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Prospective

Apple coupe le cordon

Il y a quelque chose dans l’air, avait laissé filtrer Apple depuis quelques jours. On a en effet beaucoup parlé de wireless lors de la Keynote… Mais encore une fois, c’est de l’air du temps dont il aura été question

Boro

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L’attente des aficionados était il faut bien le dire assez considérable, et les stratèges marqueteurs de La Pomme avaient été à leur affaire : la fashionista qui avait bouilli d’impatience toute la semaine et qui se tenait toute prête à être ébouriffée avant de sortir son carnet de chèques a toutes les chances de rester sur sa faim. Si l’on a bien vu de l’innovation ce soir, celle-ci pousse notamment le facteur de forme de l’ordinateur portable tel qu’on le connaît aujourd’hui dans ses derniers retranchements, au point que le petit dernier de la famille Macbook fait assez figure de concept-car, destiné à valider quelques avancées industrielles plutôt qu’à satisfaire les besoins du plus grand nombre, comme Apple nous y avait habitué depuis quelques années. Reste que c’est bel et bien les différentes briques de sa vision du réseau sans-fil est en train de continuer de monter…

• Time capsule

On risque d’en entendre parler pendant un petit moment : ceux qui se sont demandé pourquoi la sauvegarde avec Time Machin avec un disque branché sur l’Airport Extreme, qui était parfaitement opérationnelle jusqu’à l’avant-dernière beta de Leopard, ne l’est désormais plus depuis la version définitive. Un petit malin s’est avisé de farcir une borne Airport avec un disque dur, et de la proposer à un prix il faut le reconnaître très abordable. La solution reconnaissons-le également est pétrie de l’élégance Apple : plus de câble, d’alimentation et même d’appareil supplémentaire ; c’est le procédé commercial qui, lui, en manque singulièrement.

• iPhone et Apple touch

Steve Jobs a eu beau se montrer satisfait des scores de l’iPhone au 3e trimestre, si le titre AAPL a été assez durement sanctionnée dans la journée d’hier c’est en grande partie du fait du minimum syndical de la mise-à-jour des fonctionnalités apportées à l’iPhone : la version 1.1.3 avec la géo-locatisation par triangulation, les web clips, les SMS multiples ou la navigation par chapitres dans le compartiment vidéo représente tout juste une temporisation… en attendant la fin février et l’upgrade plus conséquent qui devrait accompagner la mise à disposition du Kit de Développement Logiciel consacré à l’iPhone. Une chose est sûre, et de là découle une bonne partie des sottises ou des incompréhensions qui ont pu être opposés à l’iPhone : grâce à l’écran tactile, c’est le logiciel interne qui conditionne l’essentiel des fonctions de l’appareil – et non plus les boutons – et celui-ci, encore largement immature, sera encore amené à évoluer, y compris lorsque de nouveaux modèles auront été proposés.

La mise à jour de l’iPod touch avec un certain nombre d’applications présentes sur l’iPhone en est également un bon exemple. Celui-ci sera livré à partir d’aujourd’hui avec Mail, Google Maps, les widgets de la bourse et de la météo, ainsi qu’un calepin pour la prise de notes. Apple également possible de mettre les “anciens” iPod touch à niveau, moyennant 17,99 €. On peut en déduire qu’Apple ne craint décidément plus la cannibalisation de l’iPhone par l’iPod touch, même si c’est la réussite de l’iPhone qui reste clairement son objectif principal.

En ce qui concerne les ventes de celui-ci, Apple s’est hissée dès son 1er trimestre à la 2e place du marché américain du smartphone avec près de 20% selon Gartner, ce qui représente à peu près autant que Palm, Motorola et Nokia ses 3 poursuivants réunis… mais tout juste la moitié de R.I.M. le créateur du BlackBerry ! Fut-ce avec 4 millions d’iPhones vendus en 200 jours à peine, le téléphone révolutionnaire d’Apple n’est pas le raz-de-marée attendu en Europe : Steve n’a d’ailleurs pas pipé mot sur le sujet…

• Apple TV et la location de vidéo

C’est l’une des pièces majeures du puzzle : malgré le succès relatif de la vente des films Disney sur l’iTunes Store étatsunien, le cinéma dématérialisé n’a pas donné tout le potentiel qu’Apple en espérait. Si l’on considère le contre-exemple de la musique, les raisons n’en sont pas difficiles à comprendre : un catalogue limité, uniquement disponible à la vente quand au contraire de la musique le marché de la location répond à une attente très large… et le “killer device”, l’équivalent pour le sofa de ce que l’iPod a pu devenir pour toutes les poches. Les studios et Apple en ont tiré les conséquences, et chacun a accepté d’en rabattre : en particulier toutes les Majors du cinéma en sont partie prenante, et la Warner a eu l’intelligence d’accompagner la transition du DVD en autorisant une copie sur iTunes de ses films à la vente. Disponible dès hier, le service devrait être étendu au reste du monde d’ici la fin de l’année.

