J’achète ? J’achète pas ?
L’annonce d’un changement complet de la gamme des processeurs au coeur des Mac a largement désorienté nombre de ceux qui envisageaient de racheter un Mac. La question récurrente est : “dois-je attendre la nouvelle gamme équipée de processeurs Intel pour me rééquiper ?”
La première crainte de l’acheteur potentiel est d’acquérir un ordinateur, équipé d’un PowerPC, qui serait de ce fait très rapidement obsolète. Nous ne pourrons évidemment pas le rassurer sur ce point : tout ordinateur est obsolète dans un délai de trois à six mois (de quinze jours, diront les plus radicaux), puisque de nouveaux modèles toujours plus performants sont proposés en permanence.
Rappelons, à ce sujet, que s’il existe parfois de “mauvais moment” pour faire l’emplette d’un nouvel ordinateur (quelques jours avant la sortie d’un nouveau modèle plus performant et moins cher), l’attente d’un illusoire moment optimal, voire idéal, pour passer commande, relève du fantasme.
En revanche, si l’obsolescence est à très court terme inévitable, elle ne signifie pas – et d’autant moins pour les Mac – “ordinateur bon pour la poubelle” : un Mac acheté aujourd’hui sera, d’une part, utilisable, avec l’ensemble de ses logiciels actuels, jusqu’à ce que l’un de ses composants centraux (carte-mère, processeur…) rende l’âme ; d’autre part, le prochain opus de Mac OS X, “Léopard”, ainsi que la totalité des logiciels Mac, commerciaux ou non, qui apparaîtront sur le marché dans les deux années qui viennent au moins, seront parfaitement compatibles avec les processeurs G4 et G5. Il n’est d’ailleurs pas totalement exclu (même si cela relève pour l’instant de la pure hypothèse) qu’Apple propose dans Leopard une “boite de compatibilité” qui permettrait de faire fonctionner en émulation sur processeurs PowerPC les applications Mac compilées pour puces Intel.
De toute façon, même sans changement d’architecture processeurs, un Mac acheté aujourd’hui aurait commencé, dans deux à trois ans, à ne plus être capable de tirer profit de l’ensemble des applications disponibles, tout en restant par ailleurs absolument utilisable.
Si néanmoins, n’ayant pas un besoin urgent de renouveler votre équipement informatique, vous décidez de repousser votre achat dans l’attente de la version “MacTel” de la machine que vous souhaitez, prenez en compte le fait que nul aujourd’hui – à part peut-être quelques pontes d’Apple et d’Intel – ne sait quel sera le calendrier de sortie des machines “nouvelle architecture” : les premières apparaîtront “courant 2006”, les dernières, théoriquement, en “juin 2007” – telles sont les seules informations officielles qu’Apple a bien voulu laisser savoir. On ne connaît pas non plus l’ordre de sortie desdites nouvelles machines, qui dépendra d’un savant dosage de critères techniques (puissance, consommation, adaptabilité à Mac OS X et aux composants matériels Apple) et commerciaux. L’hypothèse la plus fréquente est celle d’un déploiement selon un ordre croissant de puissance (Mac mini, iBook, iMac, PowerBook, PowerMac) ; d’autres avancent que le PowerBook, modèle très rentable, et actuellement handicapé – commercialement – par son G4, ferait l’objet des plus hautes attentions, et serait prioritaire ; certains prétendent même, sans que l’on sache très bien pourquoi ni sur quelle base cela repose, que se préparerait une refonte totale de la gamme, avec l’éclatement des catégories actuelles. Apple, bien entendu et comme à son habitude, ne révélera rien de ses projets jusqu’à, au moins, la mise en vente du premier “MacTel”. Si l’on considère cette incertitude d’une part, et le fait qu’il sera sans doute prudent d’attendre au moins trois mois après la sortie d’une nouvelle machine avant de l’acheter, le temps qu’Apple corrige ses inévitables défauts de jeunesse (qui, lors d’une telle modification radicale de conception risquent d’être d’autant plus prégnants), il faut se rendre à l’évidence : le Mac sur lequel vous avez jeté votre dévolu, celui pour lequel vous économisez, dont vous rêvez… vous ne pourrez peut-être pas l’acheter avant deux grosses années – et en tout cas pas avant un an.
Une fois en possession de votre Mac “nouvelle génération”, en tirerez-vous pleinement parti ? Probablement pas : les applications “optimisées MacTel” ne sortiront que peu à peu, et vos logiciels actuels devront utiliser le fameux Rosetta pour faire fonctionner celles qui n’auraient pas été compilées pour processeurs Intel – avec une déperdition de rapidité pas forcément dramatique, mais inévitablement sensible.
Notre conseil ? Achetez votre Mac lorsque vous en avez besoin, sans attendre, de mois en mois, l’hypothétique évolution qui vous mettrait en possession de la chimérique “machine absolue”. Si la perspective de continuer à travailler durant 18 mois avec votre Mac actuel vous agrée, patientez. Dans le cas contraire, plutôt que de cultiver un ulcère dès le premier janvier 2006 en guettant chaque jour l’annonce d’un nouveau Mac, puis de vous jeter sur le premier MacTel sorti, même s’il ne convient pas au mieux à vos besoin, parce que vous n’en pouvez plus d’attendre… jetez donc un oeil à l’actuelle gamme PowerPC – qui va d’ailleurs continuer à évoluer pendant près de deux années : peut-être y trouverez-vous votre bonheur numérique…