Apple : “Parce que nous étions prêts !”
La présentation des Mac autour des Core Duo d’Intel a pris tout le monde de court le 10 janvier dernier. MacPlus revient sur les annonces avec Jonathan Hadida.
Si vous vous aventurez à glisser à Jonathan Hadida que les nouveaux iMacs Core Duo s’apparentent à des machines de transition, il vous regardera probablement comme si vous aviez brusquement perdu tout contact avec la réalité. Il faut dire que la fiche-produit de la nouvelle itération de l’ordinateur personnel, tel qu’on le conçoit à Cupertino depuis le retour de Jobs, a tout pour en faire le parangon des ordinateurs personnels naguère qualifiés de “Multimédia” : puissant, d’une simplicité d’utilisation enfantine, d’une esthétique en rupture et… sans fil.
Les processeurs Core Duo à 1,83 et 2 GHz avec un bus système à 667 MHz, la dernière carte graphique ATI Radeon X1600 avec 128 Mo de mémoire GDDR3, la mémoire vive SDRAM DDR2 à 667 MHz ; si l’on ajoute à ceci l’architecture PCI-Express ou le SuperDrive double couche déjà présent sur le précédent modèle G5 lancé en octobre dernier en font l’un des machines grand public les plus richement dotées de l’histoire de l’iMac en matière de technologies dernier cri.
Une seule constante : le changement
Sur le plan matériel, le petit dernier de la lignée n’a ainsi rien a envier aux modèles présentés par la concurrence : l’adoption des puces Intel permet désormais des comparaisons plus serrées des configurations présentées par les uns et les autres. C’est au niveau de l’ingéniosité de l’intégration des différents composants, du design et bien entendu du volet logiciel que vont se jouer les différences entre les uns et les autres… mais aussi du prix.
Or c’est précisément sur ces terrains qu’Apple entend situer la compétition, assez habilement d’ailleurs : paradoxalement, Front Row et l’iSight intégrés à la fois dans la machine et le logiciel étaient déjà dans la 2e révision de l’iMac G5 présentée voici quelques semaines (voir la dépêche du 12 octobre). Une manière pour le constructeur californien de pouvoir affirmer que rien n’a fondamentalement changé avec le switch vers Intel…
“ malgré le changement de processeur, qui d’ailleurs apporte dans ces machines un gain de performances très appréciable, nous continuons sur la même voie : nous améliorons nos applications phares, en lançons d’autres, cherchons toujours de nouvelles manières de satisfaire et de surprendre les gens“. L’accueil du public est d’ailleurs au rendez-vous, et Jonathan Hadida ne boude pas son plaisir en soulignant que les développeurs ont eux aussi entrepris d’adopter le nouveau format :
“Le portage se passe très bien ; tous les jours plusieurs applications Universelles apparaissent sur le web ; elles sont en partie recensées ici-> http://www.versiontracker.com/macintel/]. Comme nous avons donné les outils de développement il y a presque un an, les développeurs ont eu le temps d’y travailler“. Quant aux poids lourds que sont Quark, Adobe ou Microsoft, ils ont eux aussi annoncé leur migration [(voir en particulier l’interview de Scott Erickson, de la MacBU).
Car si l’on se garde bien de toute allusion au calendrier de développement quelque peu souffreteux de Microsoft et de son prochain OS Vista, le contraste de la réussite de l’éternel petit poucet de la micro-informatique – au regard des difficultés de l’ogre de Redmond à produire quoi que ce soit d’innovant au chapitre des systèmes d’exploitation – est patent. Signe de temps, c’est du Consumer Electronic Show de Las Vegas où Microsoft présentait – enfin – une version intermédiaire de Vista que sont venues les critiques les plus acerbes à l’égard du manque d’imagination du 1er l’OS client signé par Microsoft depuis octobre 2001…
Pas question de dire que le roi est nu donc, et Jonathan Hadida se contente de souligner – lorsqu’on lui fait remarquer que ces premiers Macs Intel sont là plus tôt que prévu – qu’Apple était prête, en avance, et qu’on voulait offrir, le plus tôt possible, l’accès à la toute dernière technologie en ce qui concerne les processeurs ; et comme iLife 06 et iWork 06 étaient prêts également, il ne manquait aucune pièce pour le grand public…
Il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre de soucis sont apparus ici et là avec les premiers exemplaires, en particulier au niveau de la video. Comme à chaque nouveau modèle, on se donne pour le coup le temps d’en savoir davantage avant de réagir, et officiellement on n’a rien constaté en ce qui concerne le visionnage, ou même l’encodage video… avec QuickTime.
Pour autant, on ne minimise pas les problèmes, ou du moins on prend en compte certains points soulevés lors des premières évaluations : si Rosetta – le traducteur pour les applications écrites en PowerPC et qui permet pour l’instant de faire tourner ces dernières sur les machines Intel – semble ralentir davantage le fonctionnement que l’optimisme des annonces officielles ne pouvait le laisser penser, c’est que celle-ci a besoin d'”apprentissage” pour fonctionner au mieux… et surtout d’un minimum d’1 Go de RAM pour commencer de travailler vraiment à l’aise, quand la configuration standard ne prévoit toujours que 512 Mo… Il est ainsi des choses qui évoluent plus lentement que d’autres à Cupertino :langue
Quant aux applications professionnelles Apple, on l’a dit, les versions Universal Binary, compilées pour l’un et l’autre des 2 processeurs de la gamme et capables de fonctionner sur chacune d’entre elles, elles seront
disponibles le 31 mars. Les propriétaires de Final Cut Studio et Logic Po 7 pourront acquérir des disques de mise à jour pour 49€, et ceux de Logic Express pour 29 €. La mise à niveau d’Aperture se fera elle en ligne via le panneau des mises à jour logicielles, Apple ayant finalement renoncé à la facturer sur un applicatif lancé voici à peine 3 mois, et dont les défauts de jeunesse avaient motivé une bronca de ses premiers clients.
Autre sujet d’interrogation, le caractère transitoire ou définitif de l’abandon du protocole IEEE 1394b FireWire 800 : aucune information n’est disponible pour l’instant, même si la solution sur MacBook Pro pourrait prendre la forme d’une carte ExpressCard FireWire 800.
Continuer à innover
C’est en substance le mot d’ordre qui semble prévaloir chez Apple France aussi, et il semble bien que le surcroît de puissance apporté par les puces Intel – même si dans leur utilisation quotidienne les résultats ne sont pas identiques à ceux des bancs d’essais – motive également sinon un supplément d’âme du moins un regain d’énergie chez les équipes de la Pomme : l’intérêt du public est là, l’envie de sortir qui le chéquier, qui la carte bleue aussi, et les suites iLife et iWork elles-aussi se sont vues re-muscler. Le très attendu portable sur-vitaminé à 2 noyaux ne va plus tarder à être disponible à présent : le printemps dira si les ventes en ont elles-aussi profité pour continuer à gagner en tonus… en attendant d’autres surprises promises par Steve Jobs d’ici là…