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Prospective

MacBook : interview

Le très attendu successeur de l’iBook a pour finir été présenté le 16 mai dernier ; les premiers commentaires sont à la hauteur de l’attente. Jonathan Hadida, responsable produits Apple France revient sur l’annonce.

Boro

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Pratiquement 5 ans jour pour jour après le lancement de son prédécesseur l’iBook blanc dual USB équipé d’un processeur G3, Apple a présenté la très attendue version grand-public de sa ligne de portables sur processeurs Intel (voir la chronique du 17 mai). A en juger par l’accueil général, cela valait la peine d’attendre. Or si l’arrivée de l’iBook – en même temps que l’annonce du fameux premier grand contrat des 23 000 machines des écoles publiques du Comté d’Henrico – avait signé durablement l’inscription du petit portable dans le monde de l’Éducation, c’est l’apparition d’une autre petite boîte blanche signée Apple qui allait marquer un changement majeur dans l’histoire de la société.

iBookiPod.jpg Près de 50 millions d’exemplaires d’iPods plus tard, le MacBook qui succède à l’iBook porte la marque de cette double filiation avec ses changements de couleurs dignes des petits pois de Mendel… Mais il est en même temps bien davantage que la déclinaison pour madame ou monsieur tout-le-monde de son grand-frère professionnel lancé moins d’un mois auparavant (voir l’interview du 30 avril).
Jonathan Hadida, responsable produits chez Apple France présente pour MacPlus le nouveau portable grand-public de la Pomme.

MacPlus :
Apple vient de dévoiler les MacBook. Quels sont les atouts de ces nouvelles machines?

Jonathan Hadida :
Il s’agit d’une très belle annonce à mon sens ; nous avons une machine très compétitive et plus que séduisante…
Eh bien par rapport à la concurrence, le Core Duo à une fréquence plus élevée que nos concurrents, justement et à un meilleur prix ; une meilleure conception, que ce soit au niveau design, robustesse – sudden motion sensor – système de fermeture… et évidemment, Mac OS X et iLife 06 : pas de virus, et la meilleure suite logicielle pour les loisirs numériques.
Je ne vois pas ce qu’on peut demander de plus à un ordinateur grand public, sachant que Premiere et Photoshop Elements valent 148 euros et ne font pas la moitié de ce que fait iLife 06. [NDLR : vendus 150 euros en coffret pour la plate-forme Windows].
Et j’oubliais : une excellente autonomie pour un biprocesseur ! L’un des avantages du MacBook est aussi son format, il reste plus léger et surtout plus fin que la très grande majorité des portables.

MacPlus :
Et quels sont ses points faibles?

Jonathan Hadida :
Les gens qui le veulent en couleur strawberry ne seront pas satisfaits… (sourire)
Mais noir ou blanc c’est déjà bien ! Le noir a un côté exclusif et professionnel très agréable. De plus, il n’est pas peint, mais teinté dans la masse, et est donc très peu sensible aux rayures : ce n’est pas du tout le même traitement que le MacBook blanc.

MacPlus :
C’est ce qui motive l’écart de 150€, compte tenu de la différence de HD?

Jonathan Hadida :
Oui, car ce n’est pas juste une couche de peinture ; le traitement est totalement différent. De plus nous avons apporté énormément de soin à la finition de la machine : le feutre du superdrive, les pieds de la machines, l’intérieur des ports, les vis… tout est noir. Enfin, cette machine se positionne comme le remplaçant du PowerBook 12″.

MacPlus :

C”est ce que j’allais vous demander… c’est donc du “Black Corporate”

Jonathan Hadida :
Cette couleur lui donne effectivement un aspect plus professionnel… Il me plait bien moi !

MacPlus :
Si l’on considère ce qu’on lit un peu partout, tout le monde est effectivement sous le charme…

Jonathan Hadida :
Je pense que MacBook est destiné à un succès encore plus flagrant que celui d’iBook : c’est la première fois que l’on met autant de puissance, d’un coup, dans les mains du grand public, à un prix défiant toute concurrence…
et nous avons su garder un design attirant, un format très portable, et nous avons continué à innover et à surprendre les gens…

MacPlus :
Comment s’articule la “famille” MacBook justement, et quelle est la différence avec les MacBook Pro?

Jonathan Hadida :
MacBook Pro, comme son nom l’indique, est destiné aux professionnels qui utilisent des applications très gourmandes, notamment en ressources graphiques. Aperture, Final Cut Express HD, etc… fonctionnent sur un MacBook, mais pour un pro qui veut vraiment être productif, le MacBook Pro est la machine qu’il faut…
sans parler de la surface d’affichage supérieure. La carte graphique du MBP fait la différence pour les applications professionnelles.

MacPlus :
Pourquoi avoir choisi le chipset graphique Intel GMA 950, sachant que les machines sont livrées avec le minimum de RAM? On peut jouer avec un MacBook?

Jonathan Hadida :
on peut jouer, sans problème. L’Intel gma est un GPU programmable, ce qui lui permet de supporter core image et core video. Les performances sont donc largement meilleures dans Mac OS X que sur les générations précédentes. De plus, il utilise deux fois plus de mémoire vidéo, soit 64 Mo et enfin, il consomme très peu, procurant une meilleure autonomie.—–

MacPlus :
Pourquoi avoir fait le choix des écrans brillants, même sur un modèle “tous terrains” qu’Apple revendique comme pensé aussi pour le marché de l’Éducation?

