iPod Touch : tout n’est pas si beau
Une fois habitué à son interface, que reste t-il des capacités Photo et Vidéo de l’iPod Touch ? Thocan, rédacteur -de talent !- pour ArchosLounge, revient sur ces fonctionnalités en les comparant avec le baladeur-phare de la marque française, le 605. D’où il ressort que le Touch a pas mal de lacunes dans ces domaines… Ça fait pas de mal de voir comment l’iPod est perçu chez la concurrence !
Une fois habitué à son interface, que reste t-il des capacités Photo et Vidéo de l’iPod Touch ? Thocan, rédacteur -de talent !- pour ArchosLounge, revient sur ces fonctionnalités en les comparant avec le baladeur-phare de la marque française, le 605. D’où il ressort que le Touch a pas mal de lacunes dans ces domaines… Ça fait pas de mal de voir comment l’iPod est perçu chez la concurrence !
S’il y a bien deux caractéristiques de l’iPod Touch qui ont été vantées par monts et par vaux, ce sont bien son magnifique design et son extraordinaire ergonomie.
Car il faut bien l’avouer, cet appareil procure un véritable moment de plénitude lorsqu’on le manipule pour la première fois, tant la réactivité de son écran tactile et la fluidité de son interface sont impressionnantes… Loin, très loin devant les interfaces concurrentes, Archos 5G en tête.
En revanche, rares sont les tests et articles parus sur les milliers de sites et magazines à travers le monde, qui se sont réellement penchés sur les caractéristiques et performances intrinsèques de l’engin. Tout juste en effet si certains évoquent la ridicule compatibilité vidéo quasi-limitée au simple H.264 ou encore les temps de transferts interminables pour remplir les 16 Go de mémoire flash.
iMike nous avait proposé, en octobre, un premier combat iPod Touch vs. Archos 605. Je vous propose donc de remettre le couvert en approfondissant un peu encore l’analyse et en axant délibéremment ce comparatif sur la question primordiale pour le monde archosien : l’iPod Touch est-il réellement un Portable Multimedia Player, PMP ?
Pour ce faire, je vous propose un focus sur 2 des 3 caractéristiques principales d’un PMP :
– les fonctionnalités photo
– les fonctionnalités vidéo
Avant-propos : l’écran
Face à l’iPod Touch, Archos fait figure, dans le monde des PMP, de leader jusqu’ici incontesté. La dernière génération, avec en première ligne les différentes versions des 605, ne déroge pas à la règle.
Dans cette catégorie, la qualité de l’écran constitue un aspect primordial. Chance, les deux produits, bien que très différents, remplissent globalement parfaitement leur office, chacun avec leurs petits défauts et leurs grandes qualités :
– La taille supérieure du 605 (4,3″ contre 3,5″ pour l’iPod Touch) et sa résolution 2,5 fois plus importante (800×480 contre 480×320) apportent un confort de lecture supérieur au baladeur d’Apple qui ne démérite néanmoins pas puisqu’aucun pixel disgracieux ne vient ternir le visionnage.
– L’iPod Touch offre un écran brillant, très réfléchissant et à l’aspect luxueux, tandis que le 605 propose un écran mat et légèrement granuleux. Il lui est cependant possible de se rapprocher du rendu de l’iPod Touch grâce à l’acquisition d’un écran protecteur (tels que ceux de DuraSec ou d’Exim) qui, non content de protéger l’écran du baladeur, permet également d’atténuer intégralement l’effet granuleux et d’apporter un rendu brillant fort appréciable…
– Alors que le produit d’Apple reste parfaitement lisible en plein soleil, celui d’Archos en revanche est bien plus sensible et la lecture devient moins confortable dès que les rayons solaires se font trop intenses…
– Les iPod étaient déjà célèbres pour les traces de doigt sur le dos de leurs coques. Le Touch acquiert encore une dimension supplémentaire en devenant une source inépuisable d’empreintes digitales pour les enquêtes de Gil Grissom… Il faut cependant reconnaître que l’excellente qualité et la luminosité de l’écran font que ces traces disgracieuses savent se faire discrètes une fois le baladeur allumé. Le 605, de son côté, a su rester raisonnable et les fréquences de nettoyage sont bien plus acceptables.
Ce préambule étant désormais effectué, passons aux choses sérieuses…
Gestion des images
Archos a introduit avec ses 605, une gestion des images particulièrement intuitive : défilement des photos avec le doigt, tel un simple livre d’image ou encore zoom sur l’image par un simple appui prolongé sur la zone à agrandir.
Apple, avec son iPod Touch, apporte une fluidité supplémentaire : contrairement aux baladeurs Archos, le mouvement horizontal du doigt sur l’image ne déclenche pas un simple script pour passer à l’image suivante (tel un diaporama), mais c’est bien l’image elle-même qui suit le mouvement du doigt, faisant ainsi apparaitre l’image suivante progressivement. L’effet est beau et fluide. En un mot : saisissant. Comme sur cette vidéo :
Mais comment donc Apple réussit-il ce tour de force ? La réponse est multiple :
L’optimisation des images à déplacer
Lorsque l’utilisateur de l’iPod Touch amorce un glissement horizontal de son doigt sur l’écran, l’image suivante apparait d’abord en version basse résolution, permettant ainsi de conserver la fluidité du mouvement, quelque soit la résolution initiale de l’image. Les plus attentifs remarqueront ainsi que les images deviennent sensiblement floue, lorsqu’on les regarde attentivement durant leur premier déplacement. Une fois la première transition effectuée et la nouvelle photo cadrée, elle repasse automatiquement en version ‘originale’ pour y rester ensuite tant que l’utilisateur ne ressort pas du menu photo et même si celui-ci réeffectue des allers/retours sur cette image.
