Carl Icahn tente de convaincre les actionnaires d’Apple
Icahn ne lâchera pas le morceaux. Dans une très longue lettre ouverte, le spéculateur milliardaire à l’odeur de souffre assumée (il est détesté par exemple par un certain Warren Buffet) s’explique sur les raisons qui le poussent à demander à Apple d’accentuer son programme de rachat d’actions. Rappelant d’abord le contexte général de l’action AAPL, très sous-évaluée selon tous les critères économiques en vigueur, Icahn estime qu’au vu de son immense cash de plus de 130 milliards de dollars et l’accroissement du trésor de guerre de 40 milliards par an, Apple ne devrait pas avoir de vraies raisons à opposer à un rachat d’action massif (qu’Icanh verrait bien à hauteur de 150 milliards tout de même…).
Citant Tim Cook, qui considére que “l’accélération de l’innovation requiert des investissements sans précédents, de la flexibilité et l’accès aux ressources“, Icanh en profite pour balayer ces prudences qu’il estime sans fondements. Pour le spéculateur, Apple aurait les moyens à la fois de se prémunir de tout besoin exceptionnel de cash lié à son activité et à une concurrence accrue, tout en rachetant ses actions à un niveau record. Mieux, il accuse le “board” d’Apple de pénaliser le petit porteur en refusant ses propositions, celui-ci n’ayant pas les moyens de valoriser son portefeuille d’actions en achetant de nouveaux titres AAPL toujours plus chers à l’unité.
S’en suit une longue litanie de rappel des perspectives de croissance d’Apple, brossant le scénario d’une télé Apple qui créerait le même choc sur son marché que l’iPhone a pu le faire sur le sien; l’objectif de ce déluge de compliments reste bien sûr de démontrer qu’Apple ne risque rien et peut donc lâcher du lest en toute quiétude.
Icanh a un autre argument clef, nettement plus malin : Apple n’a pas fait ces dernières années d’acquisitions dépassant les 400 millions de dollars, une somme très faible en comparaison des 130 milliards de cash, et qui rend caduque l’argument de Tim Cook sur la nécessaire réserve à opportunités. Pourquoi dés lors garder une telle somme de côté alors même que l’histoire de l’entreprise démontre qu’elle ne recherche pas les très grosses prises et préfère les petites strctures plus faciles à intégrer dans le giron Apple ?
Mais cet argument est aussi celui qui contient son propre talon d’achille : si Apple n’a pas fait de grosses acquisitions, cela ne veut en aucun cas dire qu’il n’en fera jamais ou même qu’il n’y aurait aucun sens à le faire à un moment ou à un autre pour des raisons de stratégie économique. Icanh est-il à ce point bien renseigné sur les projets d’Apple qu’il puisse jurer que l’entreprise ne se portera pas acquéreur d’un grand groupe, ne se lancera pas dans l’édification de son propre réseaux mobile, ne se constituera pas elle même en banque pour alimenter son propre système de paiement (passant bien sûr par iOS) ? Non bien sûr, Icanh ne sait rien en fait des intentions d’Apple sur le moyen ou sur le long terme. Et c’est bien là tout le soucis d’un argumentaire qui se base sur le passé pour prétendre que le futur ne pourra jamais être différent. Convaincre les actionnaires AAPL sur ces bases reste donc un pari risqué, et loin d’être acquis.