Pour ce qui est d’Apple TV 2.0, outre la baisse du prix, Apple a poursuivi sa démarche en débarrassant le lecteur de son cordon ombilical avec iTunes, et en faisant pratiquement disparaître l’ordinateur qui se cache derrière lui. Il est désormais possible de louer et d’acheter directement des films directement depuis l’Apple TV, en Haute Définition pour certains d’entre eux, ou de visionner des contenus depuis You Tube, Flickr ou un compte .Mac, sans même avoir la sensation de passer par Front Row… Comme pour l’iPhone ,ou l’iPod touch, Mac OS X permet aux premiers modèles vendus de bénéficier de l’amélioration grâce à une mise à jour logicielle.

MacBook Air

C’est la partie la plus visible de l’iceberg qui s’est avancé hier, et pour tout dire un véritable exploit : la carte-mère n’est pas plus longue qu’un crayon et la machine elle-même est plus fine que tout ce qu’a fait la concurrence jusqu’ici : il est vrai que, plus large que les autres et doté d’un véritable clavier étendu rétro-éclairé et d’un écran 13”3, le MacBook Air peut répartir différemment les composants qu’il abrite… Le PowerBook 17” était ainsi plus fin que le MacBook Pro 15”, luis même plus fin que feu le MacBook Pro 12”…

Qui plus est, un certain nombre d’éléments présents chez les autres ont disparu : le modem RTC depuis belle-lurette, mais c’est nouveau le port RJ-45 de la connexion Ethernet, FireWire et le lecteur optique… désormais en option. De fait, toute le connectivité et l’appareil tout-entier se trouvent concentrés sur le fonctionnement sans-fil : l’autonomie elle-même est comptabilisée sur 5 heures de productivité sans-fil, quand l’autonomie de la famille MacBook s’étageait déjà de 5 à 6 heures… Airport éteint !

Outre le tour de force général de l’ingéniérie, avec également un petit exploit de la part d’Intel sur e processeur, le MacBook Air inaugure 2 innovations majeures qui seront sans aucun doute mis à profit dans les prochains mois : le trackpad élargi, qui autorise à présent certains gestes de l’interface des écrans tactiles, et surtout Remote Disc qui affranchit virtuellement tout appareil nomade à venir du poids et de l’encombrement d’un lecteur optique, quelle que soit ses dimensions, pourvu que son propriétaire dispose d’un ordinateur de bureau.

Quant à son prix, il reste malgré ce qu’on a pu lire ici ou là raisonnable, au regard de ce que propose la concurrence sur un créneau équivalent, et pourvu que l’on se passe de l’option disque dur SSD. Il n’en demeure pas moins que, avec son design qui rappelle selon les angles le PowerBook Titanium, le PowerBook 12 pouces ou l’iBook premier du nom, il se réserve au marché restreint des véritables travailleurs nomades ou de l’éducation supérieure. Un bon test pourrait être son intégration à l’offre d’Apple du Plan Micro-Portable Etudiant.

Quand le sage désigne la lune…

Difficile de ne pas penser au proverbe chinois, même s’il n’est pas question de pérorer ici ou de se montrer blessant à l’égard de qui que ce soit… et si l’adage lui-même est désormais usé jusqu’à la corde ! Mais une nouvelle fois, l’intervention de Steve Jobs a été l’occasion de mobiliser depuis la côte Pacifique un certain nombre de masses d’air au travers des huisseries béantes de ce côté-ci de l’Atlantique, et la présentation du petit dernier de la famille MacBook n’a pas dérogé à la règle !

La chronique du 14 janvier qui passait en revue les différentes éventualités pour le rendez-vous de San Francisco et l’ensemble de l’année 2008 n’est donc pas tombée si loin : à quelques mois-près 10 ans après avoir présenté avec l’iMac le premier ordinateur personnel pensé autour de la connexion à internet [[La suppression du lecteur de disquettes avait déjà beaucoup suscité d’interrogations, qu’en reste-t-il aujourd’hui?]], Steve Jobs a présenté avec le MacBook Air non seulement le premier ordinateur à tirer les conséquences de la pervasivité des réseaux dans laquelle l’utilisateur baigne désormais, mais également les premiers éléments d’un écosystème complet qui paraîtra sans doute naturel dans les 10 ans qui viennent aux commentateurs aujourd’hui si circonspects. Gageons qu’entre-temps ils auront crié au génie…