Le Monde lâche son caractère
Le studio écossais Palmer Watson vient de refaire Le Monde – peu de temps après la pseudo-révolution de la nouvelle coupe du Figaro – et en remplacement de la formule actuelle qui a tenu dix ans dans les kiosques.
Les chefs du studio graphique, Ally Palmer et Terry Watson décrivent la démarche du design éditorial qui a mené à cette nouvelle formule, en collaboration avec un groupe de journalistes du quotidien du soir, dans une interview recueillie par Sylvie Kauffmann (dont le PDF est téléchargeable). Un savant équilibre pour mettre en adéquation la typographie, le design, la maquette et l’utilisation de l’image.
Où l’on s’aperçoit aussi que le choix du nombre de colonnes et la cohabitation entre l’information et la publicité ont un rôle prépondérant (on prête à Théophraste Renaudot, à la fin du XVIIe siècle, déjà, d’avoir introduit et quantifié l’usage de la publicité dans le but de diminuer les coûts de production de son quotidien La Gazette).
Les directeurs artistiques nous apprennent aussi avoir fait appel au britannique Matthew Carter, une sommité du designer typographique (directeur associé du Type Directors Club, cofondateur de la fonderie Bitstream, créateur pour Microsoft typographie du Verdana et du Georgia…). Il a élaboré une version de son caractère Rocky pour les titres. Le même a signé le dessin du Fenway pour le texte courant (en remplacement des fontes de Jean-François Porchez, qu’il avait amoureusement baptisée Le Monde Journal). La police Benton fait aussi son apparition.
Nouvelle coqueluche du design de presse, l’agence Palmer Watson accumule les trophées pour ses réalisations – Prix d’excellence du European Newspaper Awards pour le design typo de The European fondé par feu Robert Maxwell… – sans pour autant s’être privée de mettre la patte sur des titres beaucoup moins reluisants que celui du Monde…
A découvrir à l’usage des yeux en tout cas, en attendant un nouveau Libération, paraît-il pour l’année prochaine.