iDVD : la révolution discrète

Introduction…
Après cette rassurante MacWorld Expo de San Francisco du 9 / 12 janvier, il nous semble très important de mettre le doigt (voir la main entière…) immédiatement sur ce qui est une véritable révolution naissante pour les années à venir. Je veux parler du lecteur SuperDrive intégré au PowerMacG4 733 MHz (réservé à lui seul pour l’instant) et du logiciel qui va avec, iDVD pour le Grand Public et DVD Studio Pro pour les professionnels…
Juste après la fin de la Keynote, nous étions à la rédac’ et nous ressentions tous un sentiment étrange. Celui d’avoir vu en direct une révolution qui va être sanglante, mais sans pouvoir immédiatement mettre un nom dessus. Sans pouvoir la définir clairement. Alors, nous avons passé en revue les différentes annonces du CEO de Cupertino pour essayer de défricher ce sentiment brumeux, dont nous avions senti la genèse monter en nous. Le PowerBook G4 en titane? Super la machine, mais non. iTunes? Rigolo, pratique, mais non. Alors la sortie confirmée de MacOS X le 24 mars? Non plus, cette révolution on est déjà au courant depuis longtemps…:-)
Eurêka ! Il s’agit de la révolution du DVD vidéo (et non du DVD Ram…) qui va s’installer dans nos foyers progressivement, que vient de nous livrer en pâture Steve Jobs (quel visionnaire ce garçon tout de même ! ) avec le modèle PowerMacG4 haut de gamme. Encore une fois, Apple coupe l’herbe sous le pieds d’éventuels concurrents qui ne pensaient pas être obligés de se lancer aussi tôt dans l’aventure du DVDs (le format vidéo) pour les particuliers, surtout au vu du prix des graveurs de ce type de média ! Pour l’instant, et comme bien souvent, Cupertino joue la carte solitaire du pionnier. On peut même aller jusqu’à dire que cet ordinateur est offert (au jour du 9 Janvier 2001) gracieusement par Apple avec le lecteur SuperDrive, quand on connaît le prix de ce dernier (lecteur seul ) signé Pioneer : 4 500 Euros* (30 000 FF environ..:-)

La Belle et la Bête…
La belle serait interprétée dans ce cas précis par le couple lecteur SuperDrive & iDVD. La bête, serait incarnée par une vraie machine de guerre, le PowerMacintosh G4e, cadencé à 733 MHz et disponible début mars 2001. Ce couple va sûrement faire un malheur dans les milieux concernés et chez le public assez aisé pour s’offrir cette merveille immédiatement. Et il ne faut pas être un devin expérimenté (ou le frère de Mme Irma…) pour la voir arriver, cette révolution, comme le nez au milieu de la figure ! Mais là où Steve Jobs fait fort, c’est dans sa capacité à anticiper ce mouvement DVDs qui n’aurait pas du arriver (en terme de projections commerciales) aussi rapidement dans les chaumières (avant 2002 / 2003?) sur les machines utilisateurs. Apple prend tout le monde de court, les concurrents qui avaient éventuellement effectué des projections pour investir ce marché quand ils auraient estimés que ce dernier serait enfin mûr pour engorger des dividendes. Steve n’attend pas, il sait que ce sera une des premières grandes révolutions numériques du millénaire, donc pas de temps à perdre. Par contre, il loupe le coche des CD-RW implémentés sur les machines… Il ne peut pas tout anticiper le garçon…:-)

La bête se compose donc d’un PowerMacintosh à base de processeur G4e cadencé à 733 MHz. Cette machine est dotée de tous les avantages introduits par la conception de la nouvelle UMA-2 : bus système à 133 MHz, mémoire de type Sdram PC 133 d’une capacité de 256 Mo en standard, la carte vidéo est la toute nouvelle GeForce 2 introduite dans le monde Mac et dialoguant via le bus AGP x 4. Le disque dur d’une capacité de 60 Go ATA 66 tournant à 7200 trs / mn, est assez conséquent pour recevoir vos créations multimedias et vos heures de cinéma personnel. Et tout ce qui compose un PowerMacintosh en général…
Et puis voici que se trouve installé sur ce gros disque dur, un logiciel made in Apple qui vous permet de créer des DVDs aussi facilement que de rédiger un courriel ! iDVD sera l’un des logiciels clé de cette année 2001 dans la stratégie Apple de reconquête de parts de marché. iMovies, iTunes, FinalCut Pro, iDVD et DVD Studio pro sont la panoplie logicielle dont Cupertino a besoin pour frapper fort, pour s’installer durablement dans les milieux visés. Rajoutez la couche Unix de MacOS X dès le 24 mars, et vous avez normalement une année idyllique sous le signe de la pomme. Le logiciel serait plus important que le matériel ? Ce serait la grande réponse à la désaffection, temporaire mais présente, du public à l’égard des ordinateurs qui dégagent toujours une idée de complexité pour la majeure partie des personnes non initiées à ce jour. La course à la puissance va se terminer, pour laisser place progressivement à la recherche de nouvelles utilisations d’un ordinateur. Combien as-tu de Ram ? Non, que fais-tu avec ton ordinateur ?…Voilà la vraie révolution de cette Macworld Expo 2001, et nous avons l’impression que l’ensemble des acteurs du marché n’a peut-être pas encore réellement réalisé ce que vient de faire naître Apple. De même que l’ensemble des Macusers peut-être, car nous focalisons tout sur les machines annoncées. Le tremblement de terre se trouve plus du côté du DVDs que du PowerBook G4 titanium…même si ce dernier était très attendu et se devait bien évidemment d’arriver !

