FlowerPower : coup de folie ?
Pour une surprise c’est vraiment une surprise ! Personne n’aurait pu prédire, ou ne serait-ce qu’ imaginer…
Introduction…
Pour une surprise c’est vraiment une surprise ! Personne n’aurait pu prédire, ou ne serait-ce qu’ imaginer, de tels coloris pour des ordinateurs de bureau. Même si la luciole d’Apple est une machine prédisposée à de tels changements radicaux de garde-robe. Tous les sobriquets évoquant de près ou de loin un jouet lui collent à la peau depuis juillet 1998, aimablement fournis par ses détracteurs, mais ce n’est pas une raison suffisante pour franchir le cap.
Il faudra s’y habituer, les 101 dalmatiens et la 2CV des babas cools de Woodstock seront présents pendant au moins six mois au catalogue de la firme de Cupertino. C’est donc encore Apple qui brille par sa présence médiatique au travers de son leader charismatique, en prenant toujours les devants en matière d’innovation numérique, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Essayons de comprendre la genèse de cette histoire qui va faire couler beaucoup d’encre dans les jours à venir. C’est plus qu’une certitude, ça au moins ! D’ailleurs, la Rédac’ lui dédie un dossier… si c’est pas une preuve ça !
Les iMacs Pokémons…
Cette gamme se compose donc de trois modèles de machines, qui se déclinent en différents coloris comme vous avez pu le constater. Le modèle d’entrée de gamme reste fidèle au bleu-indigo des versions précédentes, d’ailleurs c’est sa couleur unique, alors que les deux autres familles se voient vêtues l’une de la coque des 101 dalmatiens made in Cupertino, l’autre des Flowers Woodstock made in seventies. Reste quand même la très "professionnelle" couleur Graphite, pour le modèle haut-de-gamme remplaçant la dénomination "Edition Spéciale 2000" et permettant de rassurer les plus conservateurs d’entre nous. L’iMac Snow ne s’est pas bien vendu de toute façon, donc Apple conserve les couleurs qui marchent en introduisant les nouvelles en parallèle.
Côté technique, l’on est déçu en règle générale par ce qui se trouve à l’intérieur de ces machines, hormis le bien pratique lecteur CD-RW qui devient une religion chez les gars de Cupertino. Il ne manque plus que les gammes de portables pour que la secte soit complète en la matière, et pour brûler de la galette à tour de bras. Mais à part cela, les iMacs ne bénéficient pas des avancées technologiques comme les PowerMacintosh G4 qui, eux, embarquent les spécifications de l’UMA "1.5" depuis le 9 janvier 2001. C’est vrai qu’ils sont tous dotés de connectiques à la norme Firewire, ainsi que d’une sortie VGA pour connecter en mode miroir un écran externe. Mais l’entrée de gamme par exemple se trouve toujours flanquée de cette vieille carte ATI 128 Pro avec 8 Mo de VRam seulement. Et pour une machine qui se veut joueuse en famille, il ne faudra (toujours) pas lui demander de faire des miracles, même si les jeux Mac du marché ne sont pas tous des dévoreurs de puissance. Rune, par exemple, s’annonce comme un hit sur la plateforme, et la configuration de base de l’iMac entrée de gamme sera insuffisante pour s’y adonner ludiquement. Et pour un prix de 1200 Euros tout de même !
Les copains ont pour leur part le double de mémoire vidéo, mais possèdent le même chip ATI. C’est mieux, mais cela date de son introduction en janvier 1999, or le monde ludique évolue très vite et plus de 18 mois de présence représentent une éternité. Paradoxalement nVidia entre en force dans le monde Mac.
La présence du lecteur CD-RW (et des diverses améliorations) augmentent le prix de vente de cette machine toujours destinée à être la référence du grand public. Le ticket d’entrée pour l’iMac prend quand même 150 euros d’embonpoint tarifaire. Et possède toujours un écran cathodique de 15 pouces. Il n’a que les ports Firewire en plus et la prise VGA. On a donc du mal à accepter l’addition quelque peu salée, alors que la baisse de prix touche le Cube G4, et qu’Apple avait entrepris lors de la dernière gamme d’iMacs 2000 une baisse de prix sur l’entrée de gamme qui aurait dû logiquement continuer sa chute. La même machine à 200 euros de moins aurait paru relever d’une logique plus adéquate pour les macusers ou les nouveaux venus à l’informatique, désireux de s’acheter une luciole possédant un sacré rapport qualité-prix. Dommage, vraiment dommage…
Pourquoi Steve a fait ça ?