Jonathan Hadida :
L’avantage d’un tel écran est qu’il a un très beau rendu pour des activités telle que le visionnage de DVD, ou de diaporamas photo ; Les noir sont plus profonds, avec un meilleur contraste, et les couleurs sont plus riches, plus vives… c’est très flatteur comme écran, très agréable.
De plus, nous n’avons pas fait du “brillant” comme sur la plupart des PC, nous avons fait ça bien… Nous avons limité les reflets parasites : certains écrans PC sont de véritables miroirs, on a un mal de crâne au bout de 2 minutes. A l’inverse, tous ceux qui ont vu l’écran du MacBook ont été conquis par son rendu.

MacPlus :
Est-ce qu’il est toujours livré avec AppleWorks?

Jonathan Hadida :
Non…

MacPlus :
Pourquoi… à part pour iWork, bien entendu…

Jonathan Hadida :
il n’y a pas d’autre raison. Nous mettons aujourd’hui notre énergie dans iWork, et nous avons deux applications de très grande qualité, utilisable gratuitement pendant 30 jours sur MacBook…
Et si l’utilisateur est convaincu, il peut l’acheter directement en ligne à un prix vraiment intéressant (79 euros si je ne m’abuse).
Je pense que c’est plus satisfaisant et tourné vers l’avenir qu’AppleWorks que nous avons arrêté de développer.
Cependant, il est toujours disponible à la vente.

MacPlus :
Pourquoi avoir mis une alimentation MagSafe différente des MacBook Pro ?

Jonathan Hadida :
Le connecteur est identique, et l’alimentation du MacBook est plus compacte, ce qui va bien à la machine. Elle est différente parce que la batterie est différente, avec une alimentation de 60w au lieu de 85w.

MacPlus :
Le MacBook est présenté comme une nouvelle architecture… est-ce que c’est le cas sur toute la famille MacBook, ou est-ce que le MacBook est la première machine d’une nouvelle évolution, comme iBook l’a été en son temps?

Jonathan Hadida :
Toute la famille MacBook partage la même architecture, dans les grandes lignes, la plus performante du marché à l’heure actuelle

MacPlus :
Un mot pour conclure?

Jonathan Hadida :
Je vous incite tous à aller en magasin découvrir MacBook ; c’est vraiment une machine unique, vous permettant de profiter de vos médias, de vos gadgets, facilement et agréablement, à un prix défiant toute concurrence…
D’ailleurs, moi aussi j’en veux un !
(en souriant) ça devrait pouvoir s’arranger…

Commentaire : une touche de génie ?

Les observateurs de l’industrie IT ont eu coutume de décrire la clientèle d’Apple comme une communauté, toute entière soudée derrière le gourou charismatique de la secte, et toujours prête à sortir son carnet de chèque ou sa carte bleue pour se jeter sur les dernières nouveautés de “la firme”, que ce soit par aveuglement ou comme d’autres versent le denier du culte : pour manifester leur soutien à la secte… On le sait, rien n’est moins vrai. Si l’attachement de l’aficion de Cupertino à la marque est sans conteste l’un des points forts de la société, celle-ci est régulièrement secouée par une ou autre de ces bronca que Redmond n’a jamais eu à négocier malgré la faillite patente du mythe de l’innovation selon Microsoft… Ce type de cliché usé jusqu’à la corde est d’ailleurs de moins en moins usité, sauf au détour de quelque sujet magazine improvisé vite fait sur le gaz à la faveur d’une actualité Apple un peu plus saillante que d’habitude…

C’est avant tout à ses produits qu’elle le doit : régulièrement les hommes de Steve Jobs se mettent en devoir de ré-expliquer au reste de l’industrie ce que c’est que le design industriel dans l’informatique… et encore, plus seulement en ce qui concerne les ordinateurs, comme le prouve le tabac fait chaque jour depuis bientôt 5 ans par les produits de la Pomme concernant le monde de la musique numérique !

Le nouveau design du clavier et le prix de la configuration de couleur noire résument à eux deux le particularisme qui est celui des équipes de Cupertino, et sans doute davantage depuis le retour de Jobs aux commandes.

une machine pleine de “sex-Apple”…

Le MacBook présenté voici quelques jours en est peut-être l’exemple plus abouti, du moins jusqu’à présent : un savant dosage d’intuition sur le design et le facteur de forme proprement dits, d’audace avec l’intégration harmonieuse des dernières innovations techniques à disposition, de volontarisme dans la décision de mettre à disposition ce cocktail unique de façon beaucoup plus accessible – du moins dans certains modèles … et de positionnement marketing totalement décomplexé.

Apple est sans doute la seule société d’un secteur informatique – où les prix et les marges sont l’objet d’une pression constante à la baisse – qui puisse se permettre de facturer 200€ de plus sur une machine grand-public, au regard que son disque dur est 20 Go plus gros, et que la couleur noire teintée dans la masse du polycarbonate de technologie spatiale est d’une classe furieuse, et rappelle le PowerBook WallStreet en son temps…

Pour tout cela, le petit dernier de la “famille” MacBook est très clairement représentatif d’une double lignée, celle des 2 premières générations de l’iBbok “palourde” puis “dual USB”, mais également celle de l’iPod, à qui son smoking noir ou blanc font un clin d’œil appuyé… Au delà des performances, le nouveau portable grand-public d’Apple est plus que jamais un appel du pied, ou un pas supplémentaire en direction des switchers, comme on voudra. Dans quelle mesure remplira-t’il sa mission de séduction, comme avant lui le Mac mini? Tout dépendra sans doute de la façon dont le tout nouveau modèle saura surmonter ses inévitables défauts de jeunesse. Mais encore une fois, à en juger par l’accueil reçu un peu partout, les choses semblent plutôt bien parties…