Apple à la croisée des chemins?
Une grande partie de la presse anglo-saxonne tient maintenant pour acquise la mise en place par Apple d’un service de téléchargement de musique en ligne, qui en a d’ores et déjà fait la démonstration à plusieurs hauts dirigeants de l’industrie du disque ; ceux-ci ne tarissent d’ailleurs pas d’éloges sur la simplicité d’utilisation dudit service…
Une grande partie de la presse anglo-saxonne tient maintenant pour acquise la mise en place par Apple d’un service de téléchargement de musique en ligne, qui en a d’ores et déjà fait la démonstration à plusieurs hauts dirigeants de l’industrie du disque ; ceux-ci ne tarissent d’ailleurs pas d’éloges sur la simplicité d’utilisation du service [[ce qui est quand même le minimum des minima pour un produit estampillé Apple, et l’on n’ose imaginer la position officielle de ces mêmes “Majors” s’il se fût agi d’une extension issue de l’ open source à destination des réseaux peer to peer ]], donné pour être un prolongement naturel des prochaine livraisons d’ iTunes et de l’ iPod. Les mêmes qui n’avaient pas de mots assez durs à l’égard d’Apple lorsqu’elle communiquait sur la facilité de manipulation des fichiers musicaux auraient notommament déclaré : “C’est exactement le système qui aurait dû exister il y a cinq ans de ça“…
Or, en dehors du fait que c’est genre de réflexion qui accompagne généralement les vraies idées novatrices, il ne manquera sans doute pas de voix pour rétorquer que les Majors des industries phonographiques avaient largement le temps, sans parler de la puissance financière, nécessaires pour développer un tel système, et qu’en tout état de cause celui-ci aurait été proposé depuis belle lurette déjà si les mêmes n’avaient pas mené systématiquement un combat d’arrière-garde vis à vis de tout ce qui pouvait y ressembler de près ou de loin, faute d’avoir su sinon l’anticiper du moins l’accompagner.
De toute évidence, ce n’est pas tant le principe mais le montant des royalties qui ont pu faire pencher la balance cette fois-ci, et peut-être aussi la taille critique de l’intermédiaire qui devra les reverser. Apple aura en effet réussi à accéder au catalogue des “L5 de l’industrie” du disque et nul ne sait ce que Steve Jobs, par ailleurs CEO de la société de production Pixar aura dû céder pour susciter un tel concert de louanges, là où les mêmes pleuraient auparavant misère sur fond de tiroir-caisse. Le syllogisme qui veut que l’augmentation des échanges de fichiers en peer to peer entraîne la baisse des revenus de l’industrie phonographique a ainsi été démonté par Pascal Nègre, le président de la Société Civile des Producteurs Phonographiques, demandant “une procédure nationales de filtrage des contenus illicites” non lors d’un colloque sur la protection des droits de l’enfant, mais à l’ouverture du dernier MIDEM de Cannes, deux jours après s’être félicité de la progression de 10% des ventes l’an dernier…
Apple prend en l’ occurrence deux risques importants :
D’une part comme l’a montré le coup de semonce venu de Wall Street avec la baisse du titre, après le bel exercice de casuistique de Steve Jobs démentant sans vraiment les exclure tout à faire les propos du PDG de Vivendi Universal qui annonçait des pourparlers portant sur le rachat par Cupertino du pôle musique du groupe, à hauteur de la totalité des liquidités dont dispose Apple. C’est ce qui explique sans doute les fuites autorisées et instrumentalisées auxquelles nous assistons aujourd’hui.
Pourtant, la question “combien?” continue de se poser avec acuité après le démarrage en demi-teinte de la version payante de son service .Mac : combien, c’est dire à quelles conditions a-t-on obtenu au 1, Infinite Loop, Cupertino la permission de puiser en exclusivité pour l’instant dans les tiroirs des 5 plus grandes compagnies discographiques mondiales et surtout combien seront prêt à payer les afficionados de la Pomme pour avoir accès à des titres dans leur grande majorité déjà amortis et largement disponibles ailleurs, et dans quelles conditions seront-ils autorisés à les conserver?
D’autre part, si l’industrie du disque commence déjà à saliver en espérant qu’ “Apple puisse faire pour l’industrie du disque ce que l’iPod a fait pour la musique portable“, il est clair qu’elle louche déjà sur le gigantesque marché que représentent les 90% du parc informatique fonctionnant sous Windows si l’affaire s’avérait rentable, ce qui obligerait Apple à prendre en charge la gestion de la plate-forme Windows comme elle l’avait fait pour l’iPod, faute de voir l’histoire se répéter et Redmond se goinfrer avec un marché exploré par Apple. Car Steve Jobs n’est pas seul à avoir flairé la bonne affaire, si tant est que bonne affaire il y ait, et les couteaux s’aiguisent dans l’ombre : Real Networks vient ainsi notamment d’annoncer avoir signé un protocole pour le rachat de Listen.com et il ne s’agit plus maintenant de savoir si mais pendant combien de temps Microsoft va rester hors du jeu. Or il semble que les Majors du disque aient d’ores et déjà plusieurs fers au feu…
Espérons que la Pomme saura se garder de ce double écueil… Nous aurons un début de réponse sans doute à partir du 28 avril, même s’il sera toujours possible ensuite de rectifier le tir… dans une certaine mesure.
– Apples Readies New Online Music Service
– Apple tunes up for music pitch
– RealNetworks Buys Listen.com, Targets Online Music
– Real Networks affirme que la plate-forme Rhapsody ne fera pas d’ombre à Musicnet