Apple en bonne santé?
Le secteur médical fait partie des points forts traditionnels d’Apple. Elle est d’ailleurs présente sur le salon MEDEC depuis 5 ans, sans discontinuer. Sur ce point mais aussi sur celui de l’état général, la Pomme reprend des couleurs.
“An Apple a day keeps the doctor away”… Le dicton anglo-saxon est bien connu, et n’a jamais été plus pertinent… du moins en ce qui concerne la parasitologie qui infeste la petite planète Windows.
Entre la véritable prophylaxie dont bénéficient les machines sous OS X, et la séduction authentique que n’en finit pas d’exercer la blouse blanche de l’iPod, la présence d’Apple sur le salon du MEDEC (voir la dépêche du 9 mars) était l’occasion de faire avec John Perkins le nouveau Directeur Général d’Apple France un bilan provisoire sur la “forme” de la filiale française…
Car on pourrait filer la métaphore médicale à l’envi : si les analyses du comportement de la société sont bonnes, et même excellentes (voir la dépêche du 19 mars 2005), la belle n’en est pas moins convalescente, avec des parts de marché un peu atones même si en volume, elles se sont toujours au moins maintenues. Si l’on veut pousser l’analogie jusqu’au bout, il s’agit d’ailleurs bien d’avantage de courbe de croissance et de comparaison par rapport a ses pairs, que d’une santé financière proprement dite, par ailleurs florissante…
Or sur le plan des parts de marché aussi, on commence à voir des résultats tangibles, et les résultats de la filiale française sont tout à fait conformes à ceux de la firme au niveau mondial et européen, puisque le bonus des volumes enregistrés au trimestre dernier se situe aux alentours de 30%, que ce soit sur l’ensemble du marché mondial, sur l’EMEA ou l’hexagone. “C’est le double de la progression que réalise l’ensemble du secteur”, souligne avec satisfaction John Perkins.
Même si Dell le rival le plus acharné fait encore mieux sur le marché général en se positionnant dans le registre du prix, dans ce contexte, et n’en déplaise aux “tracassins” pour qui les équipes commerciales des Ulis n’en font jamais assez, on semble avoir décidé de réinvestir ses traditionnels points forts de façon beaucoup plus systématique, à la fois dans leur globalité en s’appuyant sur la polyvalence de son offre matérielle propre, mais aussi “métier par métier”, en faisant valoir la spécificité de ses solutions logicielles-maison et au besoin celles de ses partenaires.
A côté d’un grand secteur de l’image (voir la chronique du 19 avril 2004), et de l’Éducation (voir notamment la chronique du 11 octobre) ou celle du (17 décembre 2004), les professions libérales qui représentent un autre pilier traditionnel de l’activité d’Apple sont appréhendées dans leur globalité, en même temps qu’avec des “solutions techniques ciblées”, propres à chaque métier : architecture, santé, juridique ou immobilier pour ne citer que ceux-là… tout en conservant un part d’approche grand-public.
Mais pour avoir une démarche commerciale efficace, encore faut-il avoir quelque chose d’utile à vendre ; l’effet “iPod” semble avoir joué à plein : l’ensemble des besoins de la filière, de la médecine de ville généraliste ou de spécialité à l’hospitalisation publique ou privée, en passant bien entendu par la recherche, peuvent désormais être couverts avec OS X.
C’est dans ces conditions que la présence beaucoup plus importante des éditeurs de logiciels qui présentent des produits Mac OS est mise en avant par John Perkins, à la fois comme une preuve de l’intérêt grandissant que commence à susciter un peu partout la plate-forme, en même temps que le témoignage de la présence commerciale d’Apple sur le terrain :
“en dehors de notre présence sur des événements comme celui-ci ou de l’organisation de rendez-vous comme “Architecture by Design” (NDLR : voir la dépêche du 7 mars 2005), nous pouvons nous appuyer sur nos partenaires éditeurs qui sont ici deux fois plus nombreux cette année que l’année dernière au Village Apple, ainsi que sur nos 40 Apple Solutions Experts un peu partout en France…” .
L’effort entrepris spécifiquement auprès d’un public de professionnels informatisés à 85%, et équipé de matériel Apple à hauteur de 20% environ selon la presse professionnelle se poursuit, d’autant qu’il dispose souvent d’une trésorerie suffisante pour renouveler son matériel plus fréquemment que d’autres.
En termes d’image aussi, au delà du fameux “effet de de halo” (voir la chronique du 7 février 2005) dont l’iPod lui permet de bénéficier, le travail “sur le fond” comme à payer puisque, par exemple, on a posé beaucoup moins de questions sur la cohabitation et la compatibilité Mac/PC au sein d’un même environnement de travail…—–
Mais si bien entendu on trouve des iMac ou des PowerBook pour accompagner la gestion des cabinets de médecine de ville, que ce soit pour les dossiers des patients, les relations avec les Caisses d’assurance-maladie et les confrères, ou la simple comptabilité, OS X a fait sa place grâce à Xserve et Xserve RAID dans des structures plus importantes.
