Apple à la Fac (2) : de l’iBook au Xserve…

… en passant par l’iPod.

2e volet de l’entretien de MacPlus avec Hervé Marchet, Directeur du secteur Éducation d’Apple Europe.

Hervé Marchet, Directeur du secteur Éducation d’Apple Europe évoque avec MacPlus le positionnement d’Apple sur l’enseignement Supérieur, au delà de l’opération Micro-portable étudiant, et plus largement la politique de la Pomme dans le secteur de l’Éducation.

Une vision à plus long terme, du portable aux infrastructures

Si le but de tous les industriels présents dans l’opération Micro-portable Etudiant est avant tout de vendre davantage de machines, le secteur de l’Enseignement Supérieur a semble-t-il fait l’objet d’une réflexion toute particulière, et il reconnaît que cette implication dans le succès du Mipe n’est pas sans arrière-pensées : Apple est présente dans 53 Universités sur 87, majoritairement dans les labos, et commence à rencontrer un véritable intérêt en ce qui concerne le Calcul Hautes Performances (HPC), et les clusters de groupe de travail (voir édition du 7 septembre 2004).

Le pari consiste à attirer le plus grand nombre possible d’étudiants à l’occasion du MIPE et que, chercheurs et étudiants convaincus par la facilité et le confort d’utilisation de leurs portables, se tourneraient vers leurs administrateurs et leur économat pour demander des solutions Apple en ce qui concerne les infrastructures et la diffusion des ressources pédagogiques.

Or ce secteur particulier devrait se développer à rapide échéance : à titre d’exemple,40% des Universités sont engagées dans des projets d’Universités Numériques en Région et 209 millions d’euros devant être consacrés au développement du numérique à usage pédagogique d’ici 2007, sans même parler de la couverture WiFi programmée d’ici la fin 2005 pour 80% des campus français.

Malgré d’incontestables réussites mises en avant comme l’équipement du Service Inter-Universitaire de Gestion de Strasbourg ou le Campus Numérique de Louis Lumière Lyon 2, ce n’est pas encore à Apple que l’on pense en premier lieu lorsqu’il s’agit de poser des infrastructure d’informatique de gestion…

Celle-ci a pourtant des arguments à faire valoir, en matière de diffusion en ligne de contenus notamment. Elle a pour elle, non seulement une réflexion très en amont en ce qui concerne les Environnements Numériques de Travail, mais surtout elle est la seule à détenir la maîtrise complète des solutions de streaming, que ce soit au niveau de l’OS, du matériel et du logiciel.

Le salon de la National Association of Broadcasters a été l’occasion pour Apple de dévoiler une offre couvrant de bout en bout la chaîne de production audio-visuelle, depuis le stockage jusqu’à la production, avec en plus une longueur d’avance sur les standards de TV Haute Définition propres à véhiculer des contenus pédagogiques beaucoup plus riches (voir édition du 19 avril 2004).

Il n’est jusqu’à l’iTunes Music Store qui, en privilégiant les “solutions-maison” de WebObjects au Xserve en passant par QuickTime, ne servît de vitrine grandeur nature au savoir-faire de Cupertino en matière de diffusion de contenus en ligne. Apple est chaque année présente aux Universités d’Été de la Communication de Hourtin, où se rencontrent les différents partenaires de l’aménagement du territoire, des pouvoirs publics, de l’Enseignement et des industries de la Communication au sens large, et qui est souvent le lieu de prises de contact informelles.

Les différents executives mandatés par Apple France, au premier rang desquels Pascal Cagni, ont eu l’occasion d’aborder les 2 types de problématiques au cours de leurs interventions (voir édition du 16 août 2004)…

Retour sur les “fondamentaux”…

Car la Pomme avait beaucoup communiqué ces derniers mois sur le thème de la musique numérique, certains de ses supporters avaient pu s’émouvoir de la discrétion de son discours, au chapitre de l’informatique. De “bonnes âmes” avaient mêmes cru pouvoir y déceler l”amorce d’un abandon pur et simple de la lice pour le terrain de l’électronique grand-public…

Or loin de jeter le gant, Apple était tout simplement en train de capitaliser en faisant la synthèse de son point fort historique, avec son nouveau credo : l’Éducation et la mobilité. Nous avions évoqué cet été les excellentes performances (voir édition du 7 août 2004) des portables de Cupertino l’an passé sur les campus américains. Et cette rentrée, succès bientôt dépassés par les premiers chiffres de la rentrée : ce n’étaient plus 1 ordinateur portable sur 2 vendu sur les campus états-uniens qui était de marque Apple mais 2 sur 3… Le chiffre vaut qu’on s’y attarde : 66% de parts de marché auprès des étudiants et professeurs…voir édition du 25 août 2004)

Ces résultats, s’ils sont spécifiques aux magasins des campus états-uniens, ne peuvent pas ne pas donner à rêver aux responsables européens du constructeur. D’autant qu’ils sont redevables à un changement d’image à l’échelle planétaire auprès des jeunes, qu’il doit très largement à l’iPod, grâce auquel Apple est désormais considérée comme “la plus cool dans la place” (voir édition du 4 mars 2004).

|Or si l’objectif est toujours de convertir au Mac ces étudiants qui, pour 80% d’entre eux, ont accès à un ordinateur et à internet, c’est davantage grâce au formidable capital de sympathie dont bénéficie le constructeur de l’iPod et créateur de l’iTunes Music Store que sur ses qualités propres qu’Apple éveille l’intérêt, et alors même que paradoxalement celles-ci n’ont jamais été aussi nombreuses. Si le mot est resté, les spots TV de la désastreuse campagne “switch“, par trop globale et donneuse de leçons (voir édition du 18 décembre 2002), ont eux disparu et seuls demeurent des témoignages écrits.

Mieux, en lieu et place d’une communication “fourre-tout”, Cupertino s’adresse désormais aux ados et jeunes adultes avec des codes spécifiques : danses de silhouettes noires sur un rythme extrêmement rapide, des arrière-plans de couleurs violentes et musique-repoussoir pour des adultes de plus de 30 ans. Mieux, la connivence va plus loin : la partie du site Apple destiné aux étudiant présente un argumentaire destiné à lever les appréhensions des parents à l’égard de la plate-forme. Encore une fois et comme par rapport à l’Université, la marque s’inscrit là aussi dans le registre de la complicité, et dans une démarche de médiation en 2 temps du jeune et par rapport aux adultes, vis à vis de son désir : c’est lui qui va le faire valoir même si on lui souffle les arguments pour le faire…

La précédente campagne de promotion en direction des étudiants, mondiale comme toutes les campagnes d’Apple, proposait 200€ de réduction pour l’achat simultané d’un iPod et d’un ordinateur portable, sous la formule “soyez sérieux, éclatez-vous“, jouait déjà sur ce thème, et tentait de réconcilier les deux tendances contradictoires de la vie étudiante, avant d’être mise entre parenthèses pour cause d’incompatibilité avec les offres tarifaires du Mipe.

Nous examinerons demain le positionnement de l’iMac G5, lui aussi présenté dans une filiation directe avec l’iPod, ainsi que la façon dont ont se positionne aux Ulis vis à vis des 15 ans de vie scolaire qui précèdent l’entrée à l’Université…