iPod contre… Nintendo DSi !
En lançant son iPod touch 2G, Apple a mis l’accent sur les capacités vidéo-ludiques du baladeur… Mais que valent-elles face à la rolls du secteur, la DSi de Nintendo ?
Cela fait un moment que l’iPod touch est plus qu’un baladeur audio/vidéo. Grâce à OS X Mobile, Apple y a également intégré un navigateur web, des fonctions PDA, une visionneuse photo… et grâce à l’AppStore et au marketing d’Apple, le baladeur à écran tactile commence à gagner ses lettres de noblesse en matière de jeu et de lecteur de livres électroniques !
iTrafik vous propose un dyptique, qui mettra l’iPod touch aux prises avec deux redoutables représentants de ces deux marchés : la DSi de Nintendo et le Kindle d’Amazon. Voyons aujourd’hui comment se comporte le baladeur face à la console portable de Nintendo…
Pour de plus en plus d’éditeurs et d’utilisateurs, l’iPod touch est une console de jeu ! La quantité et, de plus en plus, la qualité des productions proposées sur l’AppStore permettent de croire en l’avenir doré de l’iPod touch sur ce secteur. Mais voyons comment il se comporte face à la Rolls dans ce domaine, la DSi.
Présentation
De prime abord, rien ne permet de distinguer la DSi d’une DS. Mais il suffit de s’en approcher pour immédiatement repérer l’oeil des capteurs photo sur la coque et entre les écrans, l’absence du port GBA, mais l’apparition du port pour carte SD !
Les écrans, dont celui du bas est toujours tactile (mais pas multi-points), sont 0,25 pouce plus grand que sur la DSLite, soit 3,25 pouces. La différence est toutefois minime… La surface de la coque est granuleuse, et le tout laisse une impression un rien « cheap ». On est très loin de la qualité de finition de l’iPod touch, son écran très lumineux sous une plaque de verre ou le choix de ses matériaux.
À l’allumage, la console affiche une interface sensiblement proche de celle de la Wii, ce qui tombe sous le sens. La DSi intègre 256 Mo de stockage interne, qui servira à stocker les photos (voir le chapitre consacré à ce sujet) ainsi que les applications et jeux téléchargés sur le DSiWare. Pendant ce temps, l’écran du haut affichera une photo piochée au hasard dans l’album de la console.—–
Contenu
Histoire de ne pas être trop à la traîne de la mode actuelle, Nintendo a conçu un ersatz d’AppStore, le DSiWare. On y accède très simplement, via une tape sur son icône dans le menu de la console. Et là… Hé bien on patiente ! Le temps d’attente entre les différentes pages se révèle interminable, même le retour à une page précédente réclame un nouveau chargement !
Cette boutique fait plutôt penser à une salle d’attente chez le dentiste (avec musique d’ascenseur à la clé) plutôt qu’aux Galeries Lafayette un soir de Noël : le contenu y est en effet très pauvre. Nintendo y dépose de nouvelles applications au compte-goutte et contrairement à l’AppStore, le catalogue est différent entre les pays… Si le DSiWare nippon est plutôt bien achalandé, l’échoppe française ne propose que des « morceaux » de jeu disponible en cartouche (par exemple, des «cours» de magie) ou de tristes petites productions sans intérêt.
Si seul Opera est gratuit (c’est d’ailleurs la seule application gratuite…), trois autres sections sont disponibles : 200, 500 et 800 points. Chez Nintendo, comme d’ailleurs chez les autres constructeurs de console, on ne raisonne pas en dollars ou en euros, mais en points. Cent points équivalent à un euro, il est possible d’acheter des points directement sur le DSiWare (avec une carte bancaire), ou via des cartes pré-payées disponibles en magasin.
Pour conclure sur le DSiWare, on reste très très loin de la facilité d’utilisation et de l’abondance de l’AppStore. Si du côté d’Apple, les développeurs se plaignent de l’opacité des décisions des équipes chargées de valider ou non leurs applications, chez Nintendo c’est pire encore : seuls quelques éditeurs triés sur le volet peuvent vendre leurs productions, et encore, il faut qu’elles en passent par les fourches caudines de Nintendo. Résultat des courses, cette boutique d’applications n’a guère d’intérêt.
