Apple : l’Exposion
J’ai vu Steve Jobs. Grand comme du Quicktime en RTC, mais en véritable 3D biologique, en chair et en Bios. Eh pardon, en Darwin revisité, mais pas grand’chose de nouveau n’est sorti de l’Open Source. À part la localisation de .Mac en cours (heureuse nouvelle), et Philips [[Un PDG qui déclare sa flamme à Apple, un peu contrit de l’exercice, mais très touchant, montre qu’un cap est franchi, et que la position industrielle d’Apple peut désormais inspirer et orienter d’importants choix stratégiques !]] en tête de pont de la bande de fous du numérique qui se donnent RendezVous dans un futur proche, on a bien senti que la keynote de New-York n’avait été qu’une répétition pour celle de Paris. N’empêche que l’iPhone pour télécommander la télé qui passe un DVD sur l’iMac dans la pièce à côté, et affiche sur le même écran le mail important qui vient d’arriver, ça risque de bientôt passer de la rubrique Science-Fiction à la page des Trucs et Astuces, va falloir vous y faire.
75 000 pré-inscriptions pour l’Expo, ce coup-ci, Apple vous a vu venir… Et a mis les petits écrans plats dans les grands pour nous accueillir, avec un message éclatant : acheteurs, utilisateurs, même combat ! Fini le temps où l’on pouvait avoir l’impression qu’Apple oubliait un peu trop sa base installée, sinon pour tenter d’en renouveler l’équipement. Depuis son retour, Steve Jobs s’est tout d’abord préoccupé de mettre au point son “matériel” pour travailler : OS X, iMac G4, et .Mac. Ces dernières années, il a prévenu, préparé le terrain et tenté d’expliquer, et c’est ce qu’il continue à faire dans ses keynotes, au cours desquelles il n’en finit pas de parler avec une fierté légitime des merveilles d’OS X et de ce qu’il permet désormais d’imaginer. On ne parle plus de machines [[Pourra-t-on un jour faire confiance à Apple et se convaincre qu’ils font les meilleures qu’ils puissent faire, eu égard à des circonstances dont beaucoup nous échappent ?]], mais de “Solutions”. N’est-ce pas en effet celles-ci, le sens de l’informatique ? Qu’importe la puissance de la machine si la solution est honorable, agréable, confortable ? Et si l’espoir des vidéastes ou autres graphistes professionnels pour des Macs turbo est légitime, la Pomme a décidé d’en finir avec la course futile du toujours plus : chez nous, c’est d’abord toujours mieux. Chacun son truc, hein…
Après avoir tenté d’apprendre l’Homme à l’ordinateur si malin [[Premier slogan du Macintosh.]], ou plutôt, comment gagner sa confiance et son respect, Apple montre désormais à quel point elle croit en l’Homme, à un moment où la confusion risque de l’emmener se fourvoyer dans des voies bien inquiétantes pour le devenir de l’Humanité. Le choix du Macintosh, celui de la qualité de la vie quotidienne, n’est plus seulement question de goût : plus que jamais, ces valeurs là deviennent revendicatives. L’avenir qui se dessine, nous ne l’avons pas demandé, mais il risque de s’imposer de lui-même : une fracture dans l’industrie entre les partisans et les pourfendeurs du projet Palladium. L’extrêmisme du projet Microsoft risque de radicaliser la concurrence, et, paradoxalement, de révéler le sens profond du clivage Mac/Wintel. Tout comme avec le Hub Numérique, c’est une autre phase qui s’engage : difficile à comprendre juste en en parlant, désormais, il n’y a plus qu’à constater.
Et c’est ce que nous sommes venus faire pour MacPlus à l’Apple expo, Domino, Fredolino [[De Riquita, boîte de production Lilloise.]], et votre serviteur, avec micro et caméra, prendre le pouls de la communauté Mac, et s’enquérir de vos messages à la Pomme. Une expérience inoubliable, et un florilège d’images… de bonheur… Des switchers potentiels aux vieux routards du 68000, des nouveaux venus de l’Open Source au grand boss et ses amis-lieutenants, la constante d’un sourire éclatant, celui de gens heureux, ou assurés de la disponibilité des moyens de l’être. Bienvenue chez les Smilies, les Rigolus d’ici font tribu joyeuse et laissent les Tristus pour en face. Le hub libère l’informatique de l’ordinateur, c’est toute une culture à réinventer, et même un Davis de 4 ans est capable de comprendre qu’il vaut mieux pas se gourer…
Notre micro n’avait pas de perche, mais on vous l’a tendu quand même, et j’ai le plaisir d’annoncer à ceux qui ont participé à ce dazibao vidéo, ainsi qu’à tous les autres pour qui ils ont parlé, qu’Apple a montré son intérêt pour ses témoignages. Les images lui seront donc transmises, et vos messages et desiderata entendus. En accordant une longue interview à MacPlus, en participant à une table ronde avec les sites Mac francophones, mais aussi en rejoignant la réunion des AUG [[Apple User Groups]] pour un débat fructueux. Le cœur du salon, autour de l’écran géant diffusant présentations et clips de la campagne Switchers, avec sa moquette gris perle aussi épaisse qu’un ours en peluche, ses rangées de Macs et ses comptoirs pour dialoguer avec les représentants de tous les services-clé de la société, était une magnifique mise-en-scène du fait que l’accueil est redevenu un mot-clé à Cupertino. La nuée d’anges noirs avec une petite pomme blanche dans le dos qui était là pour renseigner, expliquer, démontrer, écouter avait en son sein beaucoup de power-users recrutés par Apple pour cette occasion, et cette politique a rencontré un franc succès.