Bien entendu la multiplication des programmes de recherche en bio-technologies ont favorisé l’intérêt pour les Clusters pour groupes de travail en bio-informatique proposés par Apple, d’autant que ceux-ci sont désormais configurables à la demande, de 2 à 16 nœuds de calcul. Le sujet est porteur puisque le MEDEC accueillait par ailleurs un espace intitulé “Profession Bio-Entrepreneur” à l’initiative du pôle Santé de l’École Centrale de Paris… sur lequel Apple n’était pas présent en tant que partenaire…
Au delà de l’investissement sur des marchés où elle est maintenant reconnue, la polyvalence d’OS X et du couple Xserve/XServe RAiD lui permet d’être présente dans des structures “moyennes” avec des besoins de stockage et de partage de l’information, et l”imagerie médicale est bien entendu concernée au 1e chef.
Il n’est même pas besoin d’attendre OS X 10.4 Tiger et ImageCore pour voir intégrer dans des applications médicales des images numériques compressées avec suffisamment de finesse pour permettre un diagnostic, puisque des technologies comme par exemple celle de Waaves 2.1 a été développée depuis 3 ans, en amont pour être intégrée aux applications professionnelles, que celles-ci fonctionnent dans un environnement Macintosh ou Windows.
Mais C’est le Centre Hospitalier de Vittel qui marque avec son interprétation inhabituelle du Système d’Information Hospitalier une tendance que l’on devrait voir se développer, là où l’on pourrait normalement s’attendre à voir partout de “sérieux” et beiges PC dans un établissement public.
Bien au contraire : si la partie administrative et le stockage restent sur de l’environnement PC qui compte pour moitié dans le parc informatique de l’établissement, toute la partie informatique médicale est articulée autour du Mac. La gestion et le suivi du dossier médical du patient se fait sur Mac OS 9 et Mac OS, sur des applicatifs développés en interne à partir de 4D et, de l’aveu de Matthieu Dussaulx le responsable de l’informatique de l’hôpital “la cohabitation entre les différents systèmes se passe plutôt bien”.
On compte ainsi environ 80 Macs répartis sur la maison de retraite et les unités de court, moyen et long séjour, avec notamment 10 à 15 iBook G3 dans les différents services qui font les visites au chevet des patients avec les médecins, et qui permettent l’accès au dossier grâce à des bornes Airport réparties dans l’établissement.
Le reste des machines sont des postes fixes, avec notamment un iMac G5 aux urgences, et des Mac mini qui vont arriver pour les bureaux des médecins. Lorsque quelqu’un doit utiliser un programme PC spécifique, c’est une passerelle Citrix qui est utilisée.
Le bilan est positif puisque le parc actuel est en cours de renouvellement : de façon “naturelle” il ne devrait d’ailleurs plus y avoir assez rapidement que des machines sous OS X. Mais pour Apple aussi il est largement intéressant d’avoir ses ordinateurs aisément reconnaissables à la vue et au contact du public, dans un moment où le repères et les certitudes sont sérieusement bousculées. La Pomme peut certes “rappeler l’hôpital” mais c’est un moment où l’on peut-être davantage réceptif si l’on vous répond que “Ah oui, le Mac, c’est bien…”
Le Mac peut donc trouver sa place partout ; il n’est jusqu’au tout nouvel iMac
G5 qui ne puisse être présent dans un service de chirurgie, celui-ci étant jusqu’à présent le seul ordinateur certifié pour fonctionner en bloc opératoire… [[Ce n’est pas le cas à Vittel puique comme de nombreux hôpitaux de proximité celui-ci ne dispose plus de services de chirurgie.]]
Tous ces exemples montrent comment l’utilisation de l’ordinateur a pu évoluer, et comment le Macintosh a pu bouger depuis 20 ans avec les pratiques médicales, depuis le cabinet jusqu’à la mise en réseau des professionnels et le partage des informations produites sur le patient. Si rien ne change, l’aboutissement devrait en être le Dossier Médical Partagé : il reste à voir comment Apple arrivera à trouver sa place dans ce contexte.
Elle a bien entendu des arguments à faire valoir, d’autant que les exigences d’optimisation dans la gestion, l’organisation et le partage des flux d’information dans le système de soins rejoignent désormais celles qui prévalent dans l’industrie. Les systèmes de santé se pensent aussi avec les outils de réflexion du secteur tertiaire : si une part plus importante de son budget peut être dégagée pour les prestation de soins ou d’accueil en optimisant le fonctionnement grâce au Mac, qui s’en plaindra? [[La discussion sur “la maîtrise comptable du système français d’assurance-maladie” très largement le sujet traité ici]]
Or Apple a évolué elle aussi dans sa pratique, comme dans le niveau de technologie de ses prestations. Le noyau Unix freeBSD de son OS lui permet d’aborder des besoins à une autre échelle… Xsan, Xserve et Xserve RAID la mettent en position de s’aligner dans compétitions où auparavant les architecture x86 étaient seules en lice (voir la chronique du 9 août 2004). L’acquisition de compétences dans les flux de partages collaboratifs pourrait l’aider dans ce sens (voir la dépêche du 19 mars 2005.
Mais la réussite et la progression sur des marchés aussi techniques que celui de la santé passent avant tout par une identification, et la satisfaction, des besoins de l’utilisateur quand la concurrence marque des points en argumentant sur le tarif des matériels. L’augmentation de l’offre logicielle pour Mac que l’on a pu constater lors de cette édition du MEDEC semble témoigner d’une dynamique dans ce se sens en faveur d’Apple. L’arrivée d’OS 10.4 Tiger avec des outils comme Spotlight ou Automator devrait largement y contribuer…