Studio son
Avec la DSi, Nintendo met un orteil dans le monde de la lecture audio, mais vraiment juste un doigt… L’application Studio Son est hélas bien loin de transformer la console en réel baladeur. D’une, il ne saura lire que des fichiers au format AAC. Pas vraiment un problème pour les utilisateurs Mac et de l’iTunes Store (la DSi est compatible avec les fichiers vendus sur le Store), mais le support du MP3 n’aurait pas été de trop…
De plus, l’ergonomie de cette application n’est guère satisfaisante. Pour passer au morceau suivant, il faudra ouvrir la console et sortir le stylet… Certes, c’est un peu la même chose avec l’iPod touch, mais au moins c’est plus discret. Mais visiblement, l’intégration d’un lecteur audio dans sa console ne sert dans l’esprit de Nintendo qu’à jouer avec le son : le Studio permet surtout d’enregistrer et de modifier sa voix ou un morceau, à base d’effets spéciaux (8 bits, radio, instru…), le tout avec des samples (claquettes, tambours, cris d’animaux, etc.) à lancer avec les gâchettes droite et gauche.
Seule petite chose amusante, l’« économiseur d’écran » sur l’écran du haut, qui affiche des petites animations rigolotes comme une séquence de Super Mario (dommage qu’on ne puisse y jouer !), une nuit d’orage, un manège de chevaux de bois…
Inutile de dire que sur ce coup-là, Nintendo est loin d’égaler l’iPod touch, ou même n’importe quel baladeur du marché. Le Studio Son pourra certainement amuser celui qui veut jouer avec sa voix ou une chanson, mais on reste dans le domaine du gadget. —–
Photo
Voici enfin un point sur lequel Nintendo pourrait en remontrer à l’iPod touch : la DSi dispose de deux capteurs photo, un sur la façade avant, l’autre entre les deux écrans.
Ils servent aussi bien à prendre des clichés qu’à interagir avec les jeux compatibles (enfin, pour le moment cette utilisation est très limitée comme on l’a vu précédemment). Malheureusement, une fois de plus Nintendo a donné dans le mesquin : la résolution de ces deux APN est de 300 000 pixels seulement – rappelons que celui de l’iPhone, lui aussi très décrié, culmine à 2 mégapixels !
L’application permet toutefois de s’amuser avec sa tête ou celle de ses amis, par le biais d’effets spéciaux amusants. Elle offre également une fonction panorama très limitée, avec très peu de transitions et surtout l’impossibilité d’utiliser un morceau du Studio Son : bonjour l’intégration !
Étrangement, il ne sera pas possible de déposer plus de 3 000 photos sur une carte SD, même s’il reste de la place de stockage. L’album photo intégré à la console ne pourra de son côté embarquer plus de 410 clichés.
Au final, si l’on peut s’amuser quelques minutes à essayer sur soi ou sur une victime les filtres disponibles, la faible résolution des images et la qualité médiocre des capteurs cantonneront la DSi à sa vocation de console. Ne nous plaignons pas, du côté de l’iPod touch, on ne dispose même pas d’un APN, mais cela pourrait changer lors du renouvellement de gamme.
Internet
Difficile de nier qu’Apple a réalisé de l’excellent travail avec Safari Mobile, même si le navigateur intégré de l’iPod touch et de l’iPhone reste largement perfectible. C’est infiniment mieux qu’avec la DSi où, on est désolé de le dire, la fonction de navigation sur internet n’est pas ce qu’elle fait de mieux.
Ça avait pourtant bien commencé, puisque Nintendo livre une version d’Opera spécifique à sa console, tirant parti de ses deux écrans. Gratuit, le logiciel sera à télécharger sur le DSiWare.
Il est possible de rechercher un terme en utilisant Google ou Yahoo, ou d’entrer simplement une URL. Le clavier virtuel de la DSi est vraiment petit (avis à tous ceux qui se plaignent de celui de l’iPod !), mais il est conçu pour être utilisé avec le stylet. Il y a même un outil de reconnaissance d’écriture, en dessinant la lettre ou le chiffre sur l’écran tactile. Autant le dire tout de suite, cette possibilité sera à oublier très vite, elle fonctionne en effet très mal.
