Utilisateur-déboggueur
D’aucuns ont élevé la voix lorsqu’Apple a mis en vente la version bêta de son nouveau système d’exploitation Mac OS X, argant que ce n’était pas à l’utilisateur de débogguer les applications de Cupertino. Que vont-ils dire maintenant que Microsoft elle-même en appele à ses utilisateurs – c’est-à-dire des acheteurs de version finales– pour l’aider à traquer l’insecte malfaisant ! En effet, et comme ça ne s’invente pas c’est sous la plume même de Steve Ballmer qu’ont été écrits ces mots, je cite, c’est beau : « Admettons une triste vérité, aujourd’hui, même un logiciel relativement simple a des millions de lignes de code qui sont autant d’endroits où des bugs peuvent se cacher », expliquant par là comment il se fait que les utilisateurs de Windows rencontrent encore des bogues « malgré les tests rigoureux et intensifs et les beta-tests que nous faisons ». Et de poursuivre : « Avec Windows 2000 et Windows XP, nous avons substantiellement amélioré la stabilité et l’efficacité de notre plateforme, et nous avons éliminé de nombreux trous, mais nous n’avons pas trouvé tous les bugs présents dans ces produits. Nous n’avons pas même trouvé tous les conflits logiciels qui peuvent entraîner le gel d’applications ou les empêcher de s’exécuter correctement ». Si ça n’est pas un mea culpa en bonne et due forme… !
La revue The Inquirer revient fort justement sur le petit mot employé, là-haut : “aujourd’hui”. Ainsi à l’époque où il ne s’agissait pour Microsoft que d’occuper le plus de parts de marché possible, la nécessité première était de sortir des produits innovants, rapidement. En conséquence les développeurs étaient priés de ne pas se soucier outre mesure d’éventuels bugs, les utilisateurs étaient de toute façon tellement habitués à devoir redémarrer leur machine plusieurs fois par jour qu’il leur restait assez d’humour pour baptiser l’effet l’Écran Bleu de la Mort (Blue Screen of Death). A l’époque, souligne le journaliste, un bogue était simplement quelque chose qui plantait violemment la machine. Aujourd’hui c’est autre chose, avant tout c’est un trou de sécurité qui expose votre travail aux caprices d’un pirate mal intentionné. Et l’implication n’est pas la même, loin de là ! D’autant que vous ne serez au courant de ces failles qu’à partir du moment où Microsoft vous les aura signalées ! L’argument commercial selon lequel les clients de Microsoft paient cher pour que l’entreprise puisse investir ensuite dans la prochaine génération de logiciels ne tient plus, il lui faut désormais aussi des améliorations de l’existant. Ainsi donc Microsoft ne se décide officiellement qu’aujourd’hui à reconnaître les problèmes que tous dénoncent, notamment sur Internet, depuis quelques années déjà. Maintenant que le simple fait de fournir un logiciel présentant de grosses failles de sécurité peut tomber sous le coup de la Loi (alors qu’un logiciel qui plante, ça arrive…), Redmond souhaite engager un dialogue avec ses clients, sur l’air du “aide-moi camarade, ensemble construisons un logiciel meilleur”. L’un des lecteurs de l’Inquirer se dit « fatigué des problèmes de sécurité de Microsoft et des coûts qu’ils engendrent », et songe sérieusement à migrer ailleurs. Quant à nous c’est fait depuis longtemps.
– http://www.theinquirer.net/