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L’ICANN liquide ses internautes

MacPlus

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L’ICANN[[Internet Corporation for Assigned Names and Numbers]], organisme a-priori indépendant et à buts non-lucratifs, en charge de l’attribution des noms de domaine[[Autrement appelés adresses DNS (Domain Name System), ce sont ces noms nécessairement uniques aux suffixes en .com, .fr, .org, etc.]] a voté vendredi 28 juin l’adoption d’un “système radicalement nouveau” pour sa gestion. La mesure la plus radicale en est “l’abolition” de la représentation des internautes au sein de son instance dirigeante. Celle-ci, composée de 19 membres, comportait jusqu’alors 5 élus désignés par des membres individuels au titre du programme AtLarge, qui seront remplacés par des professionnels, techniciens, ou issus du monde économique, politique, ainsi que d’organismes à buts non-lucratifs. C’est donc uniquement par leur intermédiaire que pourra désormais porter la voix des quelques 425 millions d’utilisateurs d’Internet.


Cette décision clôt un débat très controversé, au cours duquel est apparue la difficulté à recruter des candidats dans la communauté des internautes. Elle est néanmoins perçue comme un nouveau succès des intérêts dominants pour “assurer leur emprise sur le monde connecté”. L’ICANN, durant ses quatre années d’existence, a toujours fait l’objet de polémiques sur des choix stratégiques soupçonnés de favoriser les intérêts économico-politiques américains, dans le domaine critique qu’est la délivrance et l’organisation des adresses Internet. Elle espère cependant écarter ainsi la menace d’une prise de contrôle de ses activités par le pouvoir politique, comme il en a été question en début de mois.

L’ICANN, dirigée par le célèbre Vinton Cerf, co-concepteur du protocole TCP/IP, et à ce titre l’un des pères de l’Internet historique, entend ainsi envoyer un signal fort aux gouvernants et autres décideurs économiques sur sa capacité à se réformer. Il n’est pas dur d’y lire la volonté de se défaire des derniers stigmates d’un Internet libertaire, ouvrant la place à une instance plus mature, apte à faire face aux enjeux économiques sans cesse croissants au centre desquel elle se trouve placée.

La prochaine décision majeure que cet organisme aura bientôt à prendre risque en effet de faire couler beaucoup d’octets : il s’agit d’entériner ou non le principe d’une taxe d’un quart de dollar sur chaque nom de domaine nouvellement attribué, afin de renforcer les sources d’autofinancement. N’oublions pas que de nouveaux suffixes sont en train de voir le jour, comme .info ou .name, renouvelant d’autant la demande. Bien que cette mesure doive favoriser l’ndépendance de l’ICANN, dernier bastion officiel d’un Internet autogéré, les internautes, propriétaires par millions de noms de domaines à titre individuel, réagissent d’ores et déjà et à juste titre à ce qu’ils considèrent comme une “taxation sans représentation”. Il est en effet difficile de ne pas voir dans ces retournements un nouveau recul de la démocratie représentative du Réseau, et des modèles de développement fondés sur un accès universel et non-commercial qui étaient ceux de ses débuts.

– D’après l’article sur ZDnet
– Un autre, plus succinct, sur AppleLinks
– Le site de l’ICANN

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