Video : Apple roi sur sa colline
En présentant la dernière suite Final Cut Studio, mais aussi un logiciel serveur et un nouveau format de fichier pro, Apple montre qu’elle entend garder un coup d’avance…
“C’est tout ?” diront probablement les aficionados de Cupertino : le rendez-vous annuel de la National Association of Broadcasters américaine a servi en effet de décor à plusieurs reprises à la présentation de machines taillées sur-mesures pour les nouveaux besoins de la profession, de plus en plus souvent amenée à projeter des moyens de post-production sur les lieux même des tournages. C’est ainsi que la convention de Las Vegas avait vu Apple dévoiler depuis 2004 quelques-unes des principales itérations de ses solutions logicielles ou de sa gamme nomade professionnelle.
Et si l’an passé La Pomme s’était contentée de mettre à niveau au format Universal Binary sa suite Final Cut Studio avec l’ensemble de ses applications “pro”, et de présenter le lundi la version 17 pouces du MacBook Pro Core Duo, on aurait tort d’y voir uniquement un retard dû à la transition vers la plate-forme Intel : la déception provoquée par la version 1.0 d’Aperture avait en effet obligé Apple à mobiliser ses équipes des produits vidéo sur la version 1.1 mise à disposition fin mars, avant d’embrayer sur le chantier de la version 4 de Shake, annoncé au NAB et finalement livré en juin…
Dans ces conditions, la présentation qui a eu lieu dimanche, quelques heures avant le début de la manifestation elle-même (voir la retransmission de la Keynote) visait très clairement à rappeler – avant tout à ses compétiteurs – qui était le patron sur le secteur cinématographique et accessoirement qu’Apple entendait bien le rester, en même temps qu’une déclaration d’intention sur le marché connexe, celui du montage TV, où Avid est elle nettement en position de force. L’édition 2007 a ainsi été l’occasion pour Adobe et Microsoft d’annoncer leurs ambitions sur le secteur :
• le premier avec Adobe Media Player, un client vidéo internet basé sur la technologie Flash et capable de lire des contenus au besoin payants en ligne et hors-ligne, en même temps que des versions d’évaluation de ses solutions professionnelles, Adobe Premiere Pro CS3, Adobe After Effects CS3 Professional et Adobe Soundbooth CS3, désormais également disponibles sur la plate-forme Macintosh ;
• le second avec SilverLight, une nouvelle extension destinée avant tout à promouvoir les technologies-maison, mais également un nouvel encodeur vidéo, une solution de gestion de ressources vidéo sur serveur, mais également en “poussant” la plate-forme de TV sur IP de Redmond baptisée Microsoft TV IPTV Edition, le tout étant bien entendu conçu pour pousser à l’adoption du Framework .NET et de Microsoft Office SharePoint Server et de l’écosystème Microsoft tout entier…
Bref, on l’aura compris : le grand mot d’écosystème et de contenu payant étant lâché, il s’agit avant tout de faire saliver les professionnels du secteur avec la monétisation de leurs contenus sur la Toile. Or on aurait tort de prendre de telles tentatives à la légère : si Apple fait aujourd’hui figure de poids-lourd du secteur avec les 800 000 utilisateurs de Final Cut Pro, c’est avant tout parce qu’elle a su proposer et faire adopter par les professionnels des standards industriels innovants, d’abord avec QuickTime, puis avec le FireWire.
Dans ces conditions, l’important n’est pas un effet immédiat et mécanique des annonces de dimanche sur les ventes du secteur “pro” d’Apple qui reste encore à démontrer. Gene Munster l’analyste de PiperJaffray note d’ailleurs à juste raison que le simple rafraîchissement de la Final Cut Suite tel qu’il est intervenu ne saurait gère avoir d’effet notable à ce niveau, Final Cut Pro fut-il optimisé pour les MacPro dotés de 8 noyaux…
Plus important, c’est l’introduction du format HD non compressé ProRes 422 en tant que nouveau standard qui a véritablement valeur de test. On notera d’ailleurs avec amusement que le boîtier d’encodage qui l’accompagne n’est pas sans rappeler les schémas du fameux projet Asteroid qui avaient circulé sur le net, et qui avait valu au services juridiques d’Apple quelques déboires dans le bras de fer qui avait été engagé en 2004 avec les sites de rumeurs PowerPage et AppleInsider. Baptisé IO-HD et disponible en juillet, le boîtier développé en collaboration avec AJA aura pour fonction d’encoder et de convertir à la volée le nouveau format, sans pour autant avoir besoin d’un véritable station de travail puisqu’un MacBook Pro suffira à le faire fonctionner.
Avec Final Cut Server, c’est un système complet de gestion des ressources et d’automatisation des flux de production pour le secteur de la post-production et de l’audiovisuel qu’Apple est en train de mettre en place pour des groupes de travail, quel que soit le poste-client. Comme Munster le relève également, il s’agit d’un pas supplémentaire pour Final Cut vers la capacité de gérer des projets beaucoup plus ambitieux, que la profession réclame à cors et à cris, et dont les sites de rumeurs font état depuis un peu plus de 2 ans. Ce Final Cut Extreme sera-t-il entièrement développé en interne, ou bénéficiera-t-il d’apports extérieurs?
ThinkSecret rapporte en effet que Final Cut Server serait essentiellement le fruit du portage de la technologie Artbox de gestion de ressources vidéo et de groupes de travail acquis voici tout juste 1 an avec l’éditeur Proximity; tandis que Color le nouveau-venu dans la suite serait lui issu de Final Touch, tombé dans son escarcelle avec le rachat de Silicon Color le 16 novembre dernier. Apple ne s’interdit donc aucun moyen lorsqu’elle a décidé d’aller vite : la prochaine World Wide Developers Conférence où devraient être dévoilées les désormais fameuses “secret features” d’OS X 10.5 Leopard devrait être pleine de surprises, en particulier au niveau de la version Server dont on a finalement très peu parlé…
– AppleInsider
– ThinkSecret
– MacRumors
– MacNN
– Final Cut Server sur le site d’Apple
– Final Cut Studio sur le site d’Apple