HP débusque le memristor
Après la mémoire de l’eau, celle du silicium ? Il ne sera en tous cas sans doute bientôt plus pertinent de se lamenter que nos souvenirs sont bâtis sur du sable…
Les chercheurs des Laboratoires HP Labs ont en effet accompli un bond spectaculaire dans la nano-électronique, en mettant expérimentalement en évidence un 4e composant électronique élémentaire capable de conserver de l’information en dehors de toute alimentation électrique.
Baptisé “memristor”, pour memory resistor, son existence avait été déduite de façon théorique voici 37 ans par Leon Chua un chercheur de Berkeley, à partir de celle des 3 autres éléments possibles d’un circuit électronique passif : résistances, condensateurs et inducteurs. Dans un article publié dans la livraison de Nature de ce mois de mai, Stan Williams le patron de l’Information and Quantum Systems Lab et Dmitri Strukov, Gregory Snider et Duncan Stewart ont décrit le modèle physique d’un memristor et expliquent comment ils ont construit des “validateurs” possédant toutes les caractéristiques nécessaires à la validation expérimentale de la découverte. Celle-ci relève de la prouesse : Williams a une formation de chimie physique, Strukov de physique théorique, Snider d’architecture informatique et Stewart de physique expérimentale.
Même si les premiers papiers sur le net se sont un peu emballés en reprenant les termes du communiqué de presse – la découverte pourrait un jour conduire à des systèmes de reconnaissance de formes complexes, à la manière dont la combinatoire produite par les aires visuelles permet au cerveau des primates supérieurs de reconnaître des visages – celle-ci n’en représente pas moins une avancée considérable, dans la mesure où les circuits intégrés utilisant ce nouveau type d’élément nécessiteraient beaucoup moins d’énergie électrique que les systèmes actuels, par exemple en redémarrant instantanément sur la configuration identique à celle présente à l’extinction, sans pour autant nécessiter d’énergie au redémarrage comme c’est le cas pour un disque dur magnétique, ou même un disque SSD.
Reste à savoir maintenant si les fabricants de puces vont se lancer dans les investissements nécessaires à l’utilisation industrielle de la découverte, puis à la production de masse. Est-ce un hasard du calendrier ? C’est précisément aujourd’hui qu’HP tenait une conférence de presse à propos du stockage, avec la présentation de la HP StorageWorksd 9100 destinée au stockage en ligne et au business des données numériques au sens large, sur des quantités de données portant sur plusieurs pétabytes…
– Le communiqué de presse d’HP
– Demystifying the memristor
– L’article de Nature