Cette optimisation est tout simplement idéale : quasi imperceptible, elle ne gène en rien l’utilisateur et permet un agrément supérieur à ce que propose Archos. Le résultat est donc parfait.
L’optimisation des images d’origine
Autre tour de force de la part d’Apple : la fonction de zoom et de translation de l’image zoomée, sensiblement plus fluide que sur Archos 605. Ici encore, Apple a optimisé l’affichage de l’image… Mais cette fois-ci pour le plus grand malheur de l’utilisateur !
Je m’explique :
– Prenons une image de 10Mo (dans le cas présent : une vue satellite de la France, de la Suisse et de l’Italie)
– Transférons-là sur un Archos 605 : les 10 Mo sont copiés et intégralement affichés. En conséquence, plus l’image est lourde, plus le baladeur met de temps pour la calculer et gérer zoom et translations…
– Transférons-là sur un iPod Touch : l’image est automatiquement recompressée par iTunes pour aboutir à une image de… 1,64 Mo. Rêvons un peu et imaginons qu’Apple ait développé LE format photo le plus performant au monde, permettant de diviser la taille d’un JPG par 6 sans perte de données…
Le résultat est malheureusement sans appel : l’image est tout simplement saccagée !
Les niveaux de détails de l’image affichés par un Archos 605 et par un iPod Touch se souffrent aucune comparaison… Là où Archos conserve intégralement la qualité de l’image originelle, Apple ne propose (via iTunes) de transférer qu’une pâle copie de cette même image… Et cela s’en ressent même sans avoir besoin de zoomer : un léger grain apparait sur l’image affichée, particulièrement visible dans les zones de couleur unie. Ce phénomène reste totalement inexistant sur l’Archos 605.
En conséquence, si cette opération n’est que mineure pour les images de moyenne résolution (téléphones portables, par exemple), elle se révèle désastreuse pour les photographes amateurs et professionnels ! Voici une petite vidéo qui résume le propos :
Un basculement original
Une des fonctionnalités mises en avant par Apple, lors de ses grands shows médiatiques, consiste à permettre à l’utilisateur de basculer l’image du mode portrait vers le mode paysage (et inversement) par une simple bascule du baladeur lui-même. Original, fluide et esthétique. En pratique, le résultat est globalement convaincant, même si trois inconvénients apparaissent à l’usage :
– Un léger retard se fait souvent sentir lors du baculement
– Le procédé fonctionne uniquement lorsque le baladeur est en position verticale ou semi-verticale. Si vous le posez à plat sur une table, vous devrez alors le repositionner verticalement le temps du basculement…
– Corolaire du point précédent, il est impossible de basculer l’image via le menu ou par un mouvement du toucher tactile.
De son côté, Archos propose pour son 605 un fonctionnement uniquement tactile : un glisser haut pour tourner l’image dans le sens des aiguilles d’une montre, vers le bas pour le sens inverse. Si cette technique est clairement moins tape-à-l’oeil, elle n’en reste pas moins agréable à l’usage. A noter qu’un menu spécifique permet d’effectuer les mêmes opérations par une méthode plus conventionnelle.
Au final, les deux produits proposent globalement la même ergonomie puisque le 605 affiche automatiquement les images dans leur plus grande longueur : à l’horizontal pour les images en format paysage, à la verticale pour les images en format portrait. En conséquence, que ce soit pour l’iPod Touch ou le 605, l’utilisateur devra tourner le baladeur pour voir les images sous leur meilleur portrait…
Un diaporama basique, mais classieux
L’iPod Touch propose un diaporama doté de 5 types de transitions distinctes. Deux d’entre elles méritent un émoi particulier tant leur effet est bien rendu (vague et cube). En face, le 605 en propose trois de plus, mais l’impact visuel reste en retrait par rapport aux deux effets précédents. En revanche, contrairement au Touch, il est possible de définir un mode aléatoire.
Une synchronisation pour le moins fastidieuse…
Notons également que ces diverses optimisations obligent iTunes à réencoder chaque image de votre bibliothèque dans un sous-répertoire de cette même bibliothèque…
Prenons l’exemple de ma galerie de 1 Go de photos de vacances : soit 57 dossiers, contenant en tout 2182 images.