Mais que s’est-il donc passé pour que ces deux nouvelles robes colorées et bariolées trouvent place sur ces nouveaux modèles d’iMac ? Qui donc a pris la décision de se lancer dans une telle aventure graphique, qui s’apparente plus à la mode vestimentaire qu’aux habillages numériques pour des machines dédiées aux nouvelles technologies ?
Mis à part connaître personnellement le CEO d’Apple "himself", nous ne pourrons jamais savoir avec certitude le pourquoi du comment. On ne peut que supputer ou explorer des pistes en fonctions de ce que l’on sait déjà. L’exercice est difficile, subjectif, mais j’ai envie d’essayer. Car ces iMacs appellent forcément à discussion, même si leur venue dans notre monde informatique ne me laisse qu’indifférent en terme de hardware. Comprendre la genèse, enfin essayer, est par contre intéressant.
Je n’ai pas connu cette période au vu de mon âge. Je n’étais pas encore né… Si des points importants de cette époque qui ne peut être que virtuelle pour moi ne sont pas soulignés, je demande grâce aux acteurs de ces années par avance. Au moins cela leur montrera l’image qu’en a ma génération. Ceci étant dit, je me lance…
Tout le monde connaît le passé de Mr Steve Jobs, son goût pour les Beatles ou les groupements hippies des années 1970. Les musiques employées dans les spots de publicité "Think different" nous le rappellent à chaque clic de souris. La déferlante de Woodstock a laissé des traces ? C’est la réponse primaire la plus logique pour tenter d’expliquer cette conséquence sur les iMacs. Les tissus, les habits, le symbole de la fleur, tout concourt à démontrer que iMac Flowers & Dalmatians sont les enfants d’une époque que Steve a aimée, que Steve a vécue (encore la robe "Dalmatians" s’adresse-t-elle nettement plus aux joyeux bambins, fans de Disney). Est-il nostalgique de ces souvenirs du siècle dernier pour les ramener au premier plan ?
Le logo Apple, pendant de très longues années, fût de couleur arc-en-ciel… Bien. Ne serait-ce pas un peu trop facile? Il est sûr que les fondations de cette nouvelle gamme de machines tirent leur quintessence de l’histoire personnelle du CEO d’Apple. On ne peut pas passer outre. Seulement, d’autres facteurs ont peut-être plaidé pour activer cette sortie à ce moment-là.
Tout d’abord, le choix de la ville de Tokyo pour annoncer la gamme est loin d’être innocent. La planète toute entière connaît le goût prononcé de la nouvelle génération de japonais pour les objets bariolés, designés, futuristes ou customisés ! Une génération Techno également, avec ses rites et ses communautés qui rappellent fortement une identité hippie des années 70. Mais ce n’est pas exactement pareil à mon sens, car la musique est le point de ralliement de ces technos boys/girls du 21ème siècle, alors que dans les années 70 il s’agissait de libérer le corps et l’individu du carcan social. L’idéologie était le moteur du mouvement, la musique son support principal. Cette dernière étant très importante, elle a permis de faire apparaître des musiciens révolutionnaires qui ont marqué la chair de l’Histoire de leur sceau. Je ne citerai que Jimi Hendrix… Dans le cadre techno, on revendique des valeurs universelles identiques (le respect d’autrui, la liberté de l’individu, pas de règles, etc.), mais la sensation que ses acteurs sont moins impliqués (les convictions seraient-elles moins puissantes ?) que leurs aînés ne peut être occultée.
