L’Europe plombe les résultats d’Apple
Les résultats que vient de publier Apple n’ont pas vraiment rassuré les analystes et les investisseurs : non pas qu’Apple ne soit pas capable de garantir un certain volume de ventes, surtout après avoir renouvelé une grande partie de ses gammes de produits, mais bien plutôt parce que l’immense marché européen est en train de souffrir terriblement de la crise économique actuelle et se met progressivement en “veille” de consommation.
Etrangement, le marché japonais est en plein explosion pour Apple, avec 113% de croissance d’une année sur l’autre, alors même que le pays connait un niveau d’endettement record. Même constat aux Etats-Unis, avec 43% de croissance sur un marché pourtant déjà largement dominé par Apple et où le californien est même devenu le 3eme fabricant d’ordinateur, avec 13% du marché informatique.
Dans la zone Asie Pacifique, le constat est plus mitigé : si la Chine, et Tim Cook l’a bien précisé lors de la keynote, a permis à Apple de croître de plus de 40% d’une année sur l’autre, les autres pays de la zone ont boudé les produits Apple comme jamais, un écroulement des ventes qui aboutit à un + 15% de croissance globale sur l’année, et – 4% en séquentiel.
C’est donc bien essentiellement l’Europe et sa classe moyenne qui n’en est plus vraiment une qui paye le plus lourd tribut à la crise, avec des pays au bord de la banqueroute, des directives européennes qui étranglent les capacités de consommation des ménages et une pression salariale qui s’accroît.
Pour Apple, cela signifie un petit + 8% de croissance annuelle, la plus petite croissance sur le marché européen depuis près de 10 ans.
Alors même que l’Europe était déjà pénalisée par un niveau de salaire médian trop faible et une classe moyenne à des encablures du niveau de vie de celle des Etats-Unis ou même de la Chine (où les qualifications se payent bien, et cher), la crise aura donc fini de révéler les faiblesses du vieux continent, sans classe moyenne réelle permettant de servir de matelas de sécurité aux soubressauts de la pire crise depuis 1929.
C’est aussi la raison pour laquelle nombre d’entreprises de technologies n’ont pas vraiment annoncé d’objectifs précis pour le trimestre en cours. Avec un marché américain en voie de saturation rapide et un marché européen en chute libre, le succès ou le décollage des ventes de nouveaux produits, même en période de fête, reste une grande inconnue.
Dans ce contexte très tendu, Apple possède une carte maitresse, avec sa base installée de centaines de millions d’utilisateurs et un taux de renouvellement exceptionnel de ses produits, ce qui fait que par bien des côtés, Apple peut en quelque sorte fonctionner sur ses propres bases, son propre marché, étant beaucoup moins obligée d’aller chercher les nouveaux utilisateurs pour garantir de gros volumes de ventes.
La situation inverse se présente maintenant à Microsoft, qui part d’une page vierge et doit créer tout un marché, se constituer une base massive d’utilisateurs, autour d’un produit et d’un nouveau système d’exploitation qui n’ont pas totalement convaincu lors de leurs présentations. Autant dire que de telles obligations, au coeur d’une crise sans précédent, sont un challenge de grande ampleur et que les objectifs seront certainement très durs à atteindre.