relié à son portable…. pratique de surcroît !
Il ne fait pas de doutes que la logique reprendra le dessus une fois les échecs constatés et assimilés. Ce sont des règles basiques capitalistes depuis des centaines d’années qui sévissent, mais que certains acteurs de la Net économie et des nouvelles technologies, ont tendance à oublier car le seul mot d’ordre est profit, et qui plus est il doit être immédiat… même si ce que l’on propose est complètement illogique. Le consommateur doit avoir envie, doit avoir un besoin. On ne force pas durablement la main de la majorité des gens, condition sine quanone pour s’imposer sur un marché par l’intermédiaire d’un produit -ou d’un service-réellement utile qui répond à une attente légitime. De la à passer au m-business, alors que les "fondations" de ce marché n’exsite pas, ils vont encore avoir des surprises. Faudra pas s’étonner de la chute des actions de ces entreprises au NASDAQ (ou ailleurs)… On leur apprend quoi dans les écoles de commerce ?
Conclusion…
Après l’euphorie débridée due à l’arrivée de toutes ces nouveautés révolutionnaires, nous constatons qu’un sain réajustement a lieu. Cela concerne les marchés de l’offre et de la demande. La Net économie vient de mûrir, elle devrait nous présenter de plus en plus de services que nous seront prêts à consommer, car répondant à nos attentes profondes. L’offre induit une demande, cette dernière induisant une offre. C’est ce que l’on appelle le cycle de Kondratiev, qui dure environ 25 ans. Avec le temps, chaque " chose " trouve sa place…
Seulement, Internet abolit la frontière spatio-temporelle classique qui nous régit, et ses acteurs économiques ont donc perdu leurs repères car ils ont cru pouvoir aller plus vite que la musique…:-)
* Kondratiev :
http://www.findarticles.com/cf_0/m3955/8_50/53889218/p1/article.jhtml
http://www.culture.fr/culture/actual/art/dorleac.htm
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