pdf : Adobe met les points sur les i
On savait les relations entre Microsoft et Adobe marquée par une certaine dose de méfiance, dans un contexte de rivalité stratégique entre les 2 sociétés.
Les négociations entre l’HyperMonopole et le géant du logiciel créatif ont pris un tour particulier, lorsque Microsoft s’est mise à laisser filtrer des informations faisant état de l’intégration du PDF au sein de la suite Office 2007, dans des fonctions d’export que les utilisateurs de Mac OS X connaissent bien. Et pour cause : c’est sur le format PDF que repose Quartz, le moteur d’affichage de l’OS d’Apple (voir la chronique du 9 mai). Redmond a bien pu tenter de manier la carotte et le gourdin en sortant de son chapeau un standard propriétaire-maison baptisé XPS pour tenter de faire pression, ou proposer à Adobe le téléchargement d’un plug in, rien n’y a fait. A San Jose on a même dû se fendre d’un communiqué pour démentir la rumeur d’une décision prise d’engager des poursuites contre Microsoft, comme avait cru pouvoir publier le Wall Street Journal et que MacPlus avait également relayée.
Selon les termes de ce communiqué que nous avons reçu nous aussi, ce sont des préoccupations bien précises quant à la possibilité de voir Microsoft, en y ajoutant petit à petit des éléments de son cru sous couvert d’innovation, faire main basse sur un standard ouvert déjà intégré à un certain nombre de normes ISO. Même si le communiqué est publié dans un contexte de négociations tendues, on peut faire crédit à Adobe que ce genre de phagocytage des standards ouverts est devenue au fil du temps plus ou moins une marque de fabrique de Microsoft : bien naïf serait celui qui jurerait que Microsoft n’a pas derrière la tête l’idée de refaire avec le PDF le mauvais coup pratiquement réussi au tournant des années 2000 avec le Web et le HTML. L’Ogre de Redmond a en effet flairé la bonne affaire, et lorgne avec appétit sur le gâteau encore au four de la dématérialisation de l’édition, et auprès de laquelle celle de la musique apparaît comme une mignardise… qui lui est d’ailleurs très largement passée sous le nez :langue
Dans ces conditions, la rumeur de poursuites engagées par le Petit Poucet capitalistique à l’encontre de Microsoft avait tout du mauvais tour, ou de la savonnette. Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que ce soit le Wall Street Journal qu’une bonne âme ait fort opportunément rencardé, ce genre de bras de fer judiciaire étant très mal perçu par les boursiers de part les importantes provisions sur les comptes qu’elles entraînent… a fortiori lorsqu’il est engagé contre un géant à la trésorerie quasi inépuisable comme celle de Redmond, qui ne s’est jamais fait faute d’ailleurs d’en user et d’en abuser.
A ce jour, aucune décision d’ester en justice n’a encore été prise chez Adobe. Dont acte. :smile