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Prospective

Nouvel octo-puces pour Apple

On l’attendait depuis novembre, et c’est au lendemain de l’annonce par Intel d’une nouvelle génération de puces professionnelles et grand-public qu’Apple a choisi de faire donner sa cavalerie lourde. Contradiction ? Surtout pas.

Boro

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Soyons francs, il est vraiment difficile de ne pas voir qu’il se passe quelque chose sans précédent cette année au CES de Las Vegas. Une page s’est en effet tournée au Consumer Electronic Show, bien au-delà des adieux de Bill Gates mis en scène au cours d’une manifestation qui avait fini par se penser comme l’alternative du monde PC à l’iPod et à la MacWorld Expo, laquelle se tient chaque année traditionnellement début janvier à San Francisco. Et si l’an passé, les organisateurs du CES avaient cru bon de faire coïncider les dates de leur manifestation avec celle de la MacWorld, les participants du CES avaient pu prendre conscience que l’essentiel se jouait ailleurs, l’annonce de l’iPhone ayant totalement éclipsé toute la bimbeloterie électronique présentée à Las Vegas, et par bien des côtés aussi kitsch que leur ville-hôte elle-même.

Or la tenue du CES cette année, une semaine avant la MacWorld, n’aura rien changé : en ce qui concerne l’audio et même la vidéo, les appareils électroniques estampillés “iPod” ont entrepris d’investir le salon, avec par exemple des téléviseurs HD de 32 à 52 pouces présentés par JVC comme les plus fins au monde et spécialement adaptés pour l’iPod avec notamment une station d’accueil. Quant à la vidéo HD qui représente le morceau de bravoure de cette édition à Las Vegas, il est très probable que le sujet sera également l’un des temps forts – et probablement des surprises – mijotées par Steve Jobs pour sa Keynote mardi.

Dans ces conditions, la présentation d’une nouvelle mouture du Mac Pro qui n’avait pas bougé depuis le 4 avril, spécialement taillée cette fois pour les professionnels de l’image animée, apparaît clairement comme une mise-en-bouche avant le grand raout du 15 janvier, soutenue par la mise à jour du Xserve dont la dernière révision remonte à peine au 7 septembre dernier. Il est vrai que celui-ci est encore visiblement à la peine vis-à-vis des poids-lourds que sont HP ou Dell.

Une station de travail hors du commun

Tout d’abord, les performances la nouvelle génération de Xeon baptisée Harpertown embarquée dans les Mac Pro – selon les benchmarks commandités par Apple – offre des gains somme-toute minimes par rapport à celle qui la précédait… sauf peut-être pour le calcul scientifique. L’explication est simple et on aurait tort de voir dans cette dernière mise à jour un simple toilettage cosmétique : les ingénieurs de Santa-Clara ont visiblement bénéficié du savoir-faire de leurs homologues de Cupertino bâti avec l’Altivec, en matière d’instructions SIMD. Même si la nouvelle architecture Penryn qui fait ici son entrée dans la gamme Apple bénéficie d’un meilleur rendement énergétique et d’une finesse de gravure qui intéresse au premier chef tout le barnum ambulatoire qui piaffe d’impatience dans les labos de Cupertino, c’est avant tout l’introduction du nouveau jeu d’instructions SSE4 qui représente l’un des principaux intérêts des nouvelles machines… même si aucune application professionnelle ne peut actuellement en tirer pleinement parti…

C’est particulièrement vrai pour ce qui est du Xserve désormais largement employé pour du calcul parallèle dans la recherche scientifique, et dans une moindre mesure pour le Mac Pro destiné au traitement de l’image, photo ou vidéo, qui bénéficie d’une architecture générale taillée sur-mesures pour bénéficier des atouts de la nouvelle Penryn.

Une architecture générale pensée pour l’image

La nouvelle plate-forme Intel permet ainsi de mettre en œuvre 12 Mo de cache L2 par processeur (6 Mo partagés par chaque paire de noyaux), 2 bus frontaux à 1600 Mhz sur 64 bits, et l’accès à jusqu’à 32 Go de RAM DDR2 FB à 800 Mhz. Avec les 2 ports PCI Express 2.0 capables de recevoir les toutes dernières générations de cartes NVIDIA et ATI , plus 2 autres ports PCI Express de la génération précédente, le Mac Pro peut se veut clairement pensé pour les professionnels de l’image qui sont les clients traditionnels d’Apple sur le segment : le cinéma, la photo, et de plus en plus la télévision. Mais avec également 2 ports Ethernet en standard sur le Mac Pro ou une petite carte graphique sur le Xserve, on assiste à la création de passerelles entre les usages. Question stockage enfin, les nouvelles machines ne sont pas en reste puisque le Mac Pro peut abriter jusqu’à 4 To de disque dur – l’équivalent du Xserve RAID il y a 2 ans. On notera également possibilité d’opter pour la norme SAS en option, et une nouvelle carte RAID avec 256 Mo de mémoire cache, dotée d’une batterie de secours intégrée permettant de protectéger des données en mémoire cache jusqu’à 72 heures.

Vers une Macworld qui en met plein les yeux ?

On l’aura compris, la Keynote de la semaine prochaine a de très fortes chances d’être placée sous le signe de l’image : il ne servirait pas à grand-chose de présenter des bêtes de courses de ce niveau-là, assurément moins chères que les précédentes mais à coup-sûr tout de même davantage que les prochaines, sans proposer rapidement une batterie logicielle capable d’en tirer pleinement parti. Apple va-t-elle devancer son traditionnel rendez-vous d’avril au NAB de Las Vegas pour annoncer une mise-à-jour de sa suite, et faire ainsi pied à la profession en profitant des annonces autour de la VOD que les rumeurs annoncent avec insistance (voir la dépêche du 7 janvier), ou préférera-t-elle un salon professionnel ? Quid de la gamme portable professionnelle qui en est le prolongement naturel, et dont on sait que le secteur est de plus en plus friand : La Pomme attendra-elle avril pour intégrer la version nomade de la plate-forme Penryn dévoilée par Intel voici quelques jours ?

Reste également en suspend la question des supports de visualisation, tant du côté professionnel pour des Cinema Display vieillissants, qui ne remplissent même plus les critères Energy Star, que de celui du grand-public. Va-t-on voir évoluer l’Apple TV, quitte à la voir disparaître derrière l’ordinateur (voir la chronique du 20 mars 2007) ? ou au contraire Apple a-t-elle mis à profit les dernières avancées d’Intel pour pousser plus loin son avantage sur les écrans tactiles avec une tablette WiMax à la diagonale supérieure à celle de l’iPhone ou de l’iPod touch ? Il est probablement trop tôt, en l’absence de SDK propre à servir de substrat au nouvel écosystème logiciel nécessaire à la pérennité de la nouvelle famille d’appareil. Comme chaque année, les imaginations ne manqueront pas de s’échauffer pendant les quelques jours qui nous séparent de l’événement…