Vive le glisser & déposer…

C’est un des concepts fondateurs de MacOS et sa grande force depuis des années. Et bien, pour un logiciel issu directement de laboratoires qui nous ont sortis iMovies, iTunes, MacOS X et bien d’autres merveilles, iDVD ne pouvait pas déroger à la ligne directrice de Steve : convivial, simple et efficace ! Vous n’êtes pas professionnel, mais vous le deviendrez par drag & drop…
Lors de la démonstration durant la Keynote, nous avons été tous " bluffés " par la simplicité de mise en service et de création de ce logiciel. Quiconque a, un jour, créé ou tenter de créer un DVD ne peut qu’être absolument ébahi par la simplicité d’iDVD ! Finis les menus à l’aveugle, oubliés les titrages ‘faute de mieux’, au panier les arborescences compliquées ! Vous me direz, c’est le but qu’à voulu atteindre Apple, mais vraiment je suis à chaque fois étonné par la conception des logiciels issus des laboratoires de Cupertino. A l’image de MacOS, de toute façon…
En gros c’est très simple donc. Il suffit d’acquérire des images, des séquences QuickTime ou bien des séquences vidéos, de mettre le tout dans une fenêtre de iDVD et de choisir ensuite le thème, les boutons de navigation et la mise en forme en général. Ensuite, "go to burn" sur le lecteur SuperDrive ! On ne peut pas faire plus convivial, effectivement. Apple pousse un peu plus loin en donnant la possibilité de créer ses propres thèmes et de personnaliser son projet assez précisément. Attendons iDVD 2 et nous serons encore surpris, c’est évident.

Les menus de navigation seront disponibles en plusieurs langues suite à vos créations, comme si vous achetiez le DVD vidéo dans le commerce. Cela permettra aux créateurs en herbe, amateurs, ou encore méconnus de donner une nouvelle dimension à leurs oeuvres. Le pied à l’étrier tout seul comme un grand, voilà ce que va permettre entre autre le produit de Cupertino dans un premier temps. Et c’est énorme.
Dans les semaines qui viennent, gageons que de multiples tests seront effectués sur cette application récente, pour vous donner la portée réelle de sa simplicité et de sa puissance malgré tout. Sur le site officiel de la firme, vous aurez déjà un aperçu de ses fonctionnalités et quelques explications techniques de la chose.

Et puis il y a en parallèle, le logiciel DVD Studio Pro, version professionnelle héritière des produits d’Astarte rachetés par Apple. Nous avions le couple iMovies / Final Cut Pro, voici venu le temps d’un nouveau couple à succès : iDVD / DVD Studio Pro ! De quoi faire baisser singulièrement le coût de réalisation d’un DVD !
Dans le pack livré, il y a un logiciel d’encodage MPEG très puissant qui supporte les formats PAL et NTSC. L’import de fichiers vidéos d’applications telles que Adobe Première ou Final cut Pro (pour ne citer qu’eux), est aisé. On peut même créer ses menus sous Photoshop et l’importer en natif sous DVD Studio ! Vous disposerez de 99 pistes pour chaque projet vidéo que vous créerez sous ce logiciel.
L’encodage gagne en terme de temps, et le travail est énorme. D’une norme de x25, on obtient un facteur x2 pour encoder. Pour être bien sûr que vous saisissiez tout ce que cette phrase a de délirant, je la répète : "de x25, on obtient un facteur x2 pour encoder". Optimisation Velocity Engine et processeur G4, of course… La prouesse technique est là, on se doit de la souligner.

Conclusion
Alors bon, comme toujours visiblement il y a un hic avec les révolutions issues de Cupertino. Le gros problème tout de même sur cette révolution DVDs, c’est que le logiciel fabuleux édité par Apple; iDVD, est un produit simple et convivial donc orienté clairement Grand Public. A l’image de la dualité entre iMovies et Final Cut Pro pour les professionnels de la vidéo. iDVD c’est comme iMovies, c’est pour le Grand Public. Seulement ce logiciel n’est pour l’instant disponible que sur une machine : le PowerMacintosh G4 733 MHz, le haut de gamme équipé du lecteur SuperDrive ! Une logiciel Grand Public livré dans une machine Professionnelle, c’est un peu incohérent comme situation, vous ne trouvez pas ? Et puis même si iDVD est disponible rapidement pour tous les Mac, si ces derniers n’embarquent pas le lecteur CD-RW / DVD-R SuperDrive, on fait quoi avec le logiciel ? Verra-t-on apparaître si rapidement des graveurs DVD vidéo FireWire ? Sans doute, d’autant que le prix de cette machine sera de toute façon revue à la baisse dans les prochains mois, car divers acteurs vont investir le marché des DVDs et donc forcément le prix du lecteur SuperDrive de Pioneer va chuter en conséquence*. C’est une logique de démocratisation des produits innovants, une fois passé le cadre réservé aux professionnels et à une catégorie fortunée, le périphérique devient de plus en plus accessible au Grand Public une fois le volume des ventes en constante augmentation.
Cette machine n’est pas pour l’instant une machine orientée vers le marché des "consumers", laissé en pâture à la gamme iMac ou iBook éventuellement. C’est dommage qu’il y ait toujours encore un hic, une fois passée l’émotion fabuleuse que suscite Mr Jobs lors de sa Keynote. Gageons que l’avenir corrigera, comme d’habitude, ces "erreurs" marketing qui viennent assombrir un peu le tableau enjoleur d’une remarquable MacWorld Expo, qui fût très rassurante pour les adeptes de la pomme que nous incarnons.

* le modèle utilisé par Apple est désormais vendu par Pioneer quelques 1400 Euros