– Je lance iTunes et déclare ma galerie comme bibliothèque à synchroniser
– Le réencodage s’effectue automatiquement ; sur mon humble PC vieux de 4 ans, cette opération s’éternise pendant plus de 23 minutes…
– Puis la synchronisation se lance automatiquement : 8’16 minutes d’attente supplémentaire…
Bilan des opérations :
– Ma bibliothèque a désormais doublé en nombre de sous-répertoires et de fichiers, pour atteindre désormais 2,35 Go d’images. Ce qui permet au passage de remarquer que le processus de réencodage d’iTunes génère, à résolution identique, des images moins compressées que le JPG…
– Plus de 30 minutes d’opérations diverses pour installer ces images sur l’iPod Touch. En comparaison, la copie de ce même 1 Go d’images met à peine 4 minutes sur un 605S (à disque dur) et 13’40 minutes sur un 605F (à mémoire flash)…
On notera cependant que, pour les photos, le taux de transfert affiché par l’iPod Touch est convainquant : 2,72 Mo/s contre un très moyen 1,22 Mo/s pour le 605F… Le 605S est quant à lui loin devant (4,16 Mo/s).
Liste des images
Je me devais également d’évoquer la fantastique fluidité et réactivité du déroulement des listes de photos, qui reprend le même système que pour les autres menus : par un simple glissement vertical du doigt, la liste défile avec un effet d’inertie particulièrement chatoyant. Encore une fois, donc, le talent d’Apple joue à plein.
Malheureusement, ce plaisir visuel ne constitue pas vraiment un atout ergonomique. Qui n’a jamais mouliné du doigt pendant 20 secondes pour venir à bout de sa liste de 2 000 musiques stockée sur son iPod Classic ou nano ? Aussi performant que soit ce système, il résiste mal aux classements fourre-tout…
Cet inconvénient de la sacro-sainte molette reste tout aussi valable pour le système tactile de l’iPod Touch : pour venir à bout de mes 2 000 images, un grand talent de ‘glissage intensif du doigt sur écran’ est nécessaire ! Amusant 5 secondes, il devient rapidement lassant quand on doit répéter le même geste pendant plusieurs dizaines de secondes…
Alors egonomique ce système de déroulement ? Pas vraiment, non. Tout comme la molette des anciennes générations, il n’est finalement appréciable que pour le ‘fun’ qu’il procure. Et c’est bien, au final, ce que retient la plupart des clients !
Gestion des images : la synthèse
Au final, on peut donc fortement se demander si ce gain relatif d’ergonomie compense suffisamment les nombreux désagréments…
L’iPod Touch semble en effet idéal pour un nombre restreint d’images de faible résolution, mais devient fortement pénible pour une utilisation intensive d’images de qualité. Photographes amateurs ou professionnels : passez votre chemin…
Gestion des vidéos
Après cette longue – et je l’espère intéressante – revue de la gestion des photos, intéressons-nous désormais aux vidéos.
Que ce soit pour visionner des films, des séries, des émissions ou des podcasts, un véritable baladeur multimédia se doit d’être le plus ouvert possible afin d’éviter à l’utilisateur la fastidieuse étape de réencodage qui, si elle ne nécessite que quelques minutes pour la musique, prend rapidement plusieurs heures pour la vidéo…
Si Archos propose une vaste palette de compatibilités, en partie par sa politique de plug-ins payants (Cinema et Podcast), Apple poursuit celle entamée avec les précédents iPod, à savoir une restriction pure et simple à son format de prédilection, à savoir l’H.264, assorti en plus du MPEG-4.
Exit les formats les plus populaires du Web que sont les Divx et Xvid. Exit également les extractions de DVD (VOB) qui permettent une qualité optimale… Transposé dans le monde de la musique, cela reviendrait à ne pas accepter les MP3 !
Au final, l’expérience est amère : voilà les deux messages que vous risquez de lire très souvent :
Soyons clairs : hormis les podcasts, n’espérez pas visionner un film sur votre iPod sans devoir passer par la phase de réencodage. D’ailleurs, Apple ne s’y est pas trompé : le menu vidéo se nomme, à juste titre “Clips vidéo”… Au moins, le message est clair !
Dans mon cas personnel, l’ensemble de ma bibliothèque vidéo a été refusé ! Il a fallu que je récupère les podcasts HD de notre confrère iTrafik, pour réussir enfin à visionner une vidéo…
Au final, ces contraintes sont tout simplement inacceptables pour un PMP. Et, contrairement à la gestion des images, l’iPod ne peut se targuer cette fois-ci d’effets enjoleurs : seul un double “tap” permet de passer du mode plein écran ou mode “image d’origine”. Fonction présente depuis longtemps sur les baladeurs d’Archos…
Conclusion
Si le maniement d’un iPod Touch est une réelle expérience en soi, son achat pour une utilisation multimedia est à relativiser. Moins sur la gestion des images, fortement limitée mais néanmoins très agréable, que sur la gestion des vidéos qui frôle le ridicule.
Reste les fonctions audio et internet que je n’ai pas abordé au sein de ce dossier. Peut-être un jour dans un prochain article… 😉
Au final, ce produit montre bien qu’Apple n’a pas souhaité rentrer de plain-pied dans le monde du PMP. A moins qu’ils envisagent d’imposer à terme le codec H.264 comme format par défaut dans tous les ordinateurs… Le pire, c’est qu’avec leur puissance marketing, ils seraient capables de réussir !
- alaune