Installer Linux sur PowerMac
Ce quatrième volet de la saga Linux se devait de vous présenter la possibilité d’installer cet OS sur votre Mac à la maison. Après l’historique, on commence à s’y intéresser, on voit que des distributions facilitent l’approche de cet OS encore trop ésotérique pour les néophytes. Bref, pour certains d’entre vous, on sent l’envie de tater du Pingouin qui se profile à l’horizon…
Après vous avoir "rabaché" que Linux est accessible, que c’est moins dur qu’il n’y paraît de l’installer, que c’est super, etc., il fallait bien qu’un aventurier numérique se lance dans l’exploration du Monde Libre. Et comme dit le célèbre adage, "on n’est jamais mieux servi que par soi-même", je me suis désigné d’office en tant que cobaye ! Pour vous chers(ères) lecteurs(rices) de MacPlus, en direct live mais pas encore en streaming, lisez ce qui suit et vous allez découvrir le monde fabuleux des Pingouins GNU qui gambadent au beau milieu des pommes Apple…:-)
Préparation du disque | et choix de sa distribution… |
Je me suis donc rendu dans un magazin de type "supermarché" de l’informatique (vous voyez lequel, les parisiens…) et je prends contact solennellement avec la responsable du stand Linux. Je lui demande quelles sont les distributions prévues pour notre monde, et elle me présente les deux plus célèbres: "YellowDog" et "LinuxPPC 2000". La seule version française complète est celle de Linux PPC basée sur la Q3 de la version 1999. Si vous avez bien suivi le dossier Linux sur MacPlus depuis le début, vous saurez qu’il est trop hasardeux de l’installer sur un iMac 350 (c’est ma machine) ou sur tout Mac non-PCI. YellowDog se présente sous forme de boîte contenant les CD-Roms et un manuel, plus un support technique. Elle coûte 420,00 frs. LinuxPPC 2000 (basée sur la Q4) en anglais aussi, se présente de la même façon avec en plus dans la boîte un tee-shirt. Prix constaté de 396,00 frs. Etant donné que le tee-shirt ne m’intéresse pas et que le manuel est présent au format PDF sur le CD-Rom j’opte pour la version "simple": les deux CD-Roms LinuxPPC 2000 et c’est tout, donc le prix est alors de 160,00 frs. Correct pour un OS complet et des centaines d’applications en standard…On est loin de la politique de Microsoft, non? Sur ce, je rentre à la maison et je me lance dans l’installation. Ce CD-Rom de distribution Linux GNU est installable sur nos G3 Bleu & blanc, G4 AGP, iBook, iMacs I & II tout modèle, PowerBook G3. Bref, sur toute la gamme Apple actuelle.
Je vais vous passer les détails de la traduction du manuel en Fr, des différents essais "pour le fun" que j’ai testé, pour vous livrer la "meilleure solution" clé en main (à mon goût, cela n’engage que moi bien entendu !) pour avoir un disque dur Pomme / Pingouin rapidement.
Formater le disque dur du Mac
Le meilleur moyen est sans conteste d’utiliser l’Outil Disque Dur Apple. L’installeur de Linux est livré avec son propre outil de formatage, mais le moyen le plus simple est de préparer avant ses partitions. De ce fait, vous ne devrez pas avoir à les renommer et à les formater sous l’installeur Linux (c’est moins facile comme approche).
Donc, vous sauvegardez toutes vos données importantes sur un périphérique idoine (Zip, graveur ,Jaz, etc.) et vous redémarrez le Mac après avoir inséré le CD-Rom "Installation de logiciels" livré avec le système MacOS. En appuyant sur la touche "C" bien entendu…
Faire des partitions, pour un OS Linux, sert avant tout à protéger chaque secteur de données contre d’éventuelles attaques venues du Net. Etant donné que Linux est un OS serveur à l’origine, cette méthode est logique. Il est donc utile de la mettre en oeuvre même sur un computer individuel. On peut même créer d’autres partitions, telle que celle dédiée à l’utilisateur principal /usr, en plus de celle de base que l’on crée : le superadministrateur ou /root (prononcer "route"). Ce dernier a tous les droits sur la machine pour les configurations diverses. Il faut éviter de se brancher sous Linux en tant que tel, mais préférer se connecter comme utilisateur (/usr/macgregor) pour éviter de tout "détruire" dans les fichiers, quand on ne s’y connaît pas…:-). J’ai choisi de tout mettre sous le répertoire /root et d’y créer ensuite à cet endroit mon fichier d’utilisateur. C’est moins sécurisé, mais comme je ne vais pas encore sur le Web avec cet OS ce n’est pas grave du tout. Avec l’expérience, de toute façon, on met au point un système idéal lorsque les connaissances de base sont assimilées. Chaque chose en son temps. Aujourd’hui, le but est d’installer un OS Linux viable et fonctionnel sur un Mac.
Donc je vous conseille de faire 5 partitions si vous avez la place (exemple de mon disque 6 Go):
a) MacOS format "HFS+" (3,5 Go)
b) /root format "A/UX racine" (1,5 Go)
c) swap format "A/UX echange" (le double de votre mémoire physique sans excéder 128 mo, pour mon cas avec 64 mo de Ram j’ai donc fait une partition de 128)
d) /home format "A/UX libre" (1,2 Go) (Linux local)
e) Echange entre MacOS et Linux format "HFS standard" (100 Mo), c’est le seul format Mac reconnu par Linux donc vous pourrez monter ce volume dans les deux mondes et y glisser des images créées sous Gimp à destination de Golive sous MacOS… Il faudra par la suite ne pas oublier de faire reconnaître cette partition à Linux pour la monter sur le bureau. Ceci s’effectue par la suite sous Gnome ou KDE avec la fenêtre de configuration et de "Add Users & partitions".
L’Outil Disque Dur vous permet de sélectionner le format des partitions dans son menu déroulant "Options d’initialisation". Si vous avez MacOS 9, les partitions sont explicites comme indiqué ci-dessus, sinon choisissez "A/UX" pour les partitions Linux. Pour les version antérieures à MacOS 9 , il faudra alors ensuite les renommer sous l’installeur par le menu "Devices drive"(les partitions apparaîssent et un menu déroulant vous permet de sélectionner /root, /home…). Ceci effectué, lancer le formatage. Une fois fini, installez MacOS & logiciels, sur le disque correspondant. Prenez bien votre temps, marquez sur papier vos partitions pour savoir où vous en êtes. C’est important pour la suite.
Lancer l’installeur Yaboot | de LinuxPPC 2000 depuis son Cdrom… |
Une fois MacOS de nouveau opérationnel sur sa partition, insérez le cdrom Linux PPC dans la fente et redémarrez en bootant dessus (touche C enfoncée). Mirâcle, le Pingouin apparaît en haut à gauche et des messages ésotériques de type MS-DOS défilent à l’écran sur fond noir. Laissez faire, c’est normal !
Vous vous retrouvez ensuite devant la fenêtre de l’installeur, la sensation de fluidité est déjà là (impression personnelle…). A ce moment-là, cliquez sur "Select partitions" et le tableau magique vient à l’écran. Vous allez voir vos partitions apparaître dans un tableau les listant. La ligne /root, doit se voir ajouter dans la case "mount point" un "/" tout seul. Uniquement pour cette partition. pour les autres, devant la ligne /home et la case "mount point" vous devez ajouter "/home" en plus (sans les guillemets !!!). Si vous aviez une partition à la place de /home ou bien en plus (de type /usr ou /var), il faudra effectuer la même manipulation dans cette case "mount point". Pour les lignes /root, /home et swap vous devez cliquer ensuite les encoches "format" en bout de tableau. Laissez faire, le disque monte ses partitions. Et voilà qu’apparaît, après une ou deux minutes, la fenêtre "Choose packages" pour installer votre OS et ses logiciels. Par défaut (en bleu) un système complet basé sur Gnome est installé, il vous permet de retoucher vos photos (Gimp), de surfer sur le Net (Netscape Communicator 4-7-1 et les outils de configuration PPP) et bien d’autres choses. Par contre, il reste des tonnes de packages à installer si l’on désire Apache et tout pour transformer le Mac en serveur Web, des outils de programmation en C++, de compilation noyaux, des utilitaires divers, une suite bureautique "KOffice", des langues du monde entier, le concurrent de Gnome (KDE, moi je préfère comme interface graphique et c’est tout en français au moins), etc. Plus de 1 Go d’applications à installer ! C’est à vous de voir, mais installer un système minimal avec KDE / Adm tools / Shell utilities / Office applications et Documentation, devrait suffire pour débuter. Vous serez libres d’installer d’autres choses après avoir passé le cap de la découverte. Après 30 à 45 minutes d’installation, vous avez la fenêtre "root password" qui s’affichera. Choisissez un mot de passe et appuyer sur "Set password". Voilà, c’est fini pour l’installation. Je vous l’avais dit que c’était facile… 🙂 Un message de "Congratulations for install" apparaît de suite après et vous demande de rebooter. Tous nos périphériques USB sont reconnus, de même pour la carte vidéo ATI 128 Fury (qui avait des problèmes de drivers il n’y a pas si longtemps), ainsi que l’écran. Du vrai Plug & Play à ce niveau.
Attention: pour toutes les opérations décrites jusqu’ici, Linux ne reconnaît pas encore le clavier de type "Azerty" mais "Qwerty". Alors le / est donné par la touche "=" du clavier et non du pavé numérique. Faîtes des essais ! En fait, il faudra attendre d’être sous le système opérationnel pour modifier tous ces détails rigolos…
Banzaï…
Les problèmes commencent, | et le rêve Linux se ternit un petit peu… |
C’est lors du reboot que tout est devenu moins angélique. En effet, à ce moment-là, MacOS au démarrage ne sait pas (et moi non plus !) qu’il existe deux OS et ne propose pas de ce fait un moyen de choisir entre les deux. Donc je reboote et je me retrouve sous Macos…:-(((. Après lecture du guide PDF de la distribution (je parle anglais couramment maintenant), je comprends qu’il me manque un "booter", c’est BootX qui se charge de cette tâche. Donc vous ouvrez le Cdrom Linux PPC et vous cliquez sur l’installeur:
Ceci fait, vous redémarrez et rendez-vous dans le Dossier Système du Mac pour y décompresser ramdisk.img.gz. il suffit de double-cliquer dessus (le Cdrom LinuxPPC 2000 doit toujours être dans le lecteur car c’est là que se trouve l’utilitaire de décompression) et c’est tout. Ensuite vous devez éditer le fichier yaboot.conf pour en modifier quelques lignes pour "lui faire dire" de booter sur le noyau de Linux GNU et non sur le CD de l’installation comme au début de nos péripéties… Ceci est très bien expliqué dans le manuel, lisez bien toutes ces infos se rapportant au Boot de Linux. Même en anglais (langue que je n’affectionne pas trop) j’ai réussi à comprtendre les termes informatiques. C’est pour dire…:-)
Important: si la méthode de boot ne fonctionne pas, il existe une méthode plus fastidieuse qui consiste à booter sur le CD-Rom de LinuxPPC (comme pour l’installation), et au moment où vous voyez l’écran noir et les lignes vertes qui apparaîssent appuyez sur la touche "tabulation" du clavier. Vous entrez dans le menu de boot de Linux et il faut taper la commande :" linuxppc " (toujours sans les guillemets) et là votre Linux GNU démarre, à la main. C’est la méthode que j’utilise, car j’ai un problème entre BootX et Yaboot visiblement. Est-ce que je n’ai pas tout compris (possible), ou bien il faut se procurer le dernier noyau sur Internet compatible avec MacOS 9.0.4 qui serait à l’origine du problème, à voir. C’est sûr, ce n’est pas du MacOS !!! Des progrès immenses ont été faits pour nous faciliter l’installation, mais ce n’est pas encore le top. Imaginez installer cet OS ne serait-ce qu’un an en arrière… Dépression nerveuse à la clé.
Ça y est, je suis sous le bureau | de mon Linux GNU… |
Avec ma méthode expliquée ci-dessus, je me retrouve devant la fenêtre du mot de passe. Tapez "root " puis Entrer, et saisssez votre mot de passe créé à la fin de l’installation tout à l’heure. Vous ne l’avez pas oublié, j’espère ?
Ca y est, je me sens fébrile, la tension est au maximum… Hourra !!!
Le bureau est là, les icônes, la barre du menu Gnome déroulante… Bref un système en parfait état de fonctionnement. Je lance Gimp (équivalent de Photoshop) et je crée une image, je la drag and drop dans un dossier. Nickel, tout fonctionne. J’appelle mon CD-Rom (mnt/cdrom) et il apparaît, je l’explore. Franchement, cela valait le coup. J’ouvre deux à trois applications en même temps (pour tester le multitâche préemptif), pas de gros ralentissement notable. MacOS X devrait être une merveille… Linux me donne la sensation de fraîcheur et de fluidité, en déplaçant les fenêtres, en choisissant un nouveau papier peint… C’est rapide et très joli. Les premières sensations passées, je me lance dans le menu et je choisis KDE comme nouvel environnement graphique (le seul en français complet sur la distribution). Le top mais dans la langue de Molière… 🙂
Pour le reste, ce sera à vous de le découvrir, de le prendre en main par le biais de livres, de manuels, et surtout d’Internet qui regorgent de sites et de conseils dans la maintenance et l’optimisation d’un système à base d’un Unix libre. Si vous avez le temps et l’envie, vous maîtriserez assez rapidement la "bête". Là je ne peux plus vous aider…:-)
Conclusion de cette aventure | dans l’Antarctique numérique… |
L’installation de cet OS n’est pas trop compliquée du fait des distributions actuelles. Tout un chacun peut s’y essayer sans risque. La convivialité et l’installation seront grandement facilitées dès le mois de juin 2000, par la mise en vente de la célèbre distribution "SUSE 6.4" actuellement disponible chez les cousins Wintel. Il n’y aura presque plus rien à faire, comme avec MacOS… Seuleument, Linux est un OS difficile à maîtriser rapidement. Il faut compiler des applications, des noyaux, vérifier ses mises à jour pour avoir les derniers drivers, etc. Ce n’est pas du tout convivial, loin de là ! Pour l’entretien et l’optimisation d’un OS de type Linux GNU, il faudra du temps, des recherches sur le Net & manuels, des conseils dispensés dans les LUG locaux. Beaucoup de travail en perspective… Ce que le néophyte en informatique n’a pas trop l’envie et le temps de faire, donc lui il achète un Mac (comme nous ! :-). Installer ce système d’exploitation en le faisant cohabiter avec MacOS, le découvrir à "petit feu" en parallèle de ses activités numériques ; cela s’avère être un bon compromis. En tout cas, c’est le mien.
Lancez-vous dès maintenant dans l’achat d’une "LinuxPPC 2000 Q4" ou d’une "YellowDog" pour goûter à cet OS. Attendez juin, la mise sur le marché Mac de la SUSE 6.4 (c’est à mon avis ce qu’il faut faire). Ou alors soyez patients, et faîtes honneur à notre Unix "à nous", dès qu’il sera disponible: j’ai nommé MacOS X "le magnifique". Parce que si Apple réussit son pari de nous donner un Unix convivial à la sauce MacOS, le résultat promet d’être "un véritable tremblement de disque dur" sur la planète des ordinateurs personnels. Et c’est en ayant testé Linux GNU pour vous en l’installant, que je me suis rendu compte à quel point MacOS X devrait changer nos habitudes informatiques et le rapport affectif que l’on a avec nos machines frappées de la Pomme. Et ce , en nous offrant des qualités du monde Unix qui existent depuis une vingtaine d’années déjà, et que l’on attend tous avec impatience… Marrant, l’histoire se répète souvent de cette façon, avec les "anciens" qui volent au secours des "modernes"… Gageons qu’Apple réussisse là où beaucoup d’autres (dont la firme de Redmond) se sont cassés les dents…:-)