P2P : Bercy déconnecte à pleins tubes
Une “réunion de concertation” réunissant sous la houlette des Ministres de l’Économie, de l’Industrie et celui de la Culture, des représentants de l’industrie du disque, du cinéma, de l’Internet et, quand-même, des associations d’artistes et de consommateurs doit se tenir aujourd’hui.
S’il s’agit officiellement de “concertation”, de “prévention” et de “promotion de l’offre légale”, la thématique principale n’en reste pas moins “la lutte contre la piraterie”, amalgame qui assimile simples usagers occasionnels, accumulateurs compulsifs et trafiquants et que dénoncent organisations de consommateurs et représentants des artistes interprètes.
Parmi les mesures envisagées, la suspension voire la résiliation de l’abonnement de l’internaute pris la main dans le sac, si celui-ci récidive après un coup de semonce par mail de son Fournisseur d’Accès. Les producteurs tendraient leurs filets sur la Toile, pour ensuite filer dare-dare chez le juge avec le contenu de leur collecte faire avaliser la décision en quelques heures à peine, selon la procédure d’ordonnance sur requête. La mesure serait moins radicale, pour ne pas dire disproportionnée, que la 20aine de plaintes au pénal déposées “au petit bonheur” en juin dernier.
En contrepartie, les producteurs devraient augmenter de 300 à 600 000 le catalogue des œuvres disponibles légalement, une goutte d’eau au regard de l’océan des millions de titres présents sur les réseaux d’échange, et alors que les principaux éditeurs se sont vantés d’avoir numérisé l’intégralité de leur catalogue voici quelques mois déjà.
Si l’on ajoute qu’il n’est fait nulle part mention de la présence d’Apple, Virgin, Sony ou feu OD2 à ladite réunion, il reste peu de chose à objecter à ceux qui trouvent que derrière la volonté affichée du gouvernement de “faire de la lutte contre la piraterie sur Internet une priorité de l’action policière et judiciaire“, se trouve en fait un alignement complet sur les positions des producteurs…