Quand un patent troll pourrit FaceTime
On peut l’avoir oublié, mais Steve Jobs avait annoncé au moment du lancement de FaceTime en 2010, qu’Apple avait la ferme intention de faire du protocole de discussion vidéo un standard open-source. L’idée était alors de propager FaceTime dans l’industrie, dans l’espoir d’en faire un standard. Or comme on sait, rien de tout cela n’est arrivé, et FaceTime est resté confiné aux seuls produits Apple, obligeant les utilisateurs iOS à posséder au moins un autre logiciel de conversation vidéo (au hasard : Skype) pour être compatible avec le reste du monde. Il semble bien qu’un patent troll soit à l’origine du coup d’arrêt de la volonté d’Apple.
La plainte déposée par VirnetX dès le 14 août 2010 et finalement remportée en novembre 2012 (avec à la clé une solide amende de près de 370 millions de dollars) a largement participé de la prudence avec laquelle Apple s’est avancée dans ce dossier. Un des investisseurs de VirnetX, Jeff Lease, a donné quelques explications à ArsTechnica. Pour établir une connexion entre deux utilisateurs FaceTime, Apple vérifie simplement qu’ils possèdent un compte FaceTime, puis autorise la discussion. Cependant, de 5 à 10% de ces conversations doivent être reroutées par des serveurs « relais ».
Suite à la condamnation d’Apple qui se base sur des brevets VirnetX liés aux connexions VPN, désormais, tous les appels FaceTime en passent par des serveurs relais. Le basculement aurait eu lieu en avril dernier. Ce switch coûte 2,4 millions de dollars par mois à Apple, en frais de distribution auprès des propriétaires de tuyaux; à cela se rajoutent plus de 500.000 plaintes d’utilisateurs dont on ignore la nature, mais il pourrait s’agir de la qualité des appels.
L’affaire n’est pas terminée en justice. Le juge -d’une cour du Texas notoirement connue pour faciliter la vie des patent-trolls- doit encore statuer pour savoir si Apple doit régler des royalties. VirnetX tente de gratter 700 millions de dollars auprès de Cupertino.