Le village Éducation était le deuxième point focal de la fête, signal fort qu’Apple a décidé de réclamer ses droits légitimes sur un marché qui lui est naturel. Le directeur commercial pour l’éducation, François Auque, nous a rapporté que pour Steve Jobs, “l’éducation est dans l’ADN d’Apple”. Et que dans le monde, Apple était dans l’ADN d’un tiers des enseignants, à en croire la part de marché qu’elle détient. Accueil encore, donc, eet toute l’équipe sur le pont, amphithéâtres, présentations, rencontres, et un espace pour les Cyberkids tout proche. Au stand du SNES, nous avons pu rencontrer Monique Vuaillat, qui en a été longtemps la secrétaire générale, et recueillir ses positions sur l’informatisation. Cette interview, ainsi que celle de François Auque, sont en cours de montage et vous seront bientôt présentées.
L’ambiance sur les stands était aussi franchement excellente. Les marchands avaient repris une place plus discrète dans le temple (quelles très bonnes affaires à faire, et quelques mauvaises aussi, mais cela avec bien moins de tapage). Deux ans depuis la dernière expo, avec tout ce qui s’est passé à tous les niveaux depuis ce temps, on sentait réellement un besoin de se rencontrer, de présenter ou d’échanger des projets, de chercher des synergies, une communauté on ne peut plus vivante et déterminée dans ses choix. On nous a plusieurs fois fait remarquer l’attention avec laquelle vous suiviez les présentations et mini-conférences. Les autres mondes n’étaient pas oubliés, avec la présence remarquée d’OpenOffice sur le stand des développeurs, et plus généralement comme un relent d’Unix qui flottait entre les travées. Benjamin Amsaleg, lecteur venu à notre rencontre, vous expliquera combien les solutions Apple sont proches de pouvoir investir tête haute le monde de l’entreprise. Les sympathiques développeurs d’Arti engine, incroyable logiciel qui se met au service des autres afin de leur donner une personnalité capable de dialoguer de façon “intelligente” vous expliqueront avec passion les horizons ouverts par leur moteur de langage naturel. Wilfried, développeur de MacReporter, présentera la dernière version compatible Jaguar et vous donnera envie de payer vos sharewares.
Accueillis avec une grande gentillesse sur le stand des AUG pour y installer un poste de montage de campagne, nous y avons rencontré Claude Reigner, ravi de révéler comment streamer de la vidéo d’un poste radio-amateur. Les animateurs du projet OpenOffice nous expliquent la génèse d’un logiciel qui pourrait compter, et nous donnent leur opinion sur Palladium. Julien, de MacInfo, nous donne envie de les encourager pour la réussite de leur joli hebdo presse d’information Mac, tandis que quatre des plus importants animateurs du Pommier nous expliquent comment ils voient la vie. Et surtout, vous, les smilies, et vos sages paroles d’admiration ou de critique, d’émotion et d’espoir, vos rares déceptions et tout votre plaisir à voir. Ce qui nous a le plus surpris, c’est le nombre d’entre vous à s’estimer satisfaits, voire comblés par leur(s) machine(s), comme si les militants passionnés d’une idée généreuse cédaient peu à peu la place à des utilisateurs respectés et reconnaissants de l’être.
J’ai également passé beaucoup de temps à parler de Palladium, avec les représentants les plus divers de notre communauté. Je peux vous dire que nombreux étaient ceux qui en avaient entendu parler, et que la vigilance ne fera pas défaut. Il circule un projet d’initiative afin de constituer un noyau d’information et de réponse, continuez à en parler autour de vous, nous vous tiendrons au courant dès que nous en saurons plus. Vu l’enthousiasme et les désirs de collaboration affichés Porte de Versailles au long de ces cinq jours aussi joyeux qu’une fête, le clin d’œil des décorateurs affichant à l’entrée un panneau géant d’un iMac titré “Connectez-vous” aura été reçu 5 sur 5. La version 2002 a peut-être bien été la plus belle et la plus heureuse des Apple expo, et elle n’a pas fini de continuer… Chapeau, Apple, chapeau aux exposants et aux animateurs présents, et on prépare déjà encore mieux pour 2003…
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