Le navigateur en lui-même dispose de deux modes d’affichage : normal (avec une loupe sur l’écran du haut dont le contenu s’affiche sur celui du bas) ou à la verticale, sans doute le mode le plus rapide… Car si l’on a le malheur de vouloir naviguer sur un site un peu « lourd » (exemple typique : MacPlus.net…), même si l’iPod peine parfois, ce n’est rien face à l’Opera de la DSi qui patine, quand il n’avoue pas tout simplement l’impossibilité d’accéder au site. Il sera possible dans les préférences de choisir d’afficher ou non les images, de quoi accélérer un peu l’exécution des tâches.
En tant que navigateur d’appoint, Opera DSi pourra éventuellement rendre quelques services. Mais là où Safari Mobile offre la «vraie» expérience web, le navigateur proposé par Nintendo ne propose qu’un pâle ersatz, tandis que son ergonomie ne se compare même pas avec ce que peut assurer un iPod.—–
Jouons !
La DSi se pose là question jeux, avec de nombreux hits à son catalogue (Mario Kart, Pokémons, Phoenix Wright, Zelda…), même si les éditeurs et Nintendo soi-même investissent beaucoup de temps à recycler leurs grosses franchises.
La DSi est dépourvue du port GBA, se coupant ainsi de l’énorme catalogue des anciennes consoles de Nintendo, mais également de best-seller comme Guitar Hero et son « accordéon » utilisant ce fameux port. L’objectif de Nintendo est simple : refaire cracher les joueurs au bassinet en vendant les jeux pour GBA les plus emblématiques via le DSiWare. Pour le moment, la boutique d’applications de la console étant très maigre, il s’agit pour Nintendo d’un premier pas vers la dématérialisation des contenus.
Avec le temps, les développeurs ont su tirer parti des capacités techniques limitées de la console, avec de franches réussites comme la version de GTA : Chinatown Wars pour la DSi, à la qualité graphique et scénaristique exceptionnelle.
Malheureusement, le hit de Rockstar s’est transformé en véritable four au niveau des ventes… Les joueurs de la DSi ne seraient-ils intéressés que par les productions « casual », du type Dr Kawashima ou «gym des yeux», qui font le bonheur de Nicole Kidman, mais qu’on peut difficilement qualifier de jeux ?
Du côté d’Apple, on propose un terminal doté d’un écran tactile et multi-points, ainsi que d’un accéléromètre : pas de joypad ni de boutons, mais les éditeurs font preuve d’une incroyable inventivité en ce qui concerne les possibilités d’interactions. Le catalogue de l’AppStore commence à comporter quelques petites perles, comme Need for Speed : Undercover (lire à ce propos notre test : « NFS : à toute vitesse »), et il ne se passe pas une semaine sans qu’un Gameloft ou un Electronic Arts n’annoncent une grosse licence. À cet égard, le firmware 3.0 apportera de nouvelles possibilités, comme les boutiques « in game», qui ouvrent la porte des jeux multi-joueurs dans lesquels l’achat d’items est indispensable pour progresser, ou encore la simplification des connexions entre plusieurs joueurs.
L’AppStore a un autre argument à faire valoir, celui, essentiel, du prix. Là où la majorité des jeux pour iPod et iPhone coûte entre 2 et 3 euros (7,99 euros pour les plus onéreux), la cartouche pour DSi, même d’occasion, revient à une vingtaine d’euros. Un jeu neuf sera tarifé 40 euros… À cette enseigne, on fait vite son compte, surtout en cette période difficile pour le porte-monnaie.
En conclusion
Alors, un iPod touch ou une DSi ? En fait, tout dépend de l’utilisation que vous comptez faire de votre achat. Si l’iPod touch se révèle à peu près bon dans tous les domaines, la DSi est elle excellente en matière de jeu, mais bien médiocre dans les autres secteurs.
De plus, si l’on écarte l’argument du prix des jeux, on ne peut que constater que le catalogue penche -et largement !- du côté de la DSi. Toutefois, on a l’impression que Nintendo fait un peu du surplace et se repose sur des lauriers que d’aucuns pourraient lui soutirer, par exemple Apple.
Dans le secteur du jeu, l’iPod touch reste encore une promesse. Mais ses capacités, encore à explorer, son catalogue prometteur en cours de constitution et le tarif de ses jeux font que le baladeur tactile (ainsi que l’iPhone) se prépare de beaux jours dans le domaine. Sans compter que le jeu n’est pas le seul intérêt de l’appareil…