Petit retour sur la R&D d’Apple : de l’art d’aller à l’essentiel
La R&D d’Apple, pour un observateur non renseigné sur la façon de fonctionner de l’entreprise de Cupertino, doit être un poste de budget totalement fascinant.
L’un des actes forts de Steve Jobs à son retour chez Apple en 1997 fut de couper violemment dans le budget alloué au pôle recherche de sa firme, le ramenant progressivement à des niveaux très bas en pourcentage des revenus globaux.
Certes, de 1999 à 2013, le montant de la R&D n’a cessé d’augmenter de façon constante, mais même aux niveaux record des 4,5 milliards de l’an passé, le pourcentage du pôle recherche d’Apple relativement aux revenus n’a cessé de baisser, pour se maintenir aujourd’hui aux alentours des 3%.
Apple consacre pourtant, chaque année depuis 2008, 1 milliard de dollars supplémentaire à sa R&D. Mais quand les gains de CA se chiffrent en plusieurs dizaines de milliards sur la période, rien ne change vraiment sur le fond.
S’arrêter à ce simple pourcentage serait néanmoins une erreur : il n’existe en effet aucune corrélation démontrée entre l’efficacité d’un pôle de recherche et le pourcentage que ce pôle occupe dans l’ensemble des revenus d’une entreprise.
Peu importe donc qu’Apple ne consacre que 3% de ses revenus à inventer les nouveaux produits de demain; le fait est que le montant cumulé de la R&D de ces trois dernières années est équivalent au cumul des montants de toutes les années passées en remontant jusqu’à 1995. La stratégie d’Apple depuis 97 confirme d’ailleurs le désintérêt de la logique du “pourcentage des revenus”, la société privilégiant les projets moins nombreux mais sur lesquels énormément de ressources peuvent être placées : moins de prototypes, pour au final quelques produits commercialisés qui créent l’évènement à leur sortie (Mac, iMac, iPod, iPhone).
Ce focus intense sur des produits stratégiques, peu nombreux, mais pensés jusqu’au bout, explique mieux que tout autres arguments pour quelles raisons Apple n’est classé qu’à la 46 ème place des entreprises consacrant le plus de ressources pour leur R&D. Et à moins d’un bouleversement complet de paradigme, cela ne devrait pas changer de sitôt.