Donc, on peut raisonnablement faire un parallèle entre ces deux mouvements distincts de 30 ans. La conséquence, c’est un véritable fait de société dans ce pays, le Japon, à la pointe dans beaucoup de secteurs liés à l’électronique ou au monde des nouvelles technologies. Papa des tamagoshis, de Goldorak, des Pokémons, et autres délires graphiques qui sont légions sur l’île. Un européen, un américain ou un africain n’aura forcément pas le même regard sur la chose car les cultures sont radicalement différentes. Et c’est normal. L’iMac a vraiment fait un gros tabac au Japon lors de sa sortie en juillet 1998. Ensuite, les ventes se sont essoufflées (perte de 2% de parts de marché en 2000). Il fallait redonner du punch à la luciole au pays du Soleil Levant, et la réponse peut être incarnée par ces deux nouveaux coloris.
Nous commençons donc à tenir une explication rationnelle à une présentation qui ne le paraît pas. Mais il faut également rajouter une chose, un détail qui devrait avoir son importance. Le plaisir, notion qui est intimement liée à l’humain (qu’il recherche en permanence dans chacun de ses actes quotidiens) et dont le CEO d’Apple n’est certainement pas dénué. Mister Steve s’est tout simplement fait plaisir en sortant ces nouvelles robes pour sa luciole.
Et pourquoi pas ?
Le bonbon coloré est le symbole de son retour à la tête d’Apple, le symbole du succès retrouvé après tant d’années noires pour le monde du Macintosh. Mettant de côté les désatreuses décisions que Cupertino a tout de même prises sous l’ère Jobs, ce dernier est le sauveur de cette firme. Indéniable, indiscutable fait constaté.
Maintenant que les choses vont mieux du côté de la Silicon Valley pour la Pomme devenue blanche, le CEO a peut-être eu envie de se faire plaisir avec ce terrible pied-de-nez au monde "sérieux" qui pratique l’informatique au quotidien. Une vengeance édulcorée de son aspect négatif et méprisable, aux détracteurs et ennemis du patron d’Apple qui ont jalonné sa vie durant de longues années. Aujourd’hui il pourrait dire ceci : " Ma société va bien, nous sommes leaders à notre façon, regardez ce que l’on peut se permettre de faire : sortir un produit rien que pour le plaisir d’ assouvir une envie, et ce, hors cadre de la logique marketing ou de la logique tout court ! " En regardant la Keynote de Steve Jobs sur le Web en différée, il faut observer le moment de l’annonce et de l’arrivée des bestioles Pokémons. Steve sourit comme jamais je ne l’ai vu sourire, comme une délivrance, comme une revanche méritée car sûr des réactions qui allaient en découler. Les spots de promotion, présentés lors de cette Keynote, sont vraiment loins du côté soft des anciennes campagnes de pub pour les iMacs Rubis et autres Indigo. Elles donnent une impression de très personnel, de très lié à Jobs. Il s’est mis dans la peau d’un jeune de 20 ans qui réalise tous ses rêves dans son garage sans considérations économiques. S’ils se vendent, cela pourrait être la fleur sur le gâteau… (un spacecake ? 🙂
Conclusion
Le choix de la couleur Dalmatien est aussi une interrogation supplémentaire, car si on peut facilement lier les "Flowers" à la jeunesse de Steve, les 101 dalmatiens en sont nécessairement plus éloignés (d’un certain point de vue). Un dessin animé qui se range dans les favoris de Steve, alors ? Flowers ou Dalmatians, la source doit être toutefois identique.
Quant à ces iMacs, ils sont déjà objets de polémiques, mais pas seulement dans le domaine visible du design, qui s’apparente à un défilé de haute-couture. Il existe des différences de mémoire cache en fonction des pays où seront vendues ces machines grand public. Et surtout une discrimination graphique par le biais de leur carte vidéo : ATI 128 Pro et ATI 128 Ultra, sur le modèle moyen de gamme cadencé à 500 MHz. Les explications officielles seraient liées tout simplement au fait que les modèles hors Etats-Unis & Canada sont vendus moins chers. Enfin, un tout petit peu moins chers…
La polémique est engagée, et Apple ne pourra pas y échapper, car sur ce sujet beaucoup plus grave que les coloris flowers in world, le consommateur va se sentir légitimement floué. La logique marketing a repris ses droits sur le court instant de rêve que s’est offert Steve. Quel